Remarqué au salon nautique de Paris pour son look agressif et sa finition luxueuse, le dernier né du chantier marseillais Neptys fait preuve en mer d'un mordant redoutable. Rapide, confortable, solide, ce Cobra donne envie d'acheter français.
Texte et photos Jacques Anglès
Tout comme le 27 First Life, premier modèle du chantier Neptys, le nouveau Cobra 21 est lui aussi entièrement conçu et construit à Marseille (carène et calculs de structure signés par l'architecte naval Olivier Philippot, design de Jean-Michel Angilieri). À sa manière, le Cobra se réapproprie, en version contemporaine, une forme traditionnelle de proue surélevée, parfois dite "à teugue", avec un profil de pont en S que le tube, par son volume, souligne fortement. L'esthétique est séduisante et peu commune en pneumatique, bien que Neptys ne soit pas le premier à l'adopter. L'italien Marlin en a fait sa spécialité depuis longtemps et en France, Kelt-Sea Hawk l'avait remise à la mode en 2006, avant d'être racheté par Zodiac qui l'a réinterprétée avec les N-Zo.
Quoi qu'il en soit, le Cobra 21 joue la carte de la différence par son design inventif et sa réalisation luxueuse. Outre son profil de pont en S accentué, il se distingue par sa haute étrave à profil convexe (qui allonge la flottaison en augmentant la stabilité longitudinale), son bouchain vif souligné par un redan courant de la proue à la poupe, et son haut franc-bord vertical. Sous la flottaison, la carène relativement étroite montre un V pincé à l'étrave s'évasant jusqu'à 18° au tableau arrière, et quatre longues virures de fond. Autre signe particulier, les flotteurs bâbord et tribord sont indépendants. À l'avant, ils s'encastrent dans le nez de proue rigide et, à l'arrière, ils sont fermés par d'élégants opercules en polyester équipés de "pare-chocs" en inox.
Le plan de pont se caractérise quant à lui par sa modularité. En version Luxe (notre essai), tout l'avant est occupé par un grand solarium sous lequel se loge un coffre plus que généreux, tandis que l'arrière est alloué à un carré avec deux banquettes en vis-à-vis. Ce carré se convertit, grâce à une table amovible, en coin repas convivial pour quatre à six convives (quatre sur les banquettes, deux sur les flotteurs) ou en second bain de soleil de belle dimension, ce qui est rare sur un bateau de cette catégorie, et ceci en laissant libre le large passavant bâbord qui court de l'avant à l'arrière. De plus, ces transformations sont faciles, grâce à un équipement bien conçu, à l'exemple des articulations robustes et pratiques qui permettent de basculer les dossiers de banquettes en position bain de soleil. Autre bon point à l'actif de la qualité de conception, tous les éléments amovibles (table, coussins de bains de soleil, mâts de bimini) sont fournis avec des sacs de rangement qui entrent dans le coffre avant. On apprécie de même, nombre de détails pratiques, tels que la trappe pour ranger directement les skis dans le coffre avant, la poignée inox sur la poupe du flotteur (pour faciliter la remontée par l'échelle de bain), l'arceau arrière élargi vers le haut pour augmenter l'ombrage du bimini, ou les coussins de banquettes articulés permettant d'ouvrir les coffres sans les ôter. Ce bilan élogieux n'échappe toutefois pas à quelques remarques : le pare-brise est peu protecteur et paraît fragile, les plates-formes arrière, à fleur d'eau à l'arrêt, sont toujours mouillées, et la banquette derrière le poste de pilotage tourne le dos à la marche. Cela dit, l'ensemble est séduisant et très pratique pour un programme de balade estivale. Précisons enfin qu'une version de base est également proposée à l'attention des pêcheurs ou plongeurs, simplement dotée d'un petit coffre avant et d'un leaning-post biplace au poste de pilotage.
En statique, le Cobra est séduisant pour un programme de balade estivale, mais qu'en est-il en navigation ? C'est ce que nous allons vérifier, alors que la rade de Marseille se plisse sous un mistral qui soufflera en violentes rafales en fin d'essai. Premier exemplaire de la série, notre Cobra bénéficie de la puissance maximale autorisée, délivrée par un 150 ch Mercury FourStroke. Sous la poussée de ce V6 très "pêchu", le déjaugeage est assuré en un éclair, sans marquer de cabré initial. L'accélération qui suit est tout aussi fulgurante, la barre des 20 nœuds étant franchie en moins de cinq secondes. De 20 à 30 nœuds, on dispose d'une large gamme de vitesses de croisière confortables, et en accélérant, la longue carène du Cobra tient ses promesses : équilibre impeccable en longitudinal comme en latéral, pas de déviation de sa trajectoire quand on lâche le volant, passages de vagues en douceur. Le pilotage est vivant et précis (malgré une direction hydraulique manquant de mise au point), et la réactivité au trim permet d'ajuster l'assiette au mieux. En sauts de vagues, le bateau reste bien en ligne, mais nous atteindrons tout de même ses limites dans des rafales traversières de plus de 35 nœuds, où la prise au vent fait déraper l'étrave, imposant une correction de la trajectoire qui fait pencher la coque vers l'intérieur, réaction assurément plus saine qu'une gîte vers l'extérieur. Côté performances pures, c'est très bien aussi : les 43 nœuds inscrits au GPS dans ces conditions musclées se classent parmi les meilleurs chronos que nous ayons enregistrés sur des coques de même catégorie avec la même puissance. En virages, le Cobra avale les longues courbes rapides avec facilité et, en virages serrés, il s'incline franchement avec une bonne accroche, mais attention à ne pas virer trop brusquement car la ventilation survient assez vite. En résumé, c'est un bateau rapide, agréable à piloter et qui tient la mer. Bien que le 150 ch lui convienne parfaitement, le choix d'un 115 ch (plus léger et moins cher) devrait donner toute satisfaction à des pilotes peu férus de hautes vitesses.
Conclusion
Look exclusif, qualités marines évidentes et réalisation soignée, voilà les trois atouts maîtres de ce joli canot à forte personnalité qui s'adresse à une clientèle de passionnés. Pour son second modèle, le jeune chantier Neptys confirme ici son talent. Très véloce et plaisant à piloter avec 150 ch au tableau arrière, le Cobra 21 colle parfaitement à son programme de balade estivale, avec un cockpit qui peut accueillir facilement six personnes.