Spécialiste des semi-rigides haut de gamme, Bat est une des plus anciennes marques italiennes de pneumatiques. En conjuguant performances, agrément de pilotage et confort luxueux, le 745 Artik nous offre un brillant reflet de cette expérience nautique.
Texte Jacques Anglès – Photos Jacques Anglès et Philippe Leblond
Commençons par le meilleur. Au large de La Ciotat, par un mistral plutôt frisquet qui fait courir ses moutons en rangs serrés sur la Grande Bleue, je savoure l'instant. Lancé à 20-25 nœuds dans des creux de 2 mètres, le 745 Artik passe en toute sérénité là où d'autres seraient depuis longtemps «à la ramasse» (et pour cause, on n'aperçoit aucune embarcation aux environs !). Le bateau ne mouille pratiquement pas et montre un comportement très sûr, quel que soit l'angle d'attaque des vagues. Calé sur le siège de pilote, relevé pour l'occasion en position d'appui fessier, main gauche au volant, main droite sur les contrôles de gaz et de trim, j'apprécie la tenue de mer de l'engin et l'ergonomie du poste de pilotage, avec une console à base «rentrante» qui permet d'avancer les pieds. Et en sollicitant le puissant 6 cylindres Verado, je m'offre même quelques sauts de vagues bien en ligne, sans mettre la stabilité en péril, l'exercice étant néanmoins peu recommandé sur cette coque dédiée au tourisme rapide plutôt qu'au pilotage «course». Bref, c'est un vrai plaisir, même s'il faut bien reconnaître que le confort devient une notion assez relative dans ces conditions, surtout quand on fait route contre les vagues, comme pour l'instant. C’est déjà beaucoup plus confortable au vent de travers, où le 745 reste parfaitement stable dans cette mer creuse, et l’on peut accélérer progressivement en abattant. à 30 nœuds avec les vagues 3/4 arrière ou «plein cul», le confort est sans reproche, sans que la coque fasse mine d’enfourner en rattrapant les vagues. Le 745 Artik passe donc haut la main l’examen du gros temps... et confirme ses qualités dynamiques en eaux plus abritées. Signant un chrono de 46 nœuds en pointe, la carène s’avère très rapide et tout aussi plaisante à piloter que dans les vagues, avec une bonne sensibilité au trim et une direction douce et précise. En courbes longues rapides, on note un caractère très légèrement survireur qui pimente le pilotage, sans risque de décrochage. En virages serrés, l’accroche est parfaite, avec une gîte accentuée qui peut impressionner les néophytes. Pour ce qui est du pilotage, c’est donc un régal sur tous les tableaux. On se prend même à rêver d’une motorisation plus puissante qui devrait l’amener au-dessus de 50 nœuds... Mais revenons un peu en arrière. Les premiers pneus Bat remontent à 1960, avec des modèles de 3,80 m et 4,30 m, suivis par un 5,25 m qui a marqué la production transalpine de l’époque. Mettant à profit son expérience, le chantier s’est ensuite spécialisé dans les semi-rigides de luxe, avec une inventivité constante. à titre d’exemple, Bat a été le premier à proposer des proues «carrées», procurant une meilleure habitabilité du cockpit, une solution qui a largement fait école. La gamme actuelle compte 11 modèles de 5,10 m à 9,96 m dont quelques unités professionnelles (plongée ou transport de passagers). Tous se caractérisent par une fabrication soignée et un design créatif, dont le 745 Artik fournit une bonne illustration. Voyez par exemple l'originale delphinière, qui permet de laisser l'ancre à poste et évite le ragage de la chaîne sur le flotteur. Autres exemples : le capot de protection du guindeau faisant office de marchepied pour débarquer par l'avant, la console avec base «rentrante», pratique pour avancer les pieds quand on se cale sur le leaning-post, ou les valves de flotteur en inox. La réalisation inspire confiance, avec un flotteur en CR/CSM (Néoprène-Hypalon) 1670 décitex, une coque fortement structurée dont on apprécie la rigidité dans la mer formée et un gel-coat impeccable. La conception du cockpit colle bien au programme «balade et farniente», avec une dizaine de places assises, une bonne facilité de circulation et deux grands cockpits convertibles en bains de soleil (celui de l'avant étant vraiment géant avec sa rallonge optionnelle). On relève de bonnes idées, à l'instar des coffres arrière de plats-bords, sans passer sous silence l'accès peu pratique à l'échelle de bain. Côté équipement, on apprécie les solides taquets inox, les élégantes selleries grises et blanches, la table de pique-nique rabattable derrière la banquette de pilotage et la douche d'eau douce. Mais la qualité de ces éléments ne masque pas certains oublis peu en rapport avec la classe de ce modèle. Il manque notamment des vérins sous les capots de coffres et des poignées pour les passagers arrière, et il est anormal que les feux de navigation, obligatoires sur un bateau de plus de 7 m, soient en option. On regrette aussi que l'équipement standard n'inclue ni le guindeau (indispensable compte tenu de la conception du puits à chaîne), ni l'échelle de bain. Le chantier se doit de corriger ces oublis, ce qui est facile et sera pratiquement sans incidence sur la facture finale. Malgré ces remarques, reconnaissons que le 745 Artik nous a laissé une impression largement positive sur tous les points fondamentaux : tenue de mer, construction, confort et plaisir de pilotage..
CONCLUSION
Ce grand semi-rigide ne se contente pas de séduire par son luxe flatteur, avec un cockpit qui fait rêver de farniente dans les criques. C’est d’abord un engin de mer apte à sortir par tous les temps, doté d’une carène rapide que les pilotes sportifs apprécieront, et qui est néanmoins facile à prendre en main. Évidemment, le budget n’est pas à la portée de toutes les bourses, et le transport sur remorque exige un véhicule puissant, avec l’obligation de dégonfler les flotteurs pour respecter le gabarit routier. Le package avec 225 ch Verado + options proposé par l’importateur est pertinent.