Essai Caribe Deluxe 610

Avec Honda en renfort !

Fabriqués au Vénézuela, les Caribe sont bien connus des plaisanciers antillais qui apprécient leur robustesse et leur tempérament marin. En France, ils sont aujourd'hui proposés en packages Honda à travers le réseau du motoriste. Dans des conditions assez sportives, les deux modèles mis à notre disposition ont révélé un fort potentiel.

Texte et photos Jacques Anglès


 31 183 € avec Honda 90 ch 4T (tarif 2007)
 6.1 m
 12
 36 nds
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Paru dans le Pneumag n° 59 Mai/Juin 2007




Peu connue en Europe où elle n'est importée que depuis deux ans, la marque vénézuélienne est en revanche une référence de longue date dans les eaux caribéennes et américaines, où elle s'est d'abord fait connaître par ses annexes très robustes, adoptées notamment par les professionnels de la location. Le nom de la marque évoque les Indiens Karibs, originaires du Vénézuela, intrépides navigateurs qui avaient essaimé dans toutes les Antilles, 800 ans avant que Christophe Colomb n'y aborde… Pour en revenir au présent, Caribe peut se prévaloir d'une gamme d'annexes particulièrement fournie, avec vingt-huit modèles de 2,50 m à 4,40 m (pliables et semi-rigides), et d'une série de semi-rigides familiaux de 4,70 m à 7,40 m. Trois points essentiels caractérisent cette marque : a) tous les flotteurs, y compris pour les plus petites annexes, sont exclusivement construits en tissus CR-CSM Orca de Pennel & Flipo (de type Néoprène/Hypalon), ce qui constitue une garantie de longévité sous les climats ensoleillés où le PVC résiste moins bien aux UV. b) les carènes en V profond sont taillées pour passer dans la mer formée, avec une structure très rigide, renforcée par de nombreux longerons et varangues. c) enfin, pour chaque longueur, le plaisancier a le choix entre trois présentations : cockpits «nus» (ligne Préférence), avec aménagement sport (ligne Avantage) ou avec équipement luxe (ligne Deluxe). L'Avantage 530 et le Deluxe 610 de notre essai illustrent bien le savoir-faire de la marque. Commençons par la description…

Revue de détail : deux modèles très complets L'identité de marque est forte d'un modèle à l'autre, d'autant plus que les deux exemplaires de notre essai sont dotés de la même robe jaune vif en tissu Orca Pennel & Flipo. Esthétiquement, ce jaune se marie fort bien avec les renforts gris et le cockpit tout blanc, mais on peut aussi opter (sans supplément) pour un flotteur blanc, gris clair ou gris foncé. Ces flotteurs, à quatre compartiments étanches, sont réalisés avec découpe longitudinale du tissu, ce qui réduit les zones de collage et contribue à la rigidité sans laisser apparaître les cloisons intérieures. Un double liston en caoutchouc épais, qui englobe les extrémités arrière, assure la protection périphérique et des renforts collés forment quatre marchepieds antidérapants au milieu et à l'arrière du flotteur. On apprécie en outre le passage de chaîne en caoutchouc épais qui protège la proue. Tout cela est complété par des poignées de maintien en sangle rigide et à l'arrière, par des saisines tressées souples, et par six grosses poignées de portage.

Coté polyester, seuls les coffres avant et arrière sont moulés avec le cockpit. Le plancher offre un bon antidérapant «pointe de diamant», avec de larges trappes permettant de démonter le réservoir en cas de besoin. Les autres éléments (console et banquette de pilotage) sont fixés sur le plancher par vissage et collage au joint-caoutchouc synthétique. Cette solution «modulaire» permet de se fabriquer un cockpit à la carte, par exemple en plaçant la console soit sur l’axe médian, soit décalée pour ménager un passage plus large. L’ensemble présente bien, sans être pour autant exempt de quelques critiques, par exemple les pare-brise fragiles ou l’absence de bains de soleil, ce dernier point devant toutefois être corrigé dès l’été prochain. Heureusement, l’équipement standard, très soigné, et de nombreux détails bien conçus font oublier ces petits défauts, à l’image des loquets de coffres, encastrés et garnis de caoutchouc (pas de risque de s’y blesser), des astucieuses «cuvettes» amovibles dans les coffres, de la sangle à Velcro pour lover les amarres ou de l’échelle de bain avec rampe en inox. Surtout, les bateaux dégagent une sensation de robustesse qui inspire confiance dès que l’on met le pied à bord.



L’Avantage 530 est large : 2,50 m là où des unités de même longueur sont plutôt à 2,35 m, avec de gros boudins qui procurent une flottabilité record (1 385 kg de charge !). Sa carène en V profond présente un angle de fond arrondi (moins fragile au beachage qu’un angle vif), une étrave pincée et remontante, et quatre longues virures pour l’accroche. L’équipement ajouté se limite à la console de pilotage, installée au centre sur le modèle présenté (elle peut aussi être décalée à la demande). Avec le siège frontal de cette console, la banquette arrière et le coffre avant, tous munis de coussins, on ne dispose donc que de quatre vraies places assises ; aussi les boudins seront-ils souvent mis à contribution. Les pêcheurs et les plongeurs aimeront ce cockpit bien dégagé.



