Silhouette supersonique, palmarès sportif, rapport poids/puissance exceptionnel, carène et cockpit profonds, poste de pilotage ergonomique, le 700 RSR possède l'essentiel des ingrédients pour naviguer à haute vitesse. Ce Falcon est en quelque sorte un "jet privé des mers", mais pas besoin de "parachute doré" pour se l'offrir.
Texte et photos Philippe Leblond
Le 700 RSR est, avec 400 kg seulement (!), le plus léger des semi-rigides de sept mètres actuellement proposés sur le marché français. Ce "Sud-africain" n'a donc rien de la masse corporelle d'un pilier Springbok, et son compère du jour, le Suzuki DF140, avec ses 186 kg tout mouillé, n'a rien d'un sumotori japonais, son poids étant plus proche d'un 115 ch que d'un 150 (il est le seul 140 ch du marché). Ces deux-là réunis parviennent tout juste à dépasser les 4 kilos par cheval, un rapport poids/puissance qu'on ne voit que rarement dans les fiches techniques de nos essais… Ce ratio, très favorable à la performance, explique les presque 48 nœuds que nous avons relevés en vitesse maxi (deux personnes à bord, 45 litres de super). Quand on pense que la fiche technique autorise jusqu'à 225 ch, on se prend à rêver… Pour vous donner un aperçu du potentiel du 700 RSR, celui qui a remporté plusieurs fois le championnat de France Offshore, dans la catégorie Sport 150 ch, a atteint 61 nœuds grâce à la fougue de son Evinrude 150 ch HO… préparé, certes.
Vous l'aurez compris, le 700 RSR est avant tout taillé pour la promenade sportive. Au-delà de sa spectaculaire V-max, il convient de mettre en avant les excellents rendements qui en découleront (nous n'avons pas pu les mesurer), puisqu'à 3 500 tr/min, le Falcon glisse déjà à 23,5 nœuds, tandis qu'en croisière rapide, à 4 500 tr/min, notre Magellan indique 30,8 nœuds… Et il en reste beaucoup dans la poignée, jusqu'à 6 200 tr/min ! Les chronos d'accélération sont aussi très satisfaisants, le 700 RSR déjaugeant sans le moindre cabrage. Et à la barre, on ne s'ennuie pas ! Même le modeste DF140 suffit à mettre en évidence sa vivacité, sa glisse, sa précision. Un détail attire tout de suite notre attention : la sensation d'une assiette très neutre, presque piqueuse, comme avec certaines carènes à redans (le Falcon n'en possède pas). Pourtant le réservoir est loin d'être plein. En fait, le Falcon mérite d'être généreusement trimé, ne serait-ce que pour contrer l'effet de couple de l'hélice qui le fait un peu pencher sur bâbord. A plein régime, on ne note aucune propension à rouler d'un bord sur l'autre, comme le 700 RSR du championnat de France. La tenue de cap est rigoureuse et on aimerait bien monter plus de puissance sur le tableau arrière… En virage, le Falcon se comporte de manière incisive, avec