Avec ses vastes solariums et sa superbe plate-forme de bain dédiés aux plaisirs de l'été, ce luxueux "day-cruiser" exploite à fond les atouts de la motorisation in-board. Il donne des envies de longues balades entre amis, avec une carène qui procure de vraies joies de pilotage. Très séduisant...mais cher pour des sorties à la journée.
Texte et photos Jacques Anglès
Bien que les grands motoristes aient développé des hors-bord super-puissants (300 ch ou plus) ces dernières années, la motorisation in-board a encore la faveur des clients et des chantiers sur les semi-rigides de grande taille. C'est précisément le cas du Stilmar 34 EFB (EntroFuoriBordo = "In/Out-board» en traduction littérale, comprenez in-board à embase). Amarré à quai par l'arrière, le Stilmar 34 EFB met tout de suite en évidence un des avantages de la formule : la super plate-forme de poupe sur toute la largeur du bateau, au-dessus des embases directionnelles. Une vraie plage de bain qui n'a rien à voir avec les minuscules plates-formes habituelles des semi-rigides, coincées entre moteur et boudin, et d'autant plus confortable qu'elle est recouverte de teck. En outre, l'accès à cette plate-forme depuis le cockpit est facilité par une large marche elle aussi en teck, comme d'ailleurs tous les planchers du bateau ainsi que le "museau" de proue. Et si quelqu'un objecte que le compartiment moteur empiète sur le cockpit, on répondra que son capot forme un superbe bain de soleil (trois places, avec garde-fou pour la sécurité) qui, en plus de l'immense solarium avant, s'accorde à l'esprit méditerranéen de ce bateau, construit dans le grand sud italien. En outre, la motorisation in-board procure une meilleure répartition des poids que des hors-bord. Sans être le navire amiral de Stilmar, qui produit 14 modèles de 4,86 à 12,78 m, le 34 EFB joue quand même dans la cour des grands, non seulement par sa taille, mais aussi par sa qualité de construction (polyester très soigné, flotteur à 8 compartiments en tissu Orca 1 670 décitex) et sa finition luxueuse : superbes selleries surpiquées sur mousse à cellules fermées, table à pied pneumatique se levant toute seule, accastillage haut de gamme, capot moteur à ouverture électrique, guindeau électrique avec ancre et chaîne en inox, etc. Le design, confirme cette impression. Moderne mais sans frime, il est d’abord au service de la fonction : on circule facilement d'un bout à l’autre, les places assises sont confortables et nombreuses (huit dans le sens de la marche), les rangements plus que généreux (voyez l’impressionnante soute avant), le poste de pilotage bien conçu. Ce 10 m est toutefois exclusivement dévolu aux sorties à la journée, ce que l’on peut juger un peu restrictif pour un si grand bateau. Pour la croisière, le chantier propose une version à cabine double et toilette. La version de cet essai reste néanmoins la plus séduisante, avec un pont particulièrement agréable. On donnera notamment une très bonne note à la modularité du cockpit avant, configurable tour à tour en super bain de soleil (3 m de long !) ou en coin repas, grâce à sa table sur socle pneumatique très facile à mettre en place. Suggérons néanmoins deux améliorations faciles : un taud de soleil pour ombrager ce coin repas et une rallonge vers la banquette de console pour y accueillir deux convives de plus. Toujours à l’avant, la partie frontale de la console s’ouvre sur une mini-cabine aérée par deux hublots, aménageable en cabinet de toilette avec WC (en option). Ce confort est complété par un frigo de 70 l et un plan de cuisine (évier installé, réchaud en option), logés sous le leaning-post. En bref, le confort est optimal pour un équipage de six à huit personnes, avec possibilité d’en embarquer plus (10 à 12) sans être à l’étroit. Après ce tour du propriétaire où les bonnes notes dominent largement sur quelques bémols, le 34 EFB va se montrer encore plus séduisant en mer. Plantons le décor : temps printanier sur le golfe de Saint-Trop', mer calme en zone abritée, clapot de force 3-4 sur une petite houle de sud-est au large, et quelques gros sillages de superyachts pour corser le tout. Des conditions correspondant exactement au programme de cette unité. Dès l'appareillage, j'apprécie l'excellente manœuvrabilité du bateau pour emprunter l'étroit chenal de sortie. Ensuite, tout l'essai est un régal, du départ à la vitesse de pointe en passant par toutes les figures imposées du pilotage. Démonstration : déjaugeage en quatre secondes, rapide pour un bateau de ce poids mais en douceur, la coque "décollant" avec une assiette constante et une parfaite stabilité latérale que favorisent les embases à contre-rotation. L'équilibre dynamique est la sensation dominante, ainsi que la précision de pilotage, bien servie par la direction assistée, douce et directe (3 tours-et-demi de butée à butée). C'est un plaisir de placer l'étrave exactement où l'on veut et de profiter d'un trim réactif permettant un pilotage fin dans toutes les conditions. En fait, ce bateau de 3,5 tonnes en charge délivre les sensations d'un 6-7 m sportif, facilité en plus. Sans être un adepte du saut de vague systématique (ce n'est pas sa vocation), il aime s‘alléger sur les crêtes, toujours bien en ligne ; et les 47,6 nœuds enregistrés au GPS, viennent confirmer ses remarquables qualités dynamiques. Le confort est son autre point fort : entre 25 et 30 nœuds en régime de croisière, c'est super-cool !.
CONCLUSION
Présent depuis peu sur le marché français, ce luxueux day-cruiser fait valoir une réalisation très soignée, qu’il s’agisse du "gros-œuvre", des finitions, des qualités marines enthousiasmantes ou de la remarquable convivialité du cockpit. Il a donc de solides atouts pour se faire une place au soleil, face à la concurrence des Lomac, Sacs, BWA, Pirelli ou BlackFin. Et bien que le tarif soit attractif dans sa catégorie, le budget reste très "luxueux" pour un programme de sorties à la journée.