Avec ce semi-rigide, vous pouvez prendre le large l'esprit tranquille. Tout à la fois marin et confortable, il pourrait même se montrer fun à piloter à condition de rajouter une bonne poignée de chevaux. Sa simplicité, sa robustesse et sa fonctionnalité plairont aux amateurs de pêche et de plongée.
Texte et photos Philippe Leblond
Dans la production du chantier sud-africain (12 modèles de 4,20 m à 10,60 m), le 520 V Pro fait partie des semi-rigides d'entrée de gamme. Toutefois, comme les unités plus grandes, il laisse le choix au propriétaire entre six couleurs de flotteurs. Il est aussi possible de choisir la couleur de son gel-coat, avec le loisir de choisir une teinte différente pour la coque et le pont. Et pour la sellerie, le futur acquéreur dispose d'un nuancier de 15 coloris ! De quoi personnaliser son semi-rigide, et (un peu) prendre part à sa réalisation… Si les flotteurs sont, de série en PVC de chez Melher, Centaure propose, à la demande et moyennant supplément, du tissu Orca (Hypalon).
La notion d'entrée de gamme ou de haut de gamme est donc toute relative chez Centaure. D'une part, parce que tous ses modèles possèdent la même conception, tournée vers des utilisateurs sportifs, amateurs de pêche, de plongée ou de baroud (du coup, on trouve à peu de chose près les mêmes accessoires et le même accastillage d'un modèle à l'autre), et aussi parce que leur construction fait appel aux mêmes techniques et matériaux, que le bateau fasse 5 ou 10 mètres. Il est à noter que si la finition ne s'embarrasse pas de fioritures, la construction est solide, avec un bon échantillonnage et de nombreux renforts de coque (rappelons que le chantier du Cap fabrique des vedettes pour les garde-côtes).
Avant tout fonctionnel, le 520 présente un aménagement de cockpit spartiate, mais propose tout de même une petite banquette/coffre biplace, en plus du siège jockey monoplace du pilote. Le pont de plain-pied, à l'exception de la petite marche due à l'intégration de la baille à mouillage, est doté d'un antidérapant moulé et le cockpit est autovideur à l'arrêt, ce qui explique l'absence de puisard. Le choix d'une console étroite permet de laisser des passavants convenables afin de faciliter les déplacements de la poupe à la proue, ou se situe un coffre à mouillage coiffé d'un capot percé pour le passage de la chaîne. Le taquet, un peu à l'étroit dans la pointe avant, est secondé par un taquet coinceur et un guide en caoutchouc, pas assez profond. Comme pour le coffre arrière, on déplore l'absence de dispositif pour maintenir le couvercle ouvert. Malgré le passage des câbles sous le plancher, la présence d'un réservoir fixe et la batterie dans le bas de la console, il reste encore un peu de volume de rangement dans cette dernière (le coffre du haut est pratique pour les petites affaires).
Bien assis à califourchon sur le jockey avec dossier, le pilote possède une bonne vision vers l'avant et du tableau de bord, compact mais bien agencé. Dès la première accélération, on note le manque relatif de puissance, sans qu'on puisse incriminer le Mercury 60 ch. Simplement, il représente à peine plus de la moitié de la puissance maxi autorisée (115 ch), sur cette coque de 320 kg, en V profond de surcroît. Cette architecture réclame de la puissance, notamment lors du déjaugeage qui s'effectue laborieusement en 6 secondes, avec seulement deux personnes à bord. Les 20 nœuds sont atteints en 8,8 secondes, confirmant le besoin d'une cavalerie supérieure. Il en va de même pour la V-max qui butte sur la barrière des 30 nœuds… De ce léger manque de vitesse découle des rendements modestes : 1,67 m/l à 3 500 tr/min et 16,5 nœuds, en économique, et 1,54 m/l à 4 300 tr/min à 21,9 nœuds, en croisière rapide. Nous recommandons au moins 15 ou 20 chevaux supplémentaires, lesquels permettraient d'exploiter plus avant le potentiel de cette bonne carène, sans pour autant qu'elle devienne "pointue" à piloter. De toute façon, pour un équipage de quatre ou cinq membre, un plus gros moteur s'impose.
Sinon, que reprocher au Centaure qui s'avère à la fois plaisant à piloter, marin et confortable dans le clapot de 80 cm que nous avons rencontré. Même à pleins gaz et avec un peu de trim positif, on éprouve un fort sentiment de sécurité en passant sur les crêtes de vagues. Tenue de cap et stabilité sont dignes d'éloges. Malheureusement, on manque un peu de reprise en réception de vague, comme en sortie de virage, où sans doute en raison d'un moteur monté trop haut, l'hélice entre en cavitation à mi-virage.
Au ponton :
Il n'y a pas de quoi s'extasier sur l'esthétique du Centaure… Ce n'est d'ailleurs pas la vocation première de ce semi-rigide, qui présente bien d'autres atouts que sa finition sommaire et son look passe-partout (à moins de profiter des nombreuses combinaisons de couleurs offrant de personnaliser son bateau). Il y a d'abord sa construction, robuste, l'option flotteurs Hypalon, un cockpit de plain-pied, antidérapant et autovideur à l'arrêt, et un gabarit compact pour le transport sur remorque. Ce qu'il faut de rangement, des câbles et un réservoir sous plancher et un poste de pilotage bien étudié, laissant de larges passages sur chaque bord pour se mouvoir sans obstacles.
En mer :
Dur au mal, avec sa rigidité structurelle, sa densité (320 kilos coque nue), le Centaure 520 V Pro ne craint pas d'affronter la mer formée. Facile et agréable à barrer malgré un manque de puissance qui ne lui permet pas de montrer tout son potentiel, ce petit semi-rigide communique un sentiment de sécurité peu commun pour un bateau de cette taille. Maniable, précis en virage, avec une inscription naturelle, suivit d'une inclinaison intérieure modérée et régulière, avec un bon grip de la quille, le 520 V Pro est clairement pénalisé par le manque de reprise et une hélice qui entre facilement en ventilation. Avec 20 chevaux de plus, il devrait pouvoir déjauger plus vivement, accrocher les 33 nœuds et signer des rendements encore meilleurs, surtout s'il navigue avec un chargement conséquent (quatre à cinq passagers avec leur matériel).