Essai Alphaboat RIB 700

Un régime d'athlète

L'un des gros atouts de ce semi-rigide d'origine suédoise est son rapport poids/longueur. En ratio performances/consommations, difficile, voire impossible de trouver mieux ! Un vrai bateau "weight watchers". Autre avantage, l'Alphaboat est au gabarit routier, flotteurs gonflés. Et pour ne rien gâter, ce sportif arbore un profil de médaille…

Texte et photos Philippe Leblond


 34 990 € avec Suzuki 115 ch 4T (tarif 2009)
 7.0 m
 11
 44,7 nds avec Suzuki 115 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 71 mai/juin 2009




Avec 450 kilos (sans moteur) pour sept mètres de long, qui osera dire que l'Alphaboat fait du gras ? Ne cherchez pas dans vos archives, en termes de rapport longueur/poids, c'est un record ! Ce qui lui permet de signer des performances de haut niveau avec une puissance que l'on trouve plus couramment sur un… 5,50 m. à l'heure où le milieu automobile évoque avec insistance le "downsizing", l'Alphaboat joue les précurseurs dans le domaine du semi-rigide. Faire plus léger pour faire appel à moins de puissance motrice voilà qui, outre le fait d'aller dans le sens des économies d'énergie et d'un air plus propre, remet en exergue le plaisir de pilotage. L'Alphaboat est un peu au semi-rigide ce que Lotus est à l'auto. Un concentré de bateau qui va à l'essentiel. Et les performances sont au rendez-vous. Avec une pointe à 45 nds pour 115 ch seulement, il faut regarder le GPS à deux fois pour y croire ! à cette vitesse l'impression est intense, d'autant que la sensibilité au trim augmente obligeant à rester concentré pour maintenir en équilibre le RIB 700 sur son patin de quille. Quelques corrections de barre, et de fines retouches sur le trim sont nécessaires pour en tirer le meilleur parti, sans risquer le tête-à-queue. Voilà un bateau qui se pilote ! Et encore, est-on en droit de penser qu'avec une hélice au pas plus long (c'est déjà une 24"), la V-max aurait été sans doute supérieure. De combien ? Difficile à dire, car compte tenu de la légèreté du bateau, la valeur de glissement doit être très réduite et la vitesse théorique pas loin d'être égalée. D'ailleurs, le chantier s'est montré raisonnable en désignant cette puissance comme un maximum. Vu l'identité du bateau, il serait intéressant de le voir à l'œuvre équipé d'un Evinrude E-Tec, d'un Mercury Optimax ou d'un Tohatsu TLDI de même puissance, sachant que ces 2-temps apportent une économie de poids de 20-25 kg.



Reste que le DF115 s'acquitte fort bien de sa tâche dans tous les domaines : vitesse maxi, mais aussi accélération avec un déjaugeage expédié en 2"8, presque sans cabrer, reprises énergiques en sortie de virage ou en pilotage sportif, et surtout, rendements à faire pâlir les autres 7 mètres. Rendez-vous compte que le RIB 700 ne descend jamais sous le mille par litre consommé (même au régime maxi) avec un pic de 1,68 m/l à 3 500 tr/min, soit à 22,3 nds ! à cette allure, l'Alphaboat glisse sur l'eau avec une facilité indécente, et presqu'en silence. Ce n'est pas plus mal car le ronron du Suzuki n'est pas des plus harmonieux… Pour ce qui est du comportement, là aussi les notes sont élevées. Le RIB 700 est globalement facile à piloter et sûr, grâce à un bon équilibre (un peu léger du nez toutefois face à plus d'un mètre de creux) qui donne envie d'attaquer sur les crêtes d'un clapot de 70 cm, que sa carène à double redan et en V constant franchit avec avidité. Le confort de passage est satisfaisant, à condition de trouver le bon rythme, comme souvent avec les coques légères. Un peu trop lent, ça tape, un peu trop rapide, on ne peut éviter quelques impacts secs, notamment sur le patin de quille, dans le tiers arrière. En virage, la copie n'est pas parfaite, même si le grip est impressionnant. Il y a, à l'inscription en courbe à haute vitesse, comme un léger flottement qui occasionne une perte de précision, et une courte interruption de gîte qui peut surprendre. Une fois passé ce cap, la seconde partie du virage est "nickel", l'hélice ne ventilant pas, et la carène restant incisive. Dynamique en navigation, l'Alphaboat l'est également à l'arrêt, par sa ligne agressive, qui n'est pas sans faire penser aux semi-rigides typés offshores qu'affectionne la production britannique. De cette silhouette élancée, émane également de l'élégance, grâce à des tubes à diamètre progressif et à la carène en lame de couteau.

Dans la logique de cette esthétique, il est dommage que la console ne soit pas plus profilée… Simple, le RIB 700 l'est résolument, mais l'absence de quelques "fondamentaux" du semi-rigide dérange : pas de vide-vite de cockpit (il faut le vider à l'écope !), pas de saisines sur les flotteurs, pas de guide de mouillage, pas de coffre de console, ni d'échelle de bain… Certes, ces oublis (?) servent l'esthétique et le prix de vente, mais tout de même ! Pour le reste, cette simplicité n'est pas un mal. Il ne faudrait pas oublier de considérer le RIB 700 pour ce qu'il est. Avant tout un semi-rigide sportif, capable de barouder à haute vitesse avec un équipage de quatre membres, en toute sécurité, ou de satisfaire les loisirs d'une famille "physique" qui saura en faire bon usage pour des activités du type ski, pêche ou plongée, avec un cockpit dégagé qui s'y prête. Côté rangement, on a connu des sept mètres plus généreux : il faudra se contenter du coffre des sièges, de la console évidée (pas de porte pour la fermer), et du coffre avant à ouverture verticale (pas des plus pratiques pour le mouillage). Le siège devant la console contient, pour sa part, le réservoir d'essence en Polypropylène et rien d'autre. Le poste de pilotage est assez bien conçu, tant pour la position du pilote (les assises des jockeys sont néanmoins basses pour les plus d'1,80 m) que pour le copilote aidé d'une poignée en inox et protégé par le haut pare-brise. En revanche, le tableau de bord n'est pas exempt de critiques, que ce soit pour l'implantation des cadrans du moteur, masqués en partie par la barre, ou le volant qui dénote. Un modèle "sport" s'imposait. Un mot sur la construction et la finition. Le gros œuvre présente bien, tant pour ce qui est du polyester, au gel-coat régulier, que des flotteurs dont l'assemblage (tissu Orca) fait bonne figure. L'échantillonnage peut paraître mince à certains endroits, comme lorsqu'on prend appui sur les bords latéraux du plancher, mais la rigidité structurelle mise à l'épreuve dans une mer cassante de plus d'un mètre, ne semble pas sujette à caution. La finition est satisfaisante, même lorsqu'on regarde dans le détail. Il est vrai qu'Alphaboat est resté dans un registre simple. Construisant en Chine, ce n'est pas plus mal…

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photo Alphaboat RIB 700


photo Alphaboat RIB 700


photo Alphaboat RIB 700





CONCLUSION


Le RIB 700 est simple et sportif. Nous, nous aimons ces bateaux qui mettent le pilotage à l'honneur. L'originalité avec ce poids léger en V profond, c'est qu'il ne nécessite pas beaucoup de puissance pour offrir des perfs et des sensations de haut vol. Intéressant aussi dans l'optique d'un usage économique et écoresponsable… Prochainement, nous vous présenterons son petit frère, le 600, qui a "claqué" 41,8 nds avec un 90 ch !




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