Marque de référence du semi-rigide de sport, Scorpion monte d'un cran en finition pour offrir un confort et une apparence plus luxueuse à se nouveaux modèles. Le ST9 en est l'exemple, doté d'un pont et d'accessoires élégants, sans se départir des gênes de la performance, ADN de Scorpion oblige.
Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et Honda
Difficile de ne pas commencer la rédaction d'un essai de Scorpion par le pilotage… Cela reste, malgré l'évolution conceptuelle des modèles récents, le point marquant des semi-rigides du chantier de Lymington. Comme ses frères, le ST9 arbore une carène longue et étroite, armée d'un V à 24° au tableau arrière. Bref, taillée pour passer à haute vitesse dans la mer formée, comme l'exigent les clients britanniques, fervents de ce genre d'esquif.
Propulsé par le tout nouveau Honda BF 250, le ST9 nous a gratifié d'une V-max de 48,2 nœuds. Une valeur élevée compte tenu à la fois du gabarit du bateau et de la puissance installée, encore éloignée des 350 chevaux autorisés. Il est fort probable qu'avec trois passagers de moins et 100 chevaux de plus, les 55 voire les 60 nœuds deviennent réalité ! Autre critère intéressant, le rendement du moteur (ratio consommation/distance parcourue). De ce point de vue, il convient de souligner, en gras (!), le superbe 1,02 mille par litre obtenu à 3 500 tr/min, assorti d'une vitesse de 23,5 nœuds. Le rendement signé à 4 500 tr/min (autre régime de référence), en croisière rapide, est aussi digne d'éloges avec 0,76 m/l à 34,5 nœuds. Les chiffres d'accélération sont moins spectaculaires, avec un décevant 6"5 au déjaugeage. Il faut toutefois relativiser, car ce dernier possède une longueur à la flottaison et un déplacement conséquents. Difficile donc d'incriminer le nouveau Honda qui, par ailleurs, produit une sonorité harmonieuse, et distille sa puissance avec une souplesse rendant le pilotage très agréable et sûr. Il est vrai qu'à la barre du Scorpion, on se fait plaisir ! La longue carène se révèle vivante et d'une grande précision, que se soit en cap à la recherche du meilleur chrono, ou en virage, avec une accroche infaillible. L'absence de vagues dans la Baie de Naples, où nous évoluions, ne nous a pas permis d'extrapoler le confort en mer formée, le petit clapot de 40 centimètres rencontré ne pouvant servir d'étalon à une telle carène…
Conforme à la réputation de la marque anglaise dans le domaine dynamique, le ST9 surprend davantage par l'évolution esthétique amorcée par le chantier. Bien que partageant avec le Strike (essai dans Pneu Mag n°84), de nombreux éléments comme la carène, la poupe ou la console, il est moins "polyestérisé" que son alter ego, dont la proue intégralement stratifiée donnait un cachet plus hybride. Le ST9 reste davantage fidèle au concept semi-rigide, se contentant même d'un simple guide de mouillage en caoutchouc sur la pointe avant (guindeau électrique avec ancre traversante en option). Outre la beauté de sa ligne, on appréciera la construction robuste, malgré la finesse du dessin, et la finition exemplaire, que ce soit pour la confection des tubes en tissu Orca, assemblés dans la longueur, ou le gel-coat uniformément brillant. A cela s'ajoute la touche chaleureuse du teck synthétique, impeccablement posé, l'accastillage inox bien travaillé, à l'exemple de la main courante/taquet, des charnières de coffre affleurantes ou du mât de ski supportant feux de navigation et antennes, la "customisation" des sièges Ullman à amortisseurs, avec des socles redessinés, l'éclairage de cockpit par LED, pour les escales nocturnes…
Cette apparence flatteuse ne doit pas occulter l'agencement habile du cockpit, laissant de larges espaces de circulation (malgré les passavants étroits), les cinq/six places assises confortables, la console pouvant abriter un WC marin électrique (option), le volume de rangement impressionnant entre l'immense cale de poupe à ouverture par vérin électrique, le corps de la console (ample ouverture frontale) et le grand coffre moulé dans le degré avant du pont. Le confort, c'est aussi les deux plates-formes de bain (l'échelle est à bâbord), le solarium arrière, et un éventuel second bain de soleil à l'avant. Terminons par le poste de pilotage qui offre une excellente ergonomie, pas seulement grâce aux Ullman, mais aussi du fait des commandes parfaitement placées, du tableau de bord bien agencé (instruments parfaitement lisibles, emplacement pour les options électroniques) et du saute-vent efficace.
AU PONTON
La découverte visuelle du ST9 est aussi un plaisir. Les lignes élégantes sont agrémentées de détails à la fois sobres et respirant la haute technologie. L'accastillage customisé, réalisé dans un inox de qualité supérieure, la présence des sièges Ullman dont la base en polyester a été redessinée pour plus de finesse, les charnières "flush" du coffre avant, l'habillage du pont en teck synthétique (moins noble mais sans entretien), la peinture métallisée de la console, tout concourt à la séduction. Pour un avenir méditerranéen, le Scorpion a même compris qu'il devait proposer un solarium !
EN MER
Même à moins de 50 nœuds, piloter un Scorpion demeure un plaisir particulier. La précision chirurgicale de sa carène, son toucher de mer assez exceptionnel, délivrent une sensation de facilité grâce à un excellent "retour d'informations". Au travers des attitudes du bateau, le barreur "lit" le plan d'eau avec acuité. L'ergonomie de la position de conduite ajoute au plaisir que l'on a de diriger cette longue coque effilée. Seul petit bémol, le manque relatif d'énergie au déjaugeage, 250 chevaux devant être considérés comme la puissance "basse" pour un bateau de cette envergure. Soulignons néanmoins la belle performance du Honda BF250 en pointe avec 48,2 nœuds…