Essai Polaris Neptune 21,6 (6.50 )

Un solide marin

Pas d'effets de manches pour ce Polaris dont la robustesse le dispute à la rusticité. Sa mission : se déplacer rapidement, mer formée ou non. Ça, il sait faire ! Après, il ne faut pas lui demander de mettre le couvert à l'escale… Ce n'est pas trop son truc.

Texte et photos Philippe Leblond


 26 490 € sans moteur (tarif 2014)
 6.5 m
 18
 46 nds avec Mercury Verado 250 ch 4T
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Paru dans le Pneumag n° 99 Janvier/Février 2014



Dès le premier coup d'œil, il apparaît clairement que les semi-rigides Polaris de "plaisance" trouvent leurs racines dans le domaine du bateau à usage professionnel. Déjà par le matériau de base : l'aluminium. On en trouve ici partout, à l'exception des flotteurs, assemblés avec du tissu Orca 1 670 décitex, un autre gage de sérieux. La coque, le pont et les accessoires sont faits de ce métal facile à travailler et réputé pour l'économie de poids qu'il est sensé générer. Pourtant, on ne peut pas dire du 650 Neptune, qu'il se signale par sa légèreté. Il est même difficile de trouver sur le marché un semi-rigide de cette taille aussi lourd. Cet embonpoint est à coup sûr le résultat d'un échantillonnage élevé, tant il est vrai que les Polaris apparaissent quasi indestructibles. D'où la nécessité, nous allons le voir plus loin, de lui appliquer une certaine puissance. Premier aperçu de cette robuste constitution, le pont du 650 Neptune. Lorsqu'on embarque, même à sauter du haut d'un quai, rien ne bouge. C'est du compact ! Même pour ce qui est des couvercles des deux cales intégrées au pont, qui ne fléchiront pas comme c'est parfois le cas sur des bateaux plus légers. La circulation y est aisée, avec une console centrale laissant deux passavants de bonne largeur, et sûre, grâce à un antidérapant collé sur presque toute la surface. Par contre, le volume de rangement est assez restreint, le coffre de la banquette arrière n'occupant pas toute la largeur et contenant l'une des deux batteries (l'autre est dans le bas de la console), un extincteur et le coupe-batterie. Par ailleurs, les deux sièges Ullman, à amortisseur, ne proposent aucun rangement. Il reste bien sûr la glacière (94 litres) ajoutée en avant de la console et pouvant, en y ajoutant un coussin, offrir une place assise supplémentaire (ou deux pour des enfants). A la poupe, en arrière du dossier de la banquette on constate le prolongement du pont, sous la forme d'une longue chaise moteur, faisant office de plate-forme de bain, avec son échelle et sa douchette, dont le réservoir de 46 litres se situe sous le pont, en avant de la console.
Le point le plus remarquable dans l'architecture du 650 Neptune est la chaise qui déporte le moteur très en arrière, et augmente en quelque sorte la longueur à la flottaison, au profit de la tenue de cap et de l'équilibre longitudinal. L'assiette rassurante du Polaris dans la mer agitée dans un gros clapot greffé sur une houle de près d'environ un mètre est un facteur qui permet d'attaquer face au vent (force 4), sans arrière-pensée. Son étrave absorbe bien les impacts, et le confort en navigation se situe au-dessus de la moyenne, le poids important n'y étant pas pour rien. Malgré la puissance élevée (Mercury Verado 250 ch) pour un bateau de cette longueur, on n'a pas la sensation d'une surmotorisation. Le bateau reste facile à maîtriser, même lorsqu'on sollicite le trim pour l'obtention de la V-max, notant au passage une bonne stabilité avec la mer par le travers, et son aisance en virage rapide (gîte intérieure marquée, grip constant, absence de ventilation) achève de rassurer pilote et passagers. Le 650 Neptune est même sportif et amusant à barrer, plaisir quelque peu gâché par la mauvaise déflexion de l'étrave (une critique que nous avions adressé à son grand frère, le Neptune 750, essayé dans les mêmes conditions). Par temps difficile, prévoir des vêtements imperméables…
Au plan des performances, les chiffres sont plutôt flatteurs, le Neptune 650 se montrant particulièrement véloce. Nous avons atteint 46 nœuds avec une carène sale, mais le propriétaire nous dit avoir relevé 52 nœuds sur son GPS, lors de la remise à l'eau après l'hivernage. Les chronos d'accélération sont moins spectaculaires mais tout à fait dans le coup compte-tenu du poids du Polaris avec le plein de carburant et deux passagers. Quant aux allures de croisière "types", elles sont respectivement de 19,8 et 29,2 nœuds, à des régimes respectifs de 3 500 et 4 500 tr/min. De quoi naviguer plus de sept heures, sans refaire le plein.



photo Polaris Neptune 21,6 (6.50 )


photo Polaris Neptune 21,6 (6.50 )


photo Polaris Neptune 21,6 (6.50 )


AU PONTON : Pas de fioritures à bord du Polaris qui joue "cash" la carte du baroudeur. Une chose est sûre, il ne fait pas de l'œil à la clientèle féminine qui aura sans doute du mal à s'imaginer à bord de ce style de bateau. L'aluminium, matériau d'aspect plutôt froid, y règne en maître. Les angles droits sont aussi plus présents que les courbes et l'énorme davier qui enveloppe le nez du bateau n'est pas un modèle de légèreté esthétique. Par contre, tout est costaud. Pas besoin de prendre de gants avec ce semi-rigide herculéen : sauter du quai à pieds joints, embarquer sans ménagement du matériel lourd, frapper une amarre sur le roll-bar, toucher de la quille les hauts-fonds ou beacher sur une plage de galets ne fait pas peur à ce dur à cuire.




EN MER : La mer formée n'est pas un obstacle pour le 650 Neptune qui possède de solides qualités marines. Le niveau de ses performances est aussi à mettre en exergue. Avec plus de 50 nœuds (carène propre), il tire un bon profit de la puissance maxi installée sur son tableau arrière en forme de chaise-moteur, prolongeant la carène presque au-delà des cônes de flotteurs. Son poids est un précieux allié dans la mer formée, où sa carène passe en souplesse. Mais il exige un moteur de 200 chevaux minimum (peut être 175 ch si vous naviguez en équipage réduit). Equipé de deux sièges Ullman à suspension, il est taillé sur mesure pour le baroud. Par contre, n'oubliez pas votre ciré car la déflexion des embruns n'est pas sa qualité première. Et compte tenu de sa masse exceptionnelle pour un 6,50 m, pour les manutentions de remorque, prévoyez un véhicule puissant...




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