Importés d'Afrique du Sud, les Falcon se signalent par une conception simple, des qualités nautiques reconnues et un prix attractif. Le 650 SR en est l'exemple même : performances au-dessus de la moyenne, cockpit fonctionnel et aménageable à la carte, tarif amical… La bonne pioche ?
Texte et photos Philippe Leblond
Sans être spectaculaire, le 650 SR (troisième modèle de la gamme en partant du haut) présente une ligne sobre et harmonieuse. En parlant de sobriété, il ne fallait pas s'attendre à autre chose lorsqu'un 6,50 m s'affiche à 10 370 €. Quand bien même on se doit se contenter de flotteurs PVC, cela ne fait pas cher du mètre ! Une petite visite du propriétaire s'impose, afin de mieux cerner l'offre…
Premier constat, notre modèle d'essai est la version la plus simple que l'on puisse choisir. Un cockpit bien dégagé, avec une console debout au milieu. Point barre. Le pont en polyester vient fermer la coque, contremoulant une série de coffres. Celui de l'avant (une grande baille à mouillage, ou un coffre mais sans cloisonnement pour l'ancre), trois cales au sol (celle du centre pour le réservoir fixe optionnel de 100 l) plus un compartiment "technique" formant comme un second tableau arrière avancé. Les couvercles, dépourvus de charnières, sont amovibles (sauf les deux trappes de la cale technique qui contient la batterie, le filtre décanteur et la pompe de cale). On ne peut donc faire plus simple, mais au détriment de l'aspect pratique. La finition générale est correcte, tant pour la stratification que l'assemblage des flotteurs, un PVC venant de chez le fournisseur allemand Melher Haku. Une bonne chose, le câblage du moteur, en l'occurrence un Suzuki DF150, passe sous le plancher. Par contre, on ne trouve pas trace d'un taquet d'amarrage (pas même dans les extras), tandis que la proue se contente d'un simple guide de mouillage. En l'état, le 650 SR conviendra très bien à des plaisanciers pêcheurs ou plongeurs.Si l'on veut se concocter une version plus familiale (telle celle exposée au Grand Pavois, l'an dernier) il faudra piocher dans la corbeille à options. Par exemple, le chantier sud-africain propose une console biplace plus design, avec siège sur la face avant, un leaning-post pilote et copilote sur coffre, et une banquette arrière triplace sur tubes inox (démontable pour la pêche). Si vous y ajoutez le réservoir fixe et l'échelle de bain, l'addition grimpe aux alentours de 15 000 €. Ce qui reste encore très compétitif pour un 6,50 m, même en PVC. Signalons que notre modèle d'essai était paré des flotteurs "Storm grey" (gris foncé), facturés 518 €. Par contre, la couleur de coque est au choix, dans ce même gris, ou blanche, sans supplément.
Voyons maintenant ce que le 650 SR a dans le ventre… Le DF 150 ch, qui trône sur le tableau arrière, est encore à 50 ch de la puissance maxi autorisée. Mais, le bateau étant léger, il n'y a pas vraiment de souci à se faire quant à son dynamisme. En effet, quelques secondes après, une fois notre run pour le relevé de V-max terminé, le verdict tombe : 46,3 nds ! Et en plus, à 6 400 tr/min… C'est-à-dire en net surrégime - la fourchette constructeur est de 5 000-6 000 tr/min - ce qui laisse supposer que le DF 150 pourrait entraîner une hélice au pas encore plus long, sachant que l'essai s'est fait avec une 23 pouces, quand même. Des nœuds à gagner ? C'est fort possible, et pourtant au niveau du chiffre obtenu, on ne trouve pas beaucoup de 6,50 m pour faire aussi bien avec la même puissance ! Une évidence se dessine : avec 200 ch, les 50 nœuds sont largement à la portée du 650 SR. Mais serait-ce bien raisonnable ? Pas sûr, car même si le Falcon navigue très bien, se montre sain dans toutes les évolutions (virage large ou serré, recherche de vitesse maxi, saut sur les sillages rencontrés, accélération, déjaugeage…), il possède un rapport poids/puissance tellement affûté (moins de 4 kg/ch) qu'il est difficile d'anticiper son comportement avec la puissance maxi, surtout dans la mer formée, notre essai s'étant déroulé sur mer d'huile. Qu'en serait-il, dès lors, du confort et de l'équilibre de cette carène dans des conditions plus exigeantes ? Reste une certitude, le Falcon est capable de signer des rendements de haut vol, montrant ainsi à l'usage une économie en adéquation avec son tarif "low cost", et dispense un vrai plaisir de pilotage. Il pourrait d'ailleurs se contenter de 115 ch, et tutoyer les 40 nds. Déjà pas mal, non ?
AU PONTON
Simple est le mot d'ordre du chantier sud-africain. Par philosophie sans doute, mais aussi pour "sortir" un prix canon. Dans la version de base (celle de notre essai) il ne faut donc pas se montrer trop exigeant vis-à-vis de l'équipement. Par contre, en piochant dans les options, il est possible de se configurer un bateau plus confortable, notamment dans l'optique d'une utilisation en famille. Si le flotteur PVC est assez soigné, de même que la partie polyester, on ne peut s'empêcher de constater que Falcon a joué la carte minimaliste pour ce qui est de certains détails, comme l'absence de charnières pour les coffres...
EN MER
Il ne nous a pas fallu dix minutes pour comprendre que le Falcon possède des gènes sportifs. Sa vitesse maxi parle d'elle-même, et ses accélérations témoignent d'un rapport poids/puissance aiguisé (mois de 4kg par cheval !). Ces performances, auxquelles s'ajoutent de réelles qualités évolutives, génèrent un indéniable plaisir de pilotage. Vivant, réactif, pêchu, mais bien équilibré, le Falcon supporte sans problème son 150 ch, quand bien même il pourrait très bien se contenter d'un 115 ch. Quant à la puissance maxi de 200 ch, elle s'adresse directement aux adeptes du précepte "manette dans le coin".