Avec ses gros flotteurs en néoprène, son allure robuste et son cockpit spacieux, ce familial construit en Turquie inspire confiance sans faire de manières. Vif et sûr en mer, il rassurera les nouveaux adeptes du semi-rigide tout en délivrant de bonnes sensations aux pilotes confirmés.
Texte et photos Jacques Anglès
S'inscrivant dans le cœur de gamme de la marque Aqua Boat, introduite sans tapage en France il y a deux ans, ce modèle cultive une polyvalence qui convient bien à sa dimension. Son cockpit doté d'aménagements simples, "parle" à tout le monde : les plongeurs et les pêcheurs y apprécieront la commodité de circulation, les familles y trouveront assez d'espace pour embarquer quatre à six personnes avec un confort suffisant pour des ballades à la journée. Les places assises sont généreusement distribuées : deux, très larges, sur la banquette arrière, une devant la console, deux sur la plate-forme avant, avec des coussins confortables partout. Le sixième passager trouvera une place assez agréable sur le boudin, à côté de la console, en se tenant à la main-courante de console ou aux saisines en nylon tressé qui courent tout le long du flotteur. La capacité maximale autorisée (neuf personnes) reste, comme sur presque tous les semi-rigides, réservée à de brefs trajets, et à condition de disposer de la puissance maximale pour assurer le déjaugeage. L'agencement avec console de pilotage décentrée sur tribord ménage un large passavant (37 cm) qui facilite les déplacements d'un bout à l'autre. La zone avant est spacieuse, au point que l'on imagine naturellement d'y installer une table de pique-nique, pas prévue par le constructeur, pas plus que l'extension de la plate-forme avant en bain de soleil, deux atouts qui feraient pourtant la différence dans une catégorie où la concurrence est forte. En revanche, l'AB 480 se démarque par son flotteur "extra-strong" en CR/CSM Orca (Pennel & Flipo) de 1 670 décitex, avec couleurs au choix (bleu, blanc ou gris). La réalisation de ce flotteur est soignée, avec un double liston en caoutchouc épais sur tout le pourtour, quatre poignées et de longues mains courantes en nylon tressé, bien placées et douces au toucher. Bon point aussi pour la fixation des pagaies, par sangles à Velcro, sur les côtés intérieurs des flotteurs, une solution pratique et sûre que l'on aimerait rencontrer plus souvent. Côté polyester, la construction utilise un plancher d’un seul tenant intégrant le coffre avant. La console et la banquette arrière sont vissées sur cette base, une solution qui privilégie la flottabilité et rigidité structurelle, au détriment toutefois des rangements, les fonds n’étant pas utilisés à cet effet. Il faudra donc être ordonné pour loger le matériel de sécurité, dans le coffre avant principalement. Le coffre de console offre un volume intéressant mais peu commode à cause d’une ouverture étriquée, et le coffre arrière est en partie occupé par la batterie et le réservoir d’essence portable, que l’on pourrait d’ailleurs déplacer derrière la banquette pour gagner de l’espace. La finition est soignée sur de nombreux points (poignées de maintien, selleries, fermetures de coffre arrière…), inégale sur d’autres (chaînette de retenue du capot arrière, antidérapant peu efficace), et la robustesse de l’ensemble inspire confiance (forte rigidité du plancher et des capots, épaisseur du tableau arrière, etc).
Par-delà ce constat statique globalement positif, il reste à s’assurer qu’il en est de même à la mer. La carène montre un V évolutif assez profond souligné par quatre longues virures, sans "patin" de fond ni inversion de bouchain sous les flotteurs, avec un profil "en coin", plus large à l’arrière qu’à l’avant. Cette forme favorise la portance arrière et devrait donc compenser la concentration des poids (moteur, batterie, réservoir, pilote et copilote) sur la moitié arrière de la coque, comme sur presque tous les pneus de moins de 5 mètres. Au tableau arrière, le 50 ch Yamaha semble assez "sage" au regard de là puissance maxi autorisée (71 ch), mais va démontrer qu’il suffit tout à fait à cette coque. Notons d’abord la bonne stabilité à l’arrêt, avec l’arrière du flotteur légèrement appuyé sur l’eau (bon point pour le confort au mouillage ou en pêche). Le déjaugeage est rapide, bien en ligne, avec une brève phase de cabrage avant la reprise d'assiette. Cette dernière reste sensiblement positive avec deux personnes sur la banquette arrière, ce qui incitera à en placer une sur le siège de console pour mieux "aplatir" le bateau et améliorer le confort (à plus de deux à bord les poids s'équilibrent naturellement). L'AB 480 se révèle vif, agréable à piloter, avec une excellente stabilité, sans éviter quelques coups de raquette par mer de travers si l'on met les gaz. Il est particulièrement amusant en virages serrés, avec une excellente accroche. En ligne droite, on tient la vitesse maxi en sécurité sur une mer de force 4, et ceci quel que soit l'angle d'attaque des vagues, avec une réactivité au trim qui permet un pilotage précis. Si l'on peut se féliciter de ce résultat, il est toutefois préférable de réduire les gaz pour améliorer le confort. La bonne vitesse de croisière se situe entre 17 et 24 nœuds suivant les conditions, aux régimes de meilleur rendement du moteur. Globalement la motorisation de 50 ch, conseillée par le constructeur, s'avère satisfaisante pour la plupart des utilisations, une motorisation supérieure n'étant à recommander que si l'on navigue fréquemment avec plus de quatre passagers ou pour le ski nautique..
CONCLUSION
Tenue de mer et plaisir de pilotage sont au rendez-vous sur ce modèle compact et facile à transporter, dont la construction inspire confiance. On aime son cockpit, capable d’accueillir cinq à six personnes avec assez de confort, aussi propice à la balade en famille qu’à la pêche ou la plongée, avec un bémol sur la capacité des rangements. Il lui faudra faire valoir tous ses atouts pour compenser le handicap que constitue une marque nouvelle, face à de nombreux concurrents bien installés sur le marché.