Les qualités de cet ex-Rafale, réédité ici par 3D Tender, demeurent celles d'un semi-rigide haut de gamme, mais avec une finition simplifiée et un prix plus abordable : tenue à la mer, confort dans la vague au-dessus de la moyenne, plan de pont fonctionnel, robustesse de l'aluminium… De quoi se relancer ?
Texte et photos Philippe Leblond
Les amateurs de semi-rigides, dont nous sommes, sont nombreux à avoir déplorer le dépôt de bilan du constructeur nantais, Rafale. C'était il n'y a pas deux ans. Depuis, la marque a été rachetée par Sillinger (sans projet dans l'immédiat), tandis que 3D Tender a fait l'acquisition des moules des accessoires en polyester et a relancé la construction du gros œuvre en alu (coque et pont) dans les mêmes ateliers ACCO (Loire-Atlantique). Il serait donc dommage de bouder cet héritier, arrivant sur le marché sous la marque brestoise 3D Tender. Le R7.0 était le grand modèle de la petite gamme Rafale, venant se placer au-dessus des 630 et 560. Il y a bien eu un Rafale R8.0, mais il a été fait sur mesure pour les professionnels du Parc Marin d'Iroise, et n'a pas été exposé dans les salons nautiques. Doté d'une profondeur de quille exceptionnelle (V à 26° au tableau arrière, 64° à l'étrave), le R7.0 se signale aussi par une coque et un pont en alu, généreusement échantillonnés (5 à 10 mm d'épaisseur). Robuste mais pas rustique, le R7.0, même si sa finition n'est pas aussi relevée que par le passé, conserve sa ligne personnelle et élégante. "Baroudeur chic" avions-nous titré à son sujet pour l'essai publié dans Pneu Mag n°78… Cela reste vrai, car pour un semi-rigide en alu, le R7.0 a une vraie identité de bateau de plaisance. Reste qu'on pourra déplorer la disparition du pont en simili teck, le gainage cuir des mains courantes, l'éclairage LED de courtoisie... Mais, l'objectif de 3D Tender était surtout de ramener le prix à des proportions plus en phase avec un marché devenu difficile. Le cockpit autovideur est maintenant recouvert d'un tapis de caoutchouc d'un centimètre d'épaisseur à la fois antidérapant, drainant et amortissant. Une bonne idée, d'autant que le résultat n'est pas esthétiquement pénalisant et contraste harmonieusement avec les flotteurs en tissu Orca gris clair à motif carbone. Le gel-coat de la console, du leaning-post et de la banquette (non montée lors de notre essai) n'est certes pas aussi brillant qu'avant, mais on n'est pas dépaysé puisque ces éléments ont strictement la même forme, ainsi que les deux coffres arrière latéraux en alu, intégrés à la coque. Sous le plancher, un réservoir de carburant de 250 litres, procurant une autonomie satisfaisante, même avec la puissance maxi.
Avant de tourner la clé de contact pour livrer le R7.0 aux éléments, il convient de dire que malgré une épaisseur copieuse, l'aluminium a permis de contenir le poids de ce presque sept mètres. Avec 690 kg à vide, le R7.0 fait partie des semi-rigides plutôt légers pour cette longueur. Mais malgré cette relative sveltesse, son V de coque très profond impose d'opter pour une mécanique puissante si l'on veut exploiter les qualités nautiques d'un tel bateau. Le Suzuki DF 250 est à cet égard un choix presque "plancher", le V6 Nippon signant des performances honnêtes, avec 41,9 nœuds en pointe, mais il est vrai avec une hélice qui tire un peu court (6 300 tr/min). Avec une hélice de 21 pouces, et un moteur monté un peu plus haut, il y aurait certainement matière à gagner deux ou trois nœuds. Ce serait un peu au détriment des accélérations, mais il y a de la marge au vu des bons chronos réalisés, surtout au déjaugeage (2"9 !). Pour mémoire, nous avions obtenu 10 nœuds de plus, avec le même bateau, équipé du Mercury Verado 350 Sci… Pour ce qui est des vitesses de croisière, elles sont dans les clous : 20,6 et 28,4 nœuds à 3 500 et 4 500 tr/min. Du point de vue du comportement, le R7.0 se montre convaincant, surtout en mode "baroud" à vive allure, face, travers ou dos à la mer (clapot agressif jusqu'à un mètre et vent de force 4). L'étrave en lame de couteau tranche littéralement les flots, au bénéfice du confort des passagers, et pas une goutte ne vient rafraîchir l'équipage. Les quelques sauts effectués montrent une assiette longitudinale imperturbable, mais par contre, un léger déséquilibre à bâbord se fait jour, malgré un montage moteur décalé de 3 cm à tribord. 3D Tender envisage, prochainement, le lancement d'une copie de l'ancien Rafale R5.6, mais en remplaçant l'alu par le polyester. Affaire à suivre…
AU PONTON : Autovideur, le pont du R7.0 est bien dégagé (la banquette/coffre arrière optionnelle n'était pas montée pour notre essai). De plain-pied, si l'on excepte une marche discrète au niveau du poste de pilotage pour "monter" sur le pont avant, il offre une circulation facile, et bien sécurisée par l'épais revêtement de caoutchouc noir antidérapant qui sert également d'amortisseur en cas de chute et de protection pour embarquer du matériel lourd, comme des blocs de plongée, ou une caisse de pêche, par exemple… Les coffres latéraux arrière dispensent un bon volume de rangement. L'un d'eux abrite une pompe à eau de mer pour le rinçage du pont, après une partie de pêche. La sellerie du leaning-post n'a pas la même qualité que sur l'ancien Rafale.
EN MER : La carène du R7.0 n'a que peu d'équivalent dans le monde du semi-rigide en termes de finesse et de profondeur. Comme attendu, elle passe très bien dans la vague, limitant au maximum les impacts, même à allure soutenu dans un clapot agressif. Pour autant, elle ne se montre pas particulièrement vivante à piloter. La carène est très profonde et sa réactivité aux réglages de trim s'en trouve atténuée. Elle réclame aussi un certain niveau de puissance pour s'exprimer et signer de solides performances. A notre avis, il ne faudrait pas monter moins de 225 chevaux sur son tableau arrière… En virage, nous avons noté une gîte très modérée, surtout dans les courbes à gauche, avec une étrave piqueuse et une poupe qui dérape légèrement.