Le "job" de ce grand semi-rigide à l'air austère, c'est de pousser de la charge avec le plus de force possible. Cette version open du Tango est en effet la propriété d'un club de plongée, comme le montre son équipement spécifique, et il est amené à transporter des palanquées avec leur lourd matériel. ça ne plaisante pas !
Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et Jacques Anglès
Dans le langage du rugby, dire d'un pilier que c'est un gros pousseur est un compliment. Pour un bateau de plongée, c'est pareil. Cet Asso 950 chausse grand (hélice de fort diamètre), a de bonnes cuisses (un V8 de 350 ch), et garde le dos bien plat, même sous la pression (assiette exemplaire). Comme tout bon joueur de première ligne… Ce parallèle n'est pas déplacé car ce Tango, version Open (il existe aussi avec cabine pour la croisière), passe son temps à "bouger" du chargement. En l'occurrence un groupe de plongeurs du club marseillais Sensations Bleues (merci à Laurent Champion de la société Atlantide, pour la mise à disposition du bateau !). D'où le choix d'une hélice de forte poussée, comme le prouve son diamètre plus élevé que son pas (17" x 16"5), ce qui explique, en corollaire, sa vitesse de pointe plutôt courte et ses accélérations détonantes. Après un nettoyage de carène, l'Asso a signé un 38 nds satisfaisant, compte tenu de la mer agitée et de l'antifouling qui revêt ses œuvres vives (on peut y ajouter 3 ou 4 nds). La poussée lors du déjaugeage, exécuté en moins de 4 secondes, et le franchissement des 20 nds en moins de 5, sont nettement plus impressionnants. L'énorme cylindrée du V8 Yamaha (5,3 l) fait merveille, que ce soit pour décoller le poids conséquent de l'Asso 950 (avec 3 personnes à bord et 250 l de carburant), ou lors des reprises en sortie de virage. On note également que le bateau est capable de planer dès 2 500 tr/min (13,4 nds), ce qui laisse une certaine liberté pour choisir son rythme de croisière. Précisons qu'au-dessus de 4 000 tr/min, le niveau sonore du Yamaha monte d'un cran…
Pour ce qui est des qualités de navigation, pas de soucis. Sa carène bien défendue fend la houle d'un mètre sans coup férir, montrant une stabilité de cap et d'assiette (longitudinale ou en latéral) imperturbable. L'étrave et la quille passent en souplesse et la sensation de confort est royale. Ajoutez à cela la douceur et la précision des commandes (barre hydraulique et manette de gaz électrique), et l'on se prend à regretter que ce bateau n'ait pas plus de chevaux au tableau arrière. Il est possible d'installer jusqu'à 2 x 275 ch ! On perdrait peut-être un peu de la belle maniabilité dont fait preuve l'Asso en monomoteur, enroulant les virages avec une aisance remarquable pour un semi-rigide de son gabarit. La gîte intérieure est marquée, l'accroche vigoureuse, sans décrochage, et la poussée en sortie énergique.
Amateurs de prouesses décoratives, passez votre chemin. Le Tango Open va à l'essentiel. Pas de fioritures, que de l'efficace et de l'utile ! Parfaitement étudié dans l'optique de la plongée, le pont de ce semi-rigide offre une liberté de mouvements fort appréciée des amateurs de fonds sous-marins qui ont besoin de place pour s'équiper. Des passavants larges, de l'espace en avant et en arrière de la console pour les deux racks de 12 bouteilles, et surtout une échelle de mise à l'eau en inox, avec plate-forme enjambant le flotteur tribord. Un équipement sur mesure, de qualité professionnelle. Le "tapis de sol" en caoutchouc antidérapant, est lui aussi sur le mode "industriel", protégeant efficacement le plancher des lourds impacts des blocs de plongée. Le leaning-post biplace, qui possède deux équipets ouverts dans sa base, se trouve un peu près de la console, d'autant que la façade de celle-ci est verticale, sans retrait au niveau des pieds et des genoux. Un pilote de grande taille se sentira à l'étroit… Le tableau de bord est, lui aussi, un peu exigu et du coup, les instruments moteur sont masqués par le volant, tandis qu'il est impossible d'encastrer de l'électronique de navigation. GPS et sondeur prendront place sur des étriers, de part et d'autre du compas, placé bien au centre. Sur sa face antérieure, la console offre un siège biplace sur coffre, bordé de mains courantes en forme d'accoudoirs, ce qui porte à quatre le nombre de places "assises". L'avant du cockpit est occupé par une sorte de "gaillard d'avant", doté d'un grand coffre. Un cran plus haut, se situe le coffre de mouillage, intégré à une delphinière coiffée d'un guindeau électrique (option à 1 800 €), avec ancre sur davier et deux taquets inox de bonne taille. Une commande locale de guindeau se trouve à portée de main. Solidement construit, l'Asso est doté de tubes en tissu Orca, et d'un tableau arrière renforcé par trois équerres, capable de supporter deux moteurs de 275 ch. Sa base est percée de deux généreux vide-vite (autovideurs à l'arrêt) et, sur ses côtés, sont moulés deux marchepieds antidérapants surmontés d'un taquet, celui de bâbord conduisant les câbles du moteur sous le plancher. Ajoutons que les flotteurs voient leurs saisines en corde décalées un peu vers l'extérieur, afin de donner une meilleure assise aux nombreux plongeurs pouvant embarquer. Ces derniers emprunteront les passages de mise à l'eau dont le tissu est doublé, pour éviter l'usure du flotteur. Rien n'est laissé au hasard !