Une cabine "cosy", avec kitchenette et salle d'eau indépendante, une puissante cavalerie dissimulée sous un bain de soleil, et au service d'une carène d'exception… Vous l'aurez compris, avec ce Sting de 10 m et 630 chevaux, on ne résiste pas à partir pour un week-end en amoureux, presque n'importe où et avec la certitude d'être de retour à l'heure.
Texte Philippe Leblond – Photos DR
Emblématique des semi-rigides anglais, la carène étroite en V profond est bien sûr la base de ce Scorpion à l'identité de croiseur rapide. Avec ses entrées d'eau fines (60° à l'étrave) et son V fermé à 24° au tableau arrière, le Sting ("dard" ou "aiguillon" en anglais) perce les vagues sans effort apparent. Son étrave en lame de couteau découpe l'élément liquide avec une facilité déconcertante. La glisse est exceptionnelle, qui donne l'impression que les moteurs n'ont pas à forcer pour propulser le Sting dans les hautes sphères de la vitesse. Le fait est que nous avons pu atteindre 52,6 nds sur le clapot du Solent, un plan d'eau rarement calme, "coincé" entre Southampton et l'île de Wight. Bien que déplaçant plus de cinq tonnes en ordre de marche, ce semi-rigide à la ligne sportive donne en effet une sensation de légèreté et de facilité qu'on ne rencontre qu'avec les carènes typées "offshore". On pourrait sans doute aller beaucoup plus vite avec deux diesels plus puissants, ou mieux deux V8 essence Mercury Racing. Mais, le Sting est d'abord un bateau de plaisance, et sa faculté de se déplacer avec aisance à des allures de croisière comprises entre 25 et 45 nœuds est à même de satisfaire une grande majorité d'utilisateurs. Le choix des diesels s'explique par la destination "croisière" de ce Scorpion, impliquant des moteurs endurants et peu gourmands en énergie. On peut ainsi compter sur 300 bons milles d'autonomie à environ 30 nds. Au plan pur du pilotage, tenir la barre d'un tel bateau est un plaisir rare. Cette machine à avaler les milles a d'ailleurs fait ses preuves en compétition, en terminant quatrième de la célèbre course offshore Cowes-Torquay-Cowes, cette année. Le moindre mouvement sur le volant se traduit par une réaction immédiate de la quille, et les diesels, à condition d'être dans les tours de fonctionnement des turbos, poussent fort en sortie de virage. La carène trace ses trajectoires avec la précision d'un scalpel, sans déperdition de vitesse, ou presque. Son équilibre semble imperturbable, encore faudrait-il la tester dans une mer plus forte. Mais, les petits sauts effectués sur les sillages de passage donnent une impression favorable. Mais le sport est ici associé au confort. Ainsi, le Sting propose-t-il une confortable cabine abritant une grande couchette double convertible en carré avec l'apport d'une table amovible en merisier, assortie aux portes du cabinet de toilette et du placard de cuisine. L'ambiance dans la cabine est parfaite pour un couple d'amoureux : éclairage de cabine à leds avec variateur d'intensité, vaigrage en Alcantara, sol revêtu de Flexi-teek (simili de teck), un bon antidérapant et plus chaleureux à l'œil que le polyester. Par ailleurs, l'apport en lumière naturelle est généreux, grâce à la présence de longues baies vitrées en plus du capot de pont. Si la hauteur sous barrots n'est que de 1,50 m dans la cabine, elle grimpe à 1,75 m dans la salle de douche, équipée d'un lavabo et d'un WC marin. Pour compléter sa panoplie de parfait cabin-cruiser, le Sting offre un petit bloc-cuisine avec plan de travail en Corian, évier inox et réfrigérateur sur mesure.
à l’évidence, le chantier anglais a privilégié la cabine au cockpit. En effet, ce dernier occupe à peine la moitié de la longueur, et se trouve figé dans un agencement hyper classique : poste de pilotage, banquette pleine largeur (3-4 places) et solarium sur le capot du compartiment moteurs, prolongé par une plate-forme de bain avec échelle intégrée et douchette. L'ergonomie permet des navigations rapides en mer formée, en offrant à l'équipage confort et sécurité. Ainsi, le cockpit est bordé par de hautes hiloires, très sécurisantes, mais qui atténuent un peu le contact avec la mer, de sorte qu'on a l'impression d'être à bord d'une vedette classique. D'ailleurs, le champ de vision vers l'avant est coupé par la présence des hautes superstructures et le poste de pilotage. En l'absence de passage central (par le pare-brise), il faut emprunter les étroits plats-bords qui bordent le rouf de cabine pour aller amarrer l'avant. Heureusement, le mouillage s'effectue par guindeau électrique, car le nez du bateau s'avère d'une rare étroitesse… Vous l'aurez compris, le Scorpion affiche les particularismes de la conception "à l'anglaise", qui en font un bateau hauturier, capable de naviguer à haute vitesse en toute sécurité, mais qui, du fait de sa cabine, très présente, laisse moins de place à la convivialité au mouillage, même si l'on apprécie le solarium offert par la motorisation in-board. On ne peut pas tout avoir… Et le Sting en offre déjà beaucoup, à commencer par une qualité de construction sérieuse, servie par une finition irréprochable, justifiant son tarif élevé. .