Ce grand semi-rigide in-board a une classe folle. Non seulement, il affiche une esthétique sublime et une finition irréprochable, mais il dispense un vrai plaisir de conduire. Quant aux passagers, ils apprécieront aussi de filer les chevaux au vent, au son du V8 américain. Un élégant " roadster nautique"; pour se rendre dans des criques dûment sélectionnées.
Texte et photos Philippe Leblond
L'Artik 750 EFB (moteur in-board) n'est pas, loin s'en faut, la plus grande unité du constructeur italien. En effet, Bat produit six autres modèles entre 8,50 m et 10 m, et possède dans ses cartons un ambitieux 42 pieds (12,80 m). L'Artik 750 n'en est pas moins un semi-rigide résolument haut de gamme. Déjà essayé dans sa version FB (voir Pneu Mag n°55) avec un Mercury Verado 225 ch, il est ici propulsé par un V8 Mercruiser essence développant 320 chevaux. Une base General Motors, à l'architecture et à la sonorité mythique, qui « cube » 6,2 litres ! Cette belle mécanique, marinisée par Mercury Marine, est alimentée par une injection électronique multipoint (MPI), moderne mais éprouvée. Cela devrait déjà vous mettre l'eau à la bouche… Mais, le meilleur reste encore à venir, avec une ligne d'une élégance rarement atteinte sur ce genre de bateau, et une qualité de construction et de finition parmi les plus exigeantes. L'observation détaillée d'un Bat est toujours un régal… La première chose qui accroche le regard, c'est le flotteur immaculé, impeccablement coupé et assemblé. On ne voit quasiment pas trace des collages ou des compartiments. Les valves de gonflage, en inox, sont siglées « Bat », tandis que le tissu, de l'Orca 1 670 décitex, est frappé de la chauve-souris, « blason » de la marque. La sellerie à deux tons (blanche et grise, comme les tubes), fait apprécier sa mousse ferme et son skaï de qualité « premium ». Cette impression de perfection est confortée par la qualité de la stratification, remarquable par son brillant et la pureté de ses lignes. Parmi les rares défauts, il y a l'absence de vérins pour maintenir les couvercles ouverts, sauf pour le capot de la cale moteur qui est, il est vrai, le plus lourd. On note aussi les brides de tissu enduit qui servent de saisines. Typiques du style italien, qui parfois privilégie l'élégance à la fonctionnalité, nous leur préférons les lignes de vie en cordelette. Si ces sangles sont indispensables à l'esthétique du Bat, elles pourraient comporter un discret rembourrage qui offrirait une prise plus confortable. Pour le reste, la qualité de réalisation et la conception tournent à la démonstration. Les deux solariums sont spacieux. Entre celui de l'avant et le siège biplace moulé sur l'avant de la console, on peut dresser une table en bois verni, réglable en hauteur, pour les moments de détente et de convivialité. Signalons aussi la présence d'un mini-frigo intégré dans la console… Côté poupe, on trouve une plate-forme de bain pleine largeur (un privilège de l’in-board, comme le solarium permanent), avec son échelle intégrée et une douche alimentée par un réservoir de 50 litres. Pour ce qui est du rangement, pas de souci, le moteur n’occupe qu’une petite partie de la cale, tandis que la console et le socle de bain de soleil avant recèlent de nombreux coffres. La banquette bénéficie d’un dossier enveloppant. Toutefois, on ne peut tenir qu’à trois, pilote compris, puisque son siège à coussin rehaussé fait partie intégrante de l’assise générale. Les gaz d’échappement qui font bouillonner l’eau du port sous la plate-forme arrière et le ronronnement bien plein du V8 au ralenti nous rapprochent du moment où l’on va pouvoir jauger la pertinence de cette motorisation in-board, sensiblement plus puissante (95 ch de plus !) que celle qui nous a permis de signer un brillant 46,2 nds avec l’Artik version hors-bord. La limite des 300 m est maintenant franchie, et j’accélère franchement. Curieusement, le Bat se cabre assez nettement, et met cinq secondes pour reprendre son assiette définitive. Une embase Bravo Three à double hélice ferait sans doute mieux que la Bravo One, mono hélice. L’accélération se poursuit, tandis que je monte le trim… Aucun mouvement de roulis, malgré un réglage poussé du correcteur d’assiette qui aère bien la carène. Au régime maxi (4 700 tr/mn), notre GPS s’arrête sur 42,4 nds. Une performance satisfaisante mais nettement en retrait de celle du Verado 225 ch. Deux explications possibles : le régime maxi en deçà de celui préconisé (4 800-5 200 tr/mn), à cause d’une hélice trop longue et le poids du moteur (451 kg contre 294 au Verado). La vitesse de croisière idéale n’en est pas moins respectable avec près de 27 nds à seulement 3 200 tr/mn. Une allure où le timbre du V8, devenu plus grave, permet de converser sans élever le ton. à cette vitesse, la consommation s’établit à 48 l/h avec un rendement assez « cool » pour un 6,2 litres de cylindrée. Il est même possible d’adopter une allure plus économique, puisque le bateau plane dès 2 200 tr/mn (14,6 nds). Le recentrage des masses et le centre de gravité abaissé, obtenus grâce au moteur in-board, donnent au Bat un équilibre parfait que nous avons pu apprécier en effectuant plusieurs sauts, avec des angles d’attaque divers, sur le sillage d’un Riva Opera (25 mètres). L’absence de coups de raquettes, même avec les vagues par le travers, et les réceptions en souplesse, nous ont permis de valider le confort de l’Artik en navigation rapide. à vérifier quand même dans une mer formée… En virage aussi, le bel italien fait preuve d’une efficacité exemplaire : du grip, pas de ventilation, des reprises de gaz franches. Un vrai plaisir pour le pilote qui jouit d’une ergonomie de pilotage remarquable (bonne position, bonne lecture du tableau de bord, protection du pare-brise), et pour les passagers qui se délectent du confort sportif et de sensations dignes des meilleurs roadsters automobiles. C’est là, qu’opère le charme de l’in-board… .