Propulsé par le puissant Yamaha F225, l'Asso 75 de notre test, destiné à un club de plongée, nous a conquis par sa capacité à passer dans une mer formée à plus de trente nœuds, avec une sécurité absolue. Et ce n'est pas la seule de ses qualités...
Texte et photos : Jacques Anglès
Un semi-rigide, on peut raisonnablement attendre d'un 7,50 m une tenue de mer permettant de naviguer pratiquement par tous les temps sans prendre de risque. Telles étaient du moins les pensées de votre essayeur Pneu-Mag, avant de se retrouver bien calé derrière la console de l'Asso 75, évoluant à plus de 30 nœuds sur une bonne houle de sud-ouest, levée par un vent de force 5. Avouons-le, la stabilité de ce modèle, ainsi poussé dans des conditions dures, nous a bluffé, et ceci quel que soit l'angle d'attaque des vagues. Un vrai moment de pilotage, avec quelques sauts de vagues à la clé, mais à tout moment en sécurité ! Certes une telle allure n'est pas des plus confortables, mais cela nous a permis de vérifier la capacité d'amortissement de la carène en V profond et le travail efficace de l'étrave, assez haute et protectrice, des qualités bien servies par une réactivité au trim qui permet d'ajuster rapidement l'assiette. Résultat : aucun paquet de mer n'est venu arroser le cockpit lors de ces runs musclés. Et en relevant légèrement la manette des gaz, avec une vitesse plus raisonnable de 22-23 nœuds, on retrouvait une douceur de navigation étonnante compte tenu des conditions. Précisons que le bateau était lesté, en vue d'un convoyage en solo, par le réservoir de douche de 70 litres installé dans la soute avant, afin d'éviter tout risque de cabrage par vent de face. Précisons aussi qu'avant d'attaquer la houle du large "bille en tête", nous avions largement pris le temps d'évaluer ses bonnes dispositions sur l'eau moins agitée de la rade de La Ciotat. Le déjaugeage, par exemple, est à la fois très rapide (à peine 3,5 secondes !) et doux, sans que le bateau ne cabre ni ne "tire" d'un côté ou de l'autre. Avec seulement deux équipiers à bord, la puissance du Yam F225 procure des accélérations puissantes et une vitesse de pointe de 44 nœuds. Il est toutefois plus intéressant de savoir que ce bateau approche encore les 40 nœuds avec 20 plongeurs à bord… On apprécie également la stabilité de route et la stabilité latérale, jamais prises en défaut, même avec un trim positif exagéré. Le constat est tout aussi positif en virage serré, ou l'aisance du bateau est bien servie par la direction hydraulique assistée et par la position élevée du flotteur qui permet de bien gîter, avec un angle plus accentué à gauche qu'à droite (effet normal du couple d'hélice). Enfin, ultime bon point à l'actif du 75 Easy Line, il démontre une belle capacité à planer à basse vitesse (13 nœuds seulement) avec, pour corollaire, un régime de croisière très économique entre 3500 et 4000 tr/mn. Si l'Asso 75 ne prête guère le flanc à la critique en ce qui concerne les qualités dynamiques, il n'a pas grand-chose non plus à se reprocher en ce qui concerne la construction et la finition, sachant tout de même que la gamme Easy Line s'inscrit dans une philosophie "utilitaire", avec un cockpit aménageable "à la carte" en fonction du programme. Pour ce faire, quatre rails longitudinaux, intégrés d'origine dans le plancher, permettent de fixer solidement tous les éléments voulus, avec une grande latitude de positionnement. Ainsi, celui de notre essai, destiné à un club de plongée, ne comportait, outre la console de pilotage, qu'un leaning-post (assez dur), une banquette-coffre à l'arrière et deux râteliers à bouteilles en inox. En réalité, le cockpit est moins dépouillé qu'il ne paraît, avec un double coffre avant (baille à mouillage au-dessus, coffre fourre-tout dessous) et surtout, trois vastes soutes sous le plancher où l'on range sans problème tout le matériel de bord. Avec les rangements de la console et du leaning-post, on ne manque donc pas de volume ! En revanche, si l'on vise un programme "familial" et le confort qui va avec, il faudra compléter l'aménagement, le minimum étant alors l'ensemble bain de soleil avant et au moins une banquette-coffre arrière. Globalement la coque polyester est sérieusement construite, avec un gel-coat brillant, un bon anti-dérapant, une rigidité structurelle qui inspire confiance et des éléments de finition (charnières, rails de fixation des aménagements, vérins de capots, etc.) qui semblent faits pour durer. Il en va de même pour l'accastillage, à l'image des robustes taquets inox à l'avant et à l'arrière. Cette qualité d'ensemble se confirme au vu de bateaux Asso ayant déjà navigué plusieurs années sans montrer de signes d'usure prématurée.
On retrouve la même qualité sur le flotteur à fort diamètre, soigneusement réalisé en Néoprène-Hypalon, avec la possibilité, en cas d'usage intensif, d'opter pour le tissu extra-strong 1670 décitex au lieu du 1100 décitex standard. De chaque côté, des mains courantes en nylon épais, souples et agréables à saisir, courent d'un bout à l'autre des flotteurs, sauf au niveau des "passages plongeurs", dotés de renforts collés et de grosses poignées en caoutchouc pour faciliter la remontée à bord. On regrette toutefois que le liston de protection n'englobe pas les extrémités arrière des boudins..
Conclusion
La sécurité dans la mer et le comportement remarquablement équilibré de ce modèle sont des atouts d'autant plus appréciables qu'il est destiné à embarquer de nombreux passagers, et comme en plus il se montre très agréable à piloter, on ne s'en plaindra pas. Dans une optique professionnelle, on appréciera les grandes soutes de rangement sous le plancher et la modularité du cockpit, adaptable à la carte à des programmes très divers (plongée, transport de passagers...). En usage plaisance, ce grand semi-rigide est à retenir pour des raids de longue durée ou pour la pêche au large.