C’est lors du Grand Pavois que nous avons pu faire l’essai de ce Centaure 6.20 XL. Un Centaure bien particulier, à même de taper dans l’œil de tout amateur de semi-rigide désireux de se différencier de l’ordinaire. En l’occurrence, celui de Nicolas, commercial de la marque sud-africaine importée par les bons soins de Stevenn Kerloc’h, à Pont L’Abbé dans le Finistère. Cette option esthétique vient s’ajouter aux qualités intrinsèques du Centaure qui s’est à nouveau signalé par son solide comportement marin et de belles performances. Voyons plus en détails ce modèle provenant d’une gamme de semi-rigides à flotteurs Néoprène/Hypalon qui s’étend de 5,20 m à 9,50 m…   

Au ponton

Le 6.20 XL n’est pas une nouveauté, mais décoré tel quel, il a piqué notre curiosité, Centaure n’étant pas une marque qui l’habitude de s’afficher de manière aussi « flashy ». Nicolas, l’heureux propriétaire détaille ce choix : « Je voulais vraiment quelque chose de différent, de plus personnel. II y a d’abord le choix d’un flotteur bicolore avec le contraste noir/orange vif que l’on retrouve sur le liséré de la bande de ragage. Mais c’est surtout le travail sur le moteur qui est original, avec cette couleur orange pailletée/nacrée, mise en valeur par l’insert central du capot et la sortie de câbles en covering à motif fibre de carbone, tout en respectant la charte graphique de Mercury. On trouve d’ailleurs le logo de Mercury au dos des sièges de pilotage. Il y a aussi les supports de cannes (Inox du Bocage) coordonnés à la couleur du moteur et des flotteurs… J’ai fait faire cette décoration chez un carrossier automobile. ». Plutôt réussie cette customisation !

Sur un plan plus technique, observons le montage du V6 Mercury, placé sur une chaise Seastar Jackplate, celle-ci étant dépourvue de powerlift. Ce support fixe procure un déport arrière du moteur qui permet à l’hélice de travailler dans un flux d’eau plus dense, à l’écart du tableau arrière, ce qui va de pair avec un montage plus élevé du moteur. Presque collée au tableau arrière, la banquette biplace sur coffre présente une sellerie confortable et laisse deux étroits passages permettant d’accéder au tableau arrière percé de deux nables pour la vidange du cockpit. Le dossier est réversible, permettant de s’asseoir en direction du sillage pour la pêche à la traîne ou la surveillance d’un skieur. Caractéristique des semi-rigides qu’apprécie les pêcheurs et autres chasseurs ou plongeurs sous-marins, le Centaure dispose d’un plancher en bois stratifié sur les deux faces. Ce châssis, doté ici d’un antidérapant moulé (efficacité moyenne lorsqu’il est mouillé), offre la liberté d’agencement que ne permet pas un plancher contre-moulé avec ses éléments fixes (coffres, sièges, console, leaning-post). Il est donc possible de disposer le « mobilier » de pont à sa guise en piochant, par exemple, dans le catalogue des options proposées par le chantier : console monoplace ou biplace, console-jockey, siège pilote à amortisseur, leaning-post simple ou double, rol-bar et, même, matelas de bain de soleil ! Ce dernier, avouons-le, n’est pas franchement la tasse de thé de la clientèle Centaure…

