Il n'y a pas à dire : ce Bat ne manque pas de charme ! élégant et bien construit, il ne se contente pas des apparences… Son aménagement de cockpit est bien pensé, dispensant espace et convivialité. Et comme côté performances, il n'est pas en reste… Comment ne pas succomber ?
Texte et photos Philippe Leblond
Aux antipodes de l'aspect brut et simple des pneumatiques traditionnels, cultivant l'image de travailleurs de la mer, le Bat 680 Indian soigne les apparences… Le découvrir à quai, dans sa robe d'un blanc immaculé, est un plaisir pour les yeux ! Pas de fausse note entre le blanc du tissu des flotteurs et le blanc du gel-coat brillant ou de la sellerie impeccablement coupée. Simplement rehaussé par l'orange des logos à la chauve-souris et de la bande antiragage bordée de liserés gris, l'ensemble a vraiment fière allure. Et l'inspection détaillée va apporter confirmation du soin apporté à la construction et à la finition de ce bateau au cockpit entièrement contre-moulé. Pas de doute, on a affaire à du haut de gamme ! D'ailleurs, le manufacturier de Loria n'a pas hésité ces dernières années à prendre la direction du semi-rigide de luxe, puisque la gamme, au-dessus de ce superbe 6,80 m, comporte de nombreuses grosses unités, jusqu'à 9,96 m. Ainsi, Bat a clairement affiché son choix en faveur de semi-rigides façonnés pour la promenade élégante en famille, et le farniente typiquement méditerranéen. Le 680 Indian n'échappe pas à la règle, montrant un plan de pont qui fait la part belle au confort, avec de nombreuses places assises et un solarium de belles dimensions. Débarrassons-nous tout de suite des quelques menues critiques que nous avons à formuler concernant ce cockpit de rêve. Bien qu'il n'y ait pas grand-chose à redire, mentionnons l'emplacement de la commande de gaz, dont le déport vers la droite, oblige le pilote à écarter un peu trop le bras pour gérer la puissance du Yamaha 150 ch HPDI, un excellent choix moteur par ailleurs. Un boîtier pupitre serait mieux placé, en même temps que plus esthétique… Autre reproche : le fait que la barre soit située au centre de la console ne permet pas de bien profiter à deux du siège pilote qui est pourtant un vrai biplace. Il y aussi les coffres qui ne ferment pas à clé, et l'impression de piloter (un peu comme sur un Cap Camarat) en position surélevée, en raison de du socle sur lequel se trouve le poste de barre (au-dessus du réservoir). De telle sorte que le cockpit apparaît peu profond et peu protecteur… Voilà pour le négatif. Tout le reste ne mérite que louanges ! à commencer par la capacité de rangement, peu commune, et la qualité des coffres contre-moulés et « secs ». Nous avons particulièrement apprécié la présence des deux coffrets à amarres sur la poupe, qui peuvent aussi bien accueillir palmes, masques et tubas. Autre bon point, la circulation à bord, avec un siège pilote et une console excentrés pour favoriser le passage (45 cm) vers l’avant, ou vers la poupe et sa plate-forme de bain. Le moulage en polyester, qui sert d’écrin à la grande banquette arrière (trois places), enveloppe les occupants et forme deux larges plats bords antidérapants (pointe de diamant) qui facilitent l’embarquement, l’arceau en polyester (démontable) servant à se maintenir. Dans le même souci d’efficacité, on trouve une bande antidérapante collée sur le sommet des flotteurs, à l’arrière. La douche de pont, avec son réservoir de 50 l est bien placée (le bouchon de remplissage est sur le plat-bord), au dos de la banquette. Deux gros taquets verticaux assurent l’amarrage. La cale arrière située sous la banquette contient les réservoirs d’eau et d’huile, la pompe de cale, ainsi que la batterie avec son coupe-circuit facile d’accès. C’est hélas la seule à bénéficier d’un vérin à gaz pour la maintenir ouverte… Au dos du siège de pilotage, se trouve une tablette rabattable pour le pique-nique (un peu étriquée). Celui-ci comporte aussi une assise biplace relevable permettant une position debout en appui, d’autant plus efficace que la console effectue un retrait au niveau des jambes et des pieds. Le tableau de bord, mis à part la petite critique sur le levier de gaz, frôle la perfection. Bien abrité par un haut pare-brise ceint d’une robuste main courante, il offre une bonne lecture des instruments moteur, et laisse une place importante pour l’adjonction d’options électroniques (GPS, sondeur, VHF). Le compas fixé au centre est dans l’axe de vision du pilote, les commandes électriques et la prise allume-cigare à portée de main. Le nable de remplissage de carburant est situé dans une niche sur le flanc de la console qui propose un bon volume de stockage, aidée en cela par le coffre placé sous le siège de sa face avant. Le grand coffre de l’avant, divisé en deux par une cloison centrale, supporte un solarium de 212 cm x 128 cm qui couvre également la baille à mouillage. Le nez du 680 Indian est surmonté d’un socle en polyester doté d’un davier repliable (bien dans l’éventualité d’un choc frontal !), de deux petits chaumards et d’un taquet inox. Tout est là pour réussir son mouillage. Si le tour du propriétaire est convaincant, qu'en est-il du galop d'essai ? Là encore, pas de mauvaise surprise. Surtout du plaisir, avec un niveau de performance remarquable, marqué par une pointe à plus de 43 nds (sur un clapot de 50 cm), tout en restant à 50 ch de la puissance maxi autorisée. Avec un 200 ch, le 680 Indian ne devrait pas être loin des 50 nds, sa carène en V évolutif montrant des dispositions évidentes pour la vitesse. Hydroplanant dès 15 nds et 2 800 tr/mn, le Bat offre à son pilote un choix suffisamment large pour adopter plusieurs allures de croisière différentes en fonction des conditions. On notera un très intéressant 25,8 nds à seulement 3 500 tr/mn, régime auquel l'autonomie devrait s'avérer excellente. Ces belles performances vont de pair avec une carène vivante et facile à prendre en main. Après un déjaugeage aisé ponctué d'un cabrage limité, la vitesse de pointe est accessible à l'aide d'un réglage de trim positif modéré. Un léger mouvement de roulis apparaît cependant, mais facilement contrôlable par de petites corrections à la barre. La mer rencontrée lors de notre essai ne nous a pas permis de « sortir l'hélice » et d'apprécier le comportement du Bat dans l'art du saut de vague, mais dans le clapot serré, sa carène a fait preuve d'une certaine souplesse. Précis et accrocheur en virage à rayon court, le Bat adopte une gîte moyenne, tandis que l'hélice ventile un peu, même avec le trim rentré. Ce phénomène, plus accentué dans les virages à gauche, dénote sans doute un montage haut du moteur favorisant la vitesse de pointe au détriment des reprises en sortie de virage. Pour ce qui est de la position de pilotage, elle est confortable et efficace, hormis le levier de gaz trop déporté….
CONCLUSION
Au moment de rendre le Bat 680 Indian à son sympathique couple de propriétaires, on ne peut s’empêcher de penser qu’il n’est pas loin de posséder le compagnon idéal pour ses vacances… Un semi-rigide élégant, accueillant, performant, dont le plan de pont affiche une conception bien maîtrisée, et dont le pilotage dispense de bonnes sensations. On se laisserait séduire à moins !