Dur au mal, solide dans la vague, ce semi-rigide "Springbok" forme, avec le Mercury Optimax 150, un duo détonant ! En exergue, un excellent rendement en vitesse de croisière, synonyme d'une autonomie… XL. Parfait pour partir traquer le poisson sur de longues distances !
Texte et photos Philippe Leblond
La présence des stickers Fiiish, qui barrent la console et le capot moteur, vous intrigue ? Elle s'explique simplement par l'identité du propriétaire de ce semi-rigide, Matthieu Guennal, designer des leurres portant cette marque. Cet homme étant passionné de pêche, il n'est pas non plus étonnant de découvrir, sur ce Centaure, quelques spécificités qui ne figurent pas sur la version standard. En premier lieu, la largeur majorée de ce modèle (2,90 m au lieu de 2,65 m), avec des flotteurs dont le diamètre passe de 50 à 60 cm, justifiant l'appellation "XL". D'où un gain de flottabilité, de profondeur de cockpit et de stabilité latérale à l'arrêt. Ensuite, on ne manque pas de compter les porte-cannes, fixés sur la banquette arrière (8 !) et sur la console (2). Et "last but not least", comme disent les Anglais, le vivier intégré en avant de la console, avec circulation d'eau de mer ! Ce vivier prend place dans un coffre qui existe en standard, mais pour du rangement. L'importateur, Concept Nautique, basé à Pont l'Abbé le transforme à la demande… Par ailleurs, ce propriétaire pas comme les autres a légèrement customisé son Centaure avec, par exemple, un éclairage de courtoisie de type LED et des supports de canettes, au pied de la console et de la banquette arrière. Sans oublier, cela va de soit, une centrale de navigation et de pêche Lowrance HDS, à grand écran, ainsi qu'une station d'accueil pour iPhone, pour pêcher en musique…
Pour ce qui est du gros œuvre, le Centaure présente une carène en V évolutif tendance profond, coiffée d'un pont en bois stratifié avec antidérapant moulé, renfermant un réseau de renforts de coque ultra dense. Le chantier de Cape Town propose plusieurs teintes de gel-coat (blanc, gris foncé, gris clair, noir, orange) et de flotteurs, en fonction du nuancier du fournisseur, qu'il soit Melher Texnologies pour le PVC, ou Pennel & Flipo pour le CR/CSM.
Côté pilotage, ce semi-rigide sud-africain présente un visage contrasté. Explosif, grâce à son Optimax 150 ch, un deux-temps dont le caractère sportif n'est plus à démontrer, mais pas très joueur, du fait d'une assiette très plate, la carène ayant tendance à rester au plus près de l'eau, un peu à la manière d'un Zeppelin. Pour la sentir vivre, il convient de lui administrer une bonne dose de trim positif. Ce comportement rassurant plaira sans doute à nombre de plaisanciers, notamment à ceux qui sortent en famille et par mer formée. Face aux vagues, le plaisir est quand même de la partie, car le Centaure passe bien, en amortissant les impacts. Les sauts d'une crête à l'autre sur la mer agitée (houle de 70 cm à 1,50 m), scandés par la sonorité nerveuse de l'Optimax lors des remises de gaz (on retrouve l'ambiance sonore des 24 Heures de Rouen), traduisent un potentiel sportif, mais qui s'exprime en sécurité. S'il est insensible au vent de face (équilibre longitudinal imperturbable), en revanche, il l'est un peu à l'effet de couple de l'hélice, penchant sur le flanc gauche lors des décollages. Ce petit déséquilibre reste tout à fait supportable, mais réclame d'être vigilant. Autre petit reproche, par mer de trois-quarts arrière, sa largeur importante fait qu'il a tendance à "raquetter" d'un bord sur l'autre, mais sans les rappels très secs parfois constatés avec d'autre semi-rigides. Par contre, en virage, le 620 XL affiche un comportement impérial, avec une belle précision de trajectoire, un grip fort et régulier, et une motricité sans faille qui lui permet de ressortir "pleine balle" des virages les plus serrés.
Pour ce qui est des performances, les chronos d'accélération parlent d'eux-mêmes : 2"9 pour déjauger et 4"4 pour passer les 20 nœuds ! Si la vitesse de pointe est honnête (41,1 nœuds), se sont surtout les rendements qui retiennent notre attention, avec notamment 1,23 mille au litre à 3 500 tr/min pour une belle vitesse de croisière économique de 23,8 nœuds ! A cette allure, le Centaure est capable de couvrir 220 milles avec un plein, soit aisément un tour de Bretagne ou un aller-retour continent-Corse !
Le constructeur sud-africain propose ses semi-rigides indifféremment avec des flotteurs en PVC ou en Néoprène/Hypalon, moyennant bien sûr un supplément substantiel. La construction polyester est robuste avec, notamment, un renforcement très dense de la carène (nombreux couples et varangues). Par contre, la finition est parfois un peu sommaire, mais il est vrai que ce semi-rigide n'est pas fait pour parader entre les pontons des marinas sélectes. Le Centaure est un bateau d'action, pour des utilisateurs qui savent précisément se qu'ils veulent à bord pour accomplir au mieux leur "mission". C'est ce que l'on constate immédiatement en embarquant sur ce 620 XL VPro d'un professionnel de la pêche aux leurres (d'où les stickers Fiiish) avec la présence d'une collection de supports de cannes, d'un vivier, d'une centrale de navigation Lowrance grand format et d'un éclairage LED de cockpit pour la pêche nocturne.
Le Centaure 620 ne craint pas la vague, comme il l'a démontré dans des creux agressifs culminant à plus d'1,50 m pour les plus hauts, et face à une forte brise. Le seul petit reproche que l'on puisse lui adresser, en termes de comportement, c'est un léger déséquilibre latéral lors des sauts, du sans doute à l'effet de couple du puissant Mercury Optimax 150 ch (réglage de la dérive anticouple perfectible ?). Sinon, il va de soit que ce bateau exprime un tempérament marin, voir hauturier même si sa catégorie de conception se cantonne à la lettre C. Pour ce qui est du cockpit, on peut regretter la longueur excessive laissée aux flotteurs au-delà du tableau arrière (au détriment de la longueur intérieure). Ceci a au moins un avantage : les cônes protègent le capot moteur en cas de choc avec le quai lors d'une marche arrière non contrôlée…