Essai Polaris Neptune 24,6 (7.50)

Le combattant des flots

Avec sa carène en aluminium, il ne craint pas le combat contre la mer. Solide comme un roc, il fait face aux éléments et sécurise son équipage. Spartiate, comme un bateau à usage professionnel, il lui manque peut-être une part de séduction pour se lancer à la conquête des plaisanciers.

Texte et photos Philippe Leblond


 43 056 € sans moteur (tarif 2013)
 7.5 m
 25
 42,7 nds 
avec 2 x Honda 200 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 97 septembre/Octobre 2013



Cela fait quelques années maintenant que la marque canadienne est présente sur le marché français. Il y a deux ans, de simple importateur, Ludovic Charles est passé au statut de constructeur. Il a pour cela repris une ancienne chaudronnerie, située à Angoulême, et obtenu de fabriquer, sous licence, les semi-rigides canadiens. La particularité essentielle de ces bateaux est préservée, à savoir leur gros œuvre et leurs accessoires en aluminium (coque, pont, console et sièges, accastillage). Et pour l'heure, ceux qui sont réalisés par Polaris France, le sont à l'identique des modèles construits outre-Atlantique. Les flotteurs, confectionnés en Belgique, sont assemblés avec du tissu Orca 1 670 décitex, un gage de durabilité. Pour ce qui est de notre bateau d'essai, hormis l'emplacement de la console et du réservoir, l'équipement du plan de pont laisse une certaine latitude à l'acquéreur. C'est ainsi qu'on trouve deux paires de sièges X-Craft, de part et d'autre de la console, et une banquette de poupe (maison elle) pour quatre personnes. Pas de solarium, ici, ce bateau étant avant tout destiné à des navigations sportives.
Au sujet du confort de la banquette arrière, on note que l'assise est trop haute. En contrepartie, cela profite au volume du coffre sec, situé en dessous. Par ailleurs, la mousse de la sellerie gagnerait à être plus ferme. Autre remarque, il manque aux passagers de cette banquette de quoi se tenir en navigation. Notons également que compte tenu du dossier non rabattable, l'accès aux trappes de visite du local technique qui barre la poupe (coupe-batteries, gaines de ventilateur de cale, filtres à essence, poire d'amorçage) n'est pas des plus commodes…Un mot également sur le rangement à bord. Outre le socle de la banquette de poupe, on trouve au sol deux cales, fermées par des trappes en plastique, un peu molles, contrairement aux autres composant très rigides du Neptune. Il y a aussi le corps de la console, mais le câblage électrique envahit une bonne partie du volume intérieur. Pour se "consoler", un vide-poches court sur toute sa largeur.
En s'installant au poste de pilotage, on appréciera les deux sièges jockey X-Craft, à amortisseurs et dossier rembourrés. Placés à bonne distance des commandes, ils offrent une position de conduite naturelle. Bien vu aussi, le boîtier de commandes Honda en position centrale, permettant le pilotage en duo, dans la grosse mer. Par contre, le levier de gaz un peu "soft" mériterait un réglage plus ferme. La planche de bord est assez spacieuse pour la pose de quelques aides électroniques à la navigation, sur étrier face au pilote, ou encastrées face au copilote. Concernant la console, qui s'ouvre en basculant vers l'avant pour l'accès au circuit électrique, Polaris aurait pu se contenter de faire plus léger. Epaisse comme un char d'assaut, elle supporte un pare-brise en plexi à son image. Le chantier canadien aurait gagné, sans entamer la robustesse de son semi-rigide, à économiser du poids sur ces accessoires, de même que sur les bittes d'amarrage, clairement surdimensionnées pour un usage plaisance.
Dans les eaux tumultueuses de la rade de Royan, le 750 Neptune va nous montrer, sans délai, que son tempérament marin est bien au diapason de son look de baroudeur. La prolongation de sa carène en chaise moteurs, lui octroie une longueur à la flottaison qui sert indiscutablement son aisance dans la vague, malgré le déport arrière du poids de la bimotorisation. L'étrave lourde et robuste combat la vague sans état d'âme. Mais, lors de certaines réceptions de saut (houle cassante de 1 m à 1,50 m), on passe plus en force qu'en finesse, comme en témoignent quelques coups de boutoirs dans la vague rattrapée. Toutefois, l'équilibre longitudinal est sain, même lorsqu'on sollicite franchement la cavalerie. On note cependant une légère tendance au roulis en recherche de vitesse maxi, sous l'effet d'un trim nettement positif. La stabilité est de retour dès que l'on atténue ce réglage. La tenue de cap s'avère rigoureuse, même avec mer et vent par le travers (4 à 5 beauforts). En revanche, la vague d'étrave restant plutôt en avant (même à vitesse élevée) quelques embruns viennent rafraîchir l'équipage, en dépit d'une console plutôt protectrice. Sans doute en raison du bouchain vif qui se dessine dès la naissance de l'étrave… Enfin, on ne peut que se montrer satisfait des aptitudes du Neptune en virage, en grande courbe ou en braquant serré, même avec remise de gaz massive en seconde partie de trajectoire. Le grip est franc et régulier, la gîte intérieure de même, apportant précision et docilité à la barre. D'autant que la motricité n'est pas prise en défaut, les deux V6 japonais exprimant toute leur puissance en relance. Quant aux performances, elles sont remarquables en accélération, mais moyennes en vitesse maxi (42,7 nœuds en trimant généreusement). Ce qui n'empêche pas le 750 Neptune de signer de belles allures de croisière (de 25 à 35 nœuds entre 3 500 et 4 500 tr/min)



photo Polaris Neptune 24,6 (7.50)


photo Polaris Neptune 24,6 (7.50)


photo Polaris Neptune 24,6 (7.50)


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Conclusion : Voilà un semi-rigide qui ne vous embarquera pas pour faire bronzette ! Son domaine de prédilection, c'est la navigation tout temps, à allure élevée. Confortable dans la vague, il témoigne d'une robustesse à toute épreuve, aucun bruit parasite ne parvenant aux oreilles du pilote. Par contre, on se montrera plus réservé à l'endroit du manque de recherche dans le dessin et d'une finition "brut de décoffrage", à un niveau de prix où la clientèle est en droit de se montrer exigeante. Mais, il est vrai que le Polaris est quasiment seul sur ce créneau, du semi-rigide en aluminium…




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