Doté d’un physique avantageux, le D600 Lux joue de son contraste : coque et accastillage noirs versus flotteurs gris et noirs, pour se donner des airs de baroudeur. Un baroudeur toutefois « civilisé », capable d’offrir un minimum de confort à un équipage de type familial, avec de nombreux sièges et un solarium. Découvrons ce nouveau Grand plus en détail…

Au ponton

Le premier contact visuel est très favorable. Le D600 Lux possède une silhouette équilibrée, bien qu’à titre personnel j’aurais préféré un T-top moins élevé. La delphinière, qui intègre le davier de mouillage et deux taquets latéraux, sait se faire discrète, et le contraste de couleur noir/gris/noir affine encore la ligne. Par contre, une fois à bord, on note quelques détails comme autant de réserves : pas de vérins (à défaut des ressorts) pour maintenir les coffres ouverts, pas de joints de caoutchouc sur les pourtours de ceux-ci pour apporter un soupçon d’étanchéité et éviter les bruits parasites en navigation, d’autant que les fermoirs en inox sont mal ajustés et ne sont pas réglables, une sellerie bien molle, sans doute garnie d’une mousse ordinaire, quelques points de rouille sur l’armature du leaning-post… Voilà pour le moins bien… Mais, heureusement, le semi-rigide ukrainien fait valoir de solides atouts, à commencer par un cockpit bien agencé dans l’optique d’une utilisation polyvalente. Les déplacements à bord sont aisés, que ce soit côté baignade, avec des dossiers de banquettes arrière amovibles et une marche intermédiaire pour gagner les plateformes de bain sans encombre, ou pour se rendre au puits de mouillage via de généreux passavants, en dépit du poste de pilotage biplace. La totalité des surfaces planes est recouverte de Cer-Deck, mousse EVA au dessin « plancher teck », à la fois doux aux pieds et antidérapant. Et par ailleurs, sans entretien…

Ce qui n’empêche pas le D600 Lux de proposer de nombreuses places assises : trois sur la banquette arrière, deux au dos du leaning-post qui en offre deux lui aussi, puis une intégrée sur l’avant de la console. Soit huit au total, sans faire appel aux flotteurs ! Cette offre, en termes de places assises, n’empêche pas le Grand de constituer une bonne plateforme pour pêcher (à deux ou trois, quatre maximum !) ou plonger. La glisse tractée est également de la partie avec le concours du mât situé au dos de la banquette, supportant aussi les feux de navigation. Concernant le rangement, on ne trouve pas de coffre sous la partie centrale de la banquette arrière en forme de chevron. C’est le cas par contre sous les deux assises qui l’encadrent. Au sol, l’embase de fixation pour la table du carré. Ce dernier est convertible pour le bain de soleil, en installant un complément central composé de trois planches et trois coussins… Un peu puzzle, ou Tetris, selon votre vécu ! Mais, lorsque l’on veut faire bronzette, allongé, on ne fait pas la fine bouche. Ses dimensions : 107 cm x 156 cm. Retour au rangement avec le coffre sous la console, celui de l’avant, mitoyen de la baille à mouillage, plus, entre les deux, une cale sous le plancher (attention aux charnières saillantes !).

N’oublions pas le poste de pilotage… La double assise offerte par le leaning-post procure aux pilote et copilote une posture ergonomique, avec une assise à bonne hauteur, bien dessinée et des commandes à bonne distance et bonne hauteur (volant sport et boîtier d’inversion de marche et gaz, à câble). La face arrière de la console exécute un retrait au niveau de genoux (bien vu !) et s’agrémente d’un cale-pied. L’armature du T-top, noir mat comme tout l’accastillage ou presque, servira de prise au copilote pour les sorties par mer formée. La place ne manque pas sur le tableau de bord, avec la possibilité d’intégrer GPS-traceur et sondeur, en deux écrans séparés. Deux parte-canettes sont fixés sur le bord supérieur, pour « lutter contre la déshydratation ».   

En mer

Ce nouveau Grand, mis à notre disposition par son importateur Toni Marine, à l’initiative de Honda Marine France, attend sagement les journalistes conviés à cet essai, amarré à l’un des quais de port Miramar, situé à quelques encablures de la résidence d’été des présidents de la République, autrement dit, du Fort de Brégançon. Sur son tableau arrière, le quatre cylindres Honda de 150 chevaux, soit la puissance maxi homologuée sur ce semi-rigide. Nous sommes trois à prendre place à bord. La météo vraiment clémente nous a livré le « terrain » pour des mesures de performances optimales, avec un plan d’eau tout juste ridé et une température suffisamment fraîche pour favoriser la puissance du Honda. Si les accélérations se sont avérées satisfaisantes, avec un déjaugeage exécuté en 3’’6, et un 0 à 20 nœuds en 6’’3 (correct mais sans plus), nous sommes restés un peu sur notre faim concernant la vitesse maxi : 37,7 nœuds. Deux éléments ont sans doute légèrement pénalisé l’obtention d’une valeur plus gratifiante : le T-top, constituant un frein aérodynamique et, surtout, un surrégime de minimum 300 tr/min (la plage de régime motoriste va de 5 000 à 6 000 tr/min) qui a fini au rupteur. Malgré sa belle technologie (double arbre à cames, 4 soupapes par cylindres, système V-Tec avec calage et ouverture variables des soupapes), le Honda ne disposant sans doute pas de la bonne hélice, tirait un peu court. Plutôt qu’une 17’’, une 19’’ aurait probablement permis d’accrocher les 40 nœuds. Et par là même, d’obtenir de meilleurs rendements sur les régimes de croisière. Soulignons tout de même le 1,33 mille au litre à 4 000 tr/min, assorti d’une vitesse de 20,8 nœuds. Un bon résultat, mais qui ne se confirme pas à 4 500 tr/min avec une chute brutale du rendement (0,98 mille/litre) à une vitesse encore pourtant raisonnable de 25,4 nœuds… Pour info, au meilleur rendement l’autonomie atteint 168 nautiques, de quoi s’octroyer de belles randonnées avant de repasser à la pompe.

Au plan du pilotage et du comportement, le D600 Lux a quelques arguments à faire valoir. A commencer par une belle stabilité latérale, tant à l’arrêt, avec des flotteurs bien assis sur l’eau, qu’en navigation, même pleins gaz, assortis d’un réglage de trim positif. Pas même une amorce de roulis… Par contre, à régime intermédiaire, il convient que le réglage du trim soit en adéquation avec la vitesse, car le nez étant un peu léger, le Grand a tendance à « marsouiner ». Rien de grave, mais autant bien régler l’assiette… De fait, ce comportement « vivant » induit un certain plaisir de pilotage, avec un cabré important au démarrage suivi d’une bonne pêche lors de la montée en régime, et cette carène qui ne demande qu’à s’aérer. En virage aussi il se montre efficace et sans mauvaise surprise, avec une gîte intérieur prononcée, des trajectoires précises malgré une légère glisse de l’arrière témoignant d’un grip « amical » (pas violent). Et le D600 Lux ressort des courbes énergiquement grâce à une belle motricité, même dans les virages serrés. En revanche, il est difficile de porter un jugement sur le comportement marin et d’évaluer le confort dans la vague, en l’absence de… vagues.