Capable de flirter avec les 50 nœuds, l'ASSO 67 se classe d'emblée dans le gratin des 6,50 m, tout en offrant un cockpit confortable, pourvu de tous les attributs souhaitables pour de belles balades en famille, avec une finition très soignée et des rangements à gogo.
Texte et photos Jacques Anglès et DR
C'est dans le port de Cassis que je découvre l'Asso 67. Avec ses nombreuses places assises et son cockpit avant convertible à la demande en grand bain de soleil, le programme est clairement affiché : balade et farniente au soleil, de préférence en Méditerranée. Un premier coup d'œil panoramique révèle une fabrication de qualité, ce qui se confirmera au fil d'une visite détaillée et de l'essai en mer.Commençons par le flotteur, qui est tout de même le point essentiel d'un pneu ! Celui-ci est réalisé en Néoprène-Hypalon 1 650 décitex, avec six compartiments étanches. La facture est soignée, sans faux pli ni coulures de colle, et chaque assemblage est doublé par une bande de renfort. En finition, on note les dix grosses poignées en caoutchouc, le double liston épais pour assurer la protection extérieure, et les 18 poignées de maintien (hélas en sangle raide) ainsi que les larges renforts pour la remontée des plongeurs. Livrée en gris arctique et bleu marine (notre modèle d'essai), la version standard affiche une élégance de bon aloi, d'autres couleurs étant proposées en option (un joli choix de gris, bordeaux et bleu). La partie polyester présente la même qualité, avec un design sobre et sans angles vifs qui ne risque pas de se démoder. Le plancher et le socle marche-pied de proue montrent un anti-dérapant moulé efficace, type «pointe de diamant», et le fond de cockpit remonte sur les côtés pour protéger le flotteur. L’agencement fait la part belle au cockpit avant, pourvu d’une banquette en V convertible, soit en grand solarium, soit en coin-repas grâce à une table amovible pour quatre ou cinq convives. En route on peut donc compter sur 8-9 places assises, garnies d’une sellerie de bonne facture, gris clair et bleu marine. Le pilote bénéficie quant à lui d’un leaning-post, plus pratique qu’un siège classique, mais seulement monoplace. Seul inconvénient, cet élément volumineux occupe beaucoup d’espace dans la partie arrière, laquelle se trouve du coup réduite à sa fonction «transport de passagers». L’accastillage comporte quatre solides taquets d’amarrage inox (deux à l’avant, deux à l’arrière) et quelques poignées inox bien placées. Un des atouts de ce cockpit est sa capacité en rangements, avec pas moins de 13 coffres et équipets, plus qu’il n’en faut pour ranger le matériel de bord et les effets. Un avantage que l’on appréciera en croisière-raid. Si cette première approche statique s’avère convaincante, il faut aussi que cet Asso fasse ses preuves sur l’eau. Larguons les amarres, avec au tableau arrière un Evinrude 200 ch DI (remplacé depuis par l’E-tech), assez proche de la puissance maximale autorisée. Précisons au passage que les packages Asso sont en général montés avec cette marque. Installé aux commandes, j’apprécie le leaning-post qui offre une bonne position. Le volant est à bonne hauteur, mais la manette de gaz, à manœuvrer de haut en bas, se révélera peu commode pour le pilotage rapide (en revanche c’est très bien pour les manœuvres de port). L’espace très étroit entre les pontons de Cassis offre un premier test de manœuvrabilité : pas de problème pour sortir de ce trou de souris. Une fois à l’extérieur du port nous trouvons un léger clapot, pimenté par un léger reste de houle de sud-ouest. Première accélération manette dans le coin, pour voir : le V6 deux-temps répond avec vivacité, assurant un déjaugeage express (à peine plus de 3 secondes) et une franche accélération à suivre. Pas de cabré dans cette phase, où l'Asso 67 montre un parfait équilibre, sans tirer d'un côté ou de l'autre comme cela arrive parfois. Je stabilise à 4 500 tr/mn, avec la sensation d'être à une vitesse de balade «ordinaire» alors que mon GPS affiche déjà plus de 36 nœuds ! à cette allure, on peut lâcher le volant sans que le bateau ne bronche d'un pouce. Bon point donc pour la stabilité de route, ainsi que pour la stabilité latérale, pas compromise par la houle de travers. De même, le passage de vagues se fait en toute tranquillité, et sans mouiller le cockpit. Pas de problème non plus en virage serré : à 30 nœuds, on vire sur 15-20 m, presque sans ralentir et sans la moindre velléité de décrochage. Un peu plus de gaz et les 40 nœuds sont franchis avec une étonnante facilité pendant que je surveille du coin de l'œil l'ascension du GPS. à plus de 45 nœuds (des vitesses rares en pneumatique), je note dans un premier temps une certaine instabilité, rapidement corrigée après quelques runs de prise en main. Cette carène se montre en effet sensible au trim et, comme elle réagit bien sans faire ventiler l'hélice, la tentation est forte d'en mettre un peu trop. Résultat : le bateau finit par «monter sur son hélice» et devient instable. Au contraire, lorsqu'elle est bien réglée, c'est un vrai plaisir ! Avec le 200 ch, nous atteignons aisément 46-47 nœuds au régime maximal recommandé du moteur (5 500 tr/mn), mais comme je sens qu'il y a encore du potentiel, nous nous offrons quelques sprints supplémentaires en travaillant les réglages, avec au final 50 nœuds au GPS. Autant dire que pour un modèle «familial», cet Asso ne manque pas de tempérament !.
CONCLUSION
à situer dans le haut de gamme de la production transalpine, l’Asso 67 démontre avec brio qu’il est possible de concilier un cockpit convivial et un tempérament sportif. Rares sont en effet les semi-rigides capables de telles performances, d’autant plus flatteuses que celui-ci est plutôt lourd. C’est donc la qualité de la carène qui justifie ce résultat, CQFD ! Cela ne doit pas faire oublier sa vocation première : la balade (rapide) entre amis ou en famille. Avec un équipement adapté, il fera aussi un excellent candidat à la croisière-raid en couple, notamment grâce à un kit camping.