Le baroudeur sportif que nous avions essayé l'an dernier revient à nous avec quelques éléments de confort en plus. Sans s'être embourgeoisé pour autant, puisque ce nouvel essai s'est déroulé avec 50 chevaux supplémentaires ! Un bonus de puissance qu'il tolère avec sérénité.
Texte et photos Philippe Leblond
Le Russ Ribs est un bateau rare sur notre marché. Les seuls semi-rigides qui se rapprochent de son concept sont le Rafale R7.0, le Sillinger 765, éventuellement le Revenger 25 OB… Un subtil compromis entre sport et baroud, tendance high-tech. Avec les modèles que l'on vient de citer, il partage une puissante motorisation et un cockpit qui, s'il accorde quelques concessions au confort pour le mouillage, se soucie avant tout d'offrir à son équipage un agencement fonctionnel pour les navigations rapides. Cette année, le constructeur Nicholas Russ a mis en scène les nouveaux accessoires sur son stand du Grand Pavois, avec un traitement original. On en veut pour preuve le solarium gonflable à haute pression pour ne pas ajouter à bord un élément lourd et encombrant. Ce dernier se gonfle et dégonfle à l'aide du Turbo Max électrique qui sert, bien entendu, pour les flotteurs. Il y a aussi l'adjonction de deux coussins en Néoprène, sur le coffre avant, et d'une tablette de pique-nique sur receveur articulé Tallon Marine. Inédits, comme la douche de pont, l'échelle et la plate-forme de bain. Ces dernières sont d'autant plus originales qu'elles sont réalisées en fibre de carbone ! La mise en oeuvre ne l'est pas moins puisque la "poire" de douche est fixée, à demeure, sur le roll-bar en inox et s'actionne au pied, à l'aide d'un bouton pression. Voilà qui laisse les mains libres pour éventuellement se savonner… Pour le reste, l'aménagement demeure le même, avec une banquette arrière recouverte de néoprène et équipée de sangles pour se tenir en navigation, quatre sièges Ullman à amortisseurs, dont deux équipés de cale-pieds (type moto) pour les enfants, et d'une console (toujours Ullman) dont le profil aérodynamique a été étudié pour abriter de l'air les quatre occupants situés derrière. Par contre, cette console s'avère très large au détriment des passavants. Question rangement, la grande cale de la poupe et le coffre avant peuvent "ingérer" tout le matériel désiré, skis compris. Voyons ce que donne le Russ Ribs avec le Verado 350 Sci, en comparaison de l'essai que nous avions déjà fait avec le Verado 300. Dès les premières évolutions, on constate que le Russ Ribs tolère parfaitement le surcroît de puissance. Le comportement de ce semi-rigide français, aux gênes anglais, reste "royal" : assiette stable, tenue de cap irréprochable, carène bien aérée douée d'une bonne sensibilité aux réglages de trim, souple dans la vague, incisive et sûre en virage… Et que dire des performances, sinon qu'elles sont à la hauteur de la puissance installée, sachant que le Russ Ribs est un semi-rigide relativement lourd. Nous avons relevé 56 nds au régime maxi de 6 200 tr/min, avec une hélice Enertia 20 pouces, soit six nœuds de plus. Pas mal avec cinq personnes à bord et dans un clapot de 70 cm ! Une performance améliorable si l'on en croit le constructeur qui, après avoir procédé à divers essais d'hélices, aurait "cassé" la barrière des 60 nds avec une Lazer II de 21 pouces ! Une V-max qui vous classe immanquablement ce bateau parmi les GT de la mer, mais qui débouche sur un temps de déjaugeage et de montée en régime une seconde plus long qu'avec l'Enertia… Cette dernière s'avère quand même bien adaptée au 750 Super Sport qui déjauge en 3"5 et plane dès 2 600 tr/min (12,7 nds), laissant au pilote une bonne latitude pour adapter sa vitesse de croisière aux conditions de mer. Entre 3 500 et 4500 tr/min, plage de régime idéale pour la promenade en équipage, et synonyme des meilleurs rendements, on obtient des vitesses allant de 23,7 nds à 35,3 nds. Ce qui nous a une nouvelle fois impressionnés, c'est la docilité du Russ Ribs, même lorsqu'on le brutalise. Tout juste peut-on noter un léger roulis lorsqu'on abuse du trim à la recherche de la vitesse maxi. Mais, il reste facile à contrôler, comme en virage, quel que soit l'angle de braquage. La précision des trajectoires n'est jamais prise en défaut, et le grip phénoménal ne se fait jamais au détriment de la motricité, le Verado exprimant toute la fougue de ses 350 chevaux en sortie de virage.
Bravo donc à Russ Ribs qui continue à creuser son sillon, celui d'un bateau sportif mais totalement sous contrôle, comme il nous l'a encore montré avec une puissance rarement installée sur un 25 pieds. La recherche d'un supplément de confort, ou d'un dépouillement plus grand du cockpit se poursuit avec plusieurs versions d'aménagement, en rapport avec la philosophie de Nicholas Russ qui se fait fort de proposer à ses clients un semi-rigide sur mesure.
AU PONTON
Ce qui frappe en premier chef lorsqu'on inspecte le Russ Ribs, c'est la qualité de sa construction et sa finition sérieuse. Apparu l'an passé avec un équipement de pont réduit, il bénéficie maintenant d'un ensemble d'accessoires – de conception originale (voyez la douche et l'échelle en carbone ou le solarium gonflable !) – qui apporte un confort de type familial à ce baroudeur de classe. Russ Ribs utilise aussi des équipements Tallon Marine, comme la tablette devant la console…
EN MER
Ce qui caractérise avant tout le Russ Ribs, c'est sa faculté à signer des performances élevées, tout en assurant un niveau de sécurité remarquable. C'est d'ailleurs cette philosophie qu'a privilégiée son constructeur, Nicholas Russ. Le but est donc atteint, et la cerise sur le gâteau, c'est le plaisir qu'on prend à ses commandes.