Marin et véloce, ce grand semi-rigide se prête volontiers à des programmes variés : balade et farniente au soleil, pêche au large ou raid-croisière à quatre, avec la tente de camping optionnelle. Son équipement d'origine très complet ne mérite que des éloges.
Texte et photos Jacques Anglès
Importés depuis peu en France, les Nautica Cab sont fabriqués près de Milan. Cette jeune marque créée par l'ex-pilote de motonautisme Vincenzo Caputo, s'est spécialisée dans le haut de gamme et propose aujourd'hui quatre modèles de 7 à 10 m. Vu à quai, le Dorado 8,7 fait bonne impression : il a l'air sérieux, sans faire d'esbroufe. Le flotteur gris pâle, soigneusement réalisé en tissu Orca de Pennel-Flipo, est bien protégé par un liston extra-large en caoutchouc bleu marine qui vient englober les extrémités arrière hémisphériques. La partie polyester est intégralement blanche, avec un bon antidérapant au sol, et la sellerie est, elle aussi blanche, juste soulignée aux coutures d'angles par des passe-poils bleu marine qui en améliorent la tenue. Les détails sont soignés, à l'exemple des taquets inox escamotables dans les plats-bords, ou des portes d'équipets en teck. De chaque côté, trois lignes de main courantes en Nylon bordent le flotteur et à l'avant un petit massif de proue avec surface antidérapante sert à la fois de marche-pied et de support pour trois taquets d'amarrage en inox. Ce massif comporte, en outre, un davier permettant de mouiller une ancre sur ligne en cordage, par exemple quand on pêche sur des fonds assez importants. Ceci complète le solide mouillage principal sur chaîne, passant dans un écubier d'étrave, avec ancre inox, guindeau électrique commandé du poste de pilotage et compteur de chaîne, le tout installé d'origine. Voilà qui donne une idée assez précise du niveau d'équipement standard, assez exceptionnel, de ce semi-rigide haut de gamme. Alors qu'il faut souvent passer par une liste conséquente d'options pour avoir un bateau réellement "prêt-à-naviguer", le Dorado 8,7 inclut pratiquement tout en standard. Jugez-vous même : outre les deux bains de soleil, on y trouve un frigo, une cuisine installée sous le leaning-post (réchaud à un feu et évier), une douche (avec réservoir de 110 l), un WC chimique, l'échelle de bain, une grande table en teck et même le taud de console ! Et ce n'est pas tout : côté technique, il y a aussi deux réservoirs d'essence en inox reliés par électrovannes, des éclairages de pont, la direction hydraulique et un gonfleur électrique. En fait les options se limitent au roll-bar (avec bimini intégré), au taud de camping et à l'installation stéréo. Côté conception, le cockpit se divise en trois zones. Farniente et repas à l'avant, pilotage au centre, cuisine, banquette passagers et second solarium à l'arrière, avec une circulation aisée grâce aux larges passavants. Quelques regrets tout de même : le dossier de la banquette arrière n'est pas assez large, l'accès à l'échelle de bain est peu pratique et on ne peut plus accéder à l'abri de console lorsque la table est en place. Néanmoins le tableau est largement positif, tout au moins en statique… Reste le principal, à savoir l'essai en mer. Contact ! Les conditions sont idéales : un mistral musclé avec des moutons qui cavalent en rangs serrés au large où la mer est courte, avec des creux de près de 2 m. Après quelques tests de prise en main qui semblent confirmer un bon tempérament marin, nous y allons franchement. Et là, un seul mot : bravo ! Dans cette mer dure ( force 6 établi) le Dorado 8,7 tire fort bien son épingle du jeu, caracolant sur les vagues à 20-25 nœuds en sécurité. Mer trois-quarts face ou travers, il montre une belle tenue, tant en longitudinal qu'en latéral. Vent et mer pleine face, cela passe encore, mais la prudence incite à lever le pied, tant les vagues sont abruptes, formant de vrais tremplins sur lesquels le Dorado, malgré ses 1 300 kg, s'envole, avec des amerrissages à suivre difficilement prévisibles sur ce chaudron bouillonnant. On ne prolonge pas trop l'épreuve de force et dès que le virage est pris tout redevient plus confortable. J'en profite pour noter que pas un embrun ne nous a mouillé, un bon point à mettre à l'actif de ce modèle. Vent et mer de travers puis trois-quarts arrière et plein arrière, le festival continue : je pousse un peu plus la manette des gaz : 25, 30, 35 nœuds, le Dorado rattrape les vagues les escalade, repart en surf jusqu'au prochain creux sans jamais enfourner. Il mérite sa bonne note ! Retour en rade ou le clapot semble, par comparaison, très lisse. Là, on peut pousser les Suzuki à fond, de bonnes mécaniques qui ont du répondant. Manettes dans le coin, ajustage du trim, les tours montent encore un peu, et le GPS accroche 48,7 nds en vitesse stabilisée à 6 100 tr/mn. Pas mal ! Je tente les 50 nœuds, carène super aérée… ça ne passe pas, mais il n'y a pas de quoi se plaindre ! Une chose est sûre, cette carène rapide montre une excellente stabilité à haute vitesse. Toutefois, plutôt que la vitesse de pointe, je préfère souligner son excellente vitesse de croisière : 27 à 36 nœuds entre et 4 500 tr/mn, avec un confort remarquable et un niveau de bruit très bas. Et en virages, le Dorado 8,7 est également très sûr, avec une bonne accroche et une inclinaison assez modérée. Bref, ce modèle montre qu'un ancien pilote de course est capable de penser "programme familial" et de réussir un semi-rigide à la fois rapide et confortable..
CONCLUSION
Sous une présentation plutôt discrète, ce bateau cache un sacré tempérament marin et accumule les bonnes notes concernant l'équipement, les grands volumes de rangement et l'agencement du cockpit. Ajoutons que les Suzuki 225, en twin, lui vont comme un gant, mais qu'il pourrait fort bien se contenter d'une puissance un peu inférieure. C'est un bateau qui donne des idées de croisières-raids, avec déjà presque tout ce qu'il faut à bord. La tente de camping est d'ailleurs prévue par le constructeur...