La disposition des équipements de pont sur ce modèle préserve deux espaces pour l’action de pêche : le principal, entre la banquette arrière et les deux sièges jockey, le secondaire, en avant de la console. Les flotteurs présentent des saisines interrompues au niveau de la zone arrière, pour un passage-plongeur sur chacun, doublé en tissu Orca Carbon et doté de deux poignées pour s’aider à remonter à bord. Les deux sièges jokey du poste de pilotage assure une bonne ergonomie, que l’on barre assis ou debout, et le copilote dispose d’une poignée bien placée pour se tenir lorsque la mer est difficile. La console renferme la batterie en bas, et un rangement sec en haut pour les affaires fragiles, en plus de ceux situés sour les selles des jockeys. Le tableau de bord, bien à l’abri du haut pare-brise et plutôt spacieux, accueille un grand combine Garmin à écran de 12 pouces (GPS Map 8412 avec sonde T51M (plus Arimar traversante B75H), une VHF fixe Standard Horizon, et la sono Fusion (six haut-parleurs), l’instrumentation Mercury avec Active Trim, ainsi que… quatre supports de cannettes pour les rafraîchissements ! En avant de la console, intégré au plancher, un vivier de 130 litres complète l’équipement pêche. Enfin, dans la pointe avant, on trouve une grande baille à mouillage dont le capot est percé d’un passe-bout, un taquet inox plus un taquet coinceur. Le guide-ligne en caoutchouc manque de profondeur selon nous.

En mer

Réputés pour leur caractère marin, les Centaure disposent d’une carène en V profond et de flotteurs de diamètre important. Si ces derniers prennent appui sur l’eau à l’arrêt (un bon point pour la stabilité recherchée par les pêcheurs et autres plongeurs), sur le 6 .20 XL, en navigation rapide, ils ne sont plus à son contact. Globalement, l’équilibre demeure bon par mer belle, même à fond, mais avec un clapot de 80 cm, un vent de force 3 à 4 et une vitesse maxi qui s’affiche à 47,3 nœuds au GPS, la stabilité latérale n’est plus la même et il faut s’en occuper ! Il est vrai que nous disposions d’un Mercury V6 de 200 chevaux (4,2 litres de cylindrée, tout de même !), ce qui représente la puissance maxi applicable à ce bateau. Ajoutez à cela une hélice plutôt longue (21 pouces) donc favorisant la vitesse de pointe, ce qui explique le léger sous-régime (5 600 tr/min au lieu de 5 800) observé lors de cet essai. Cette belle vélocité se répercute sur les régimes de croisière avec 39,1 nœuds à 4 500 tr/min et 28,7 nœuds à 3 500 tr/min, ce dernier pouvant être considéré comme relativement économique avec un rendement de 1,10 mille au litre. Toutefois, comme le Centaure, malgré sa carène profonde, est capable de planer à partir de seulement 2 200 tr/min, il est encore possible de naviguer à 3 000 tr/min avec un ratio distance parcourue/essence consommée encore plus avantageux (non mesuré). En tout cas, grâce au réservoir de 200 litres, même avec cette puissance maxi de 200 chevaux, les autonomies sont flatteuses : 182 milles à 4 500 tr/min et 198 milles à 3 500 tr/min, ces deux régimes correspondant à des allures de croisière élevées. Elles le seront encore davantage avec un hors-bord de puissance plus modeste. Nous conseillons un 150 chevaux, avec lequel le Centaure devrait être moins sportif mais plus facile à prendre en main dans les hauts régimes, sans se retrouver sous-motorisé.

Pour ce qui est du comportement, le 6.20 XL brille surtout par son confort dans le gros clapot. Grâce à sa carène au V marqué, il passe en souplesse quel que soit l’angle de navigation par rapport à la mer. Les gros flotteurs défléchissent la vague d’étrave efficacement, préservant l’équipage des salves d’embruns. La tenue de cap est précise, au même titre que les trajectoires en virage, même lorsque pris sans ménagement. La gîte intérieure reste modérée, mais les virures accrochent bien, permettant au Centaure de ressortir des courbes en pleine motricité. Le déport du moteur monté sur chaise autorise de belles accélérations avec un déjaugeage exécuté en 3’’2 (très peu de cabrage) et un 0 à 20 nœuds abattu en 4’’2. Il est vrai que le rapport poids/puissance de ce duo Centaure/Mercury (3,5 kilos par cheval) est particulièrement favorable à ces exercices de mise en vitesse… Et même si le Centaure est sensible au réglage de trim, la présence de la chaise fait qu’il n’est pas nécessaire de beaucoup trimer. Ainsi, le Mercury conserve un axe de poussée plus horizontal, délivrant toute sa puissance, tandis que la coque est bien déjaugée.