Le Deluxe 610 a la même largeur que son cadet. En fait, c’est la même carène en plus long, mais cela change tout. Plus structuré que celui du 530, le cockpit offre de larges plats-bords en «dur» encadrant la banquette arrière, une banquette de pilotage biplace formant coffre et une large console avec un siège frontal confortable. On dispose ainsi de sept bonnes places, ce qui correspond à l’usage «normal» de ce modèle. Les rangements sont généreux, avec une soute arrière très vaste et deux beaux coffres sous la banquette de pilotage et sous la console, sans compter le coffre avant et la baille à mouillage, eux aussi de bonne taille. De plus la «baignoire» arrière s’agrémente d’un vivier-glacière et d’un coffre alloué au système de douche avec réservoir d’eau douce. On ne regrette que l’absence de solarium, en précisant que ce manque sera corrigé dès l’été prochain.



En navigation : dans la houle, en sécurité Vif et ludique à piloter, ainsi peut-on résumer le comportement de l'Avantage 530 auquel le Honda 75 va comme un gant. Voici le menu : déjaugeage express en entrée (2,8 secondes), accélération franche en plat de résistance, salade de virages enchaînés jusqu'à satiété et, en cerise sur le gâteau, un joli score de 35,9 nœuds en vitesse maxi. Plus que satisfaisante avec un 75 ch, cette performance témoigne de l'efficacité de la carène, mais aussi de celle des nouveaux Honda, légers et nerveux à souhait, qui renvoient aux oubliettes la placidité des anciennes générations, et ceci malgré une hélice trop «longue»(une 15» aurait sans doute été plus efficace). Trop léger lors de la première sortie (peu d'essence et rien dans les coffres avant), le 530 montrait un fort cabré au déjaugeage et un tempérament un peu volage à haute vitesse par mer 3/4 arrière. Tout est rentré dans l'ordre en seconde sortie avec du poids à l'avant, mettant en évidence les deux atouts maîtres de ce 530 : sa maniabilité et son confort dans les vagues. La preuve, aucun embrun n'a mouillé votre essayeur Pneu Mag pendant l'essai ! Avec 80 cm de plus que son cadet testé ci-dessus, le Deluxe 630 ouvre les portes de la navigation au large. Points forts : une sensation de sécurité jamais prise en défaut et un confort exemplaire en vitesse de croisière. Ces deux qualités se révéleront pleinement lors d'un long run au large dans des conditions musclées, avec un gros clapot sur une houle résiduelle d'environ 1,40 m. Jugez-en : à 5 500 tr/mn et plus de 30 nœuds, le Caribe 630 reste parfaitement stable, nous offrant même quelques sauts de vagues avec reprises de contact bien en ligne, et ceci sans que la moindre goutte d'eau n'atteigne le cockpit. Sur cette mer assez «cassante», j'apprécie en outre, comme sur le 530, l'excellente rigidité structurelle de la coque et l'absence de «bruits de caisse», deux indices de la solidité de ces bateaux au caractère bien trempé. Le test «manette dans le coin» étant passé haut la main, il est tout de même préférable d'adopter un régime plus cool pour ménager les passagers. Le confort est parfait entre 4 000 et 4 500 tr/mn, une plage de régimes où le moteur se fait oublier et délivre son meilleur rendement. En virages, le 610 reste plus à plat que le 530 (ce qui est surprenant, vu qu'il a la même largeur) et affiche un caractère légèrement survireur qui incite à un pilotage fun, mais aussi une tendance à ventiler quand on resserre le rayon de giration (plus sensible en virage à droite). Au déjaugeage, le 610 reste parfaitement horizontal. Enfin, il montre une bonne réactivité au trim quand on veut piloter fin, sans pour autant être exigeant sur le réglage. Si le BF 90 est assurément un bon choix pour un usage familial, ce modèle devrait être une bombe avec quelques dizaines de chevaux de plus. .



photo Caribe Deluxe 610


photo Caribe Deluxe 610





CONCLUSION

Ces deux modèles illustrent bien ce que Caribe sait faire : des bateaux solides, marins, faits pour durer, avec des performances à la hauteur de nos attentes et un équipement standard complet, ce qui évite le surcoùt des options, dont la liste se limite au roll-bar, au bimini et aux tauds de mouillage. En fait, notre seul reproche est l’absence de bain de soleil, mais celle-ci sera corrigée à brève échéance (été 2007). Le partenariat entre l’importateur et Honda France permet de proposer un large choix de motorisations en packages, et de bénéficier d’un réseau solide. Les Caribe semblent donc bien armés pour se faire une place au soleil de l’Hexagone.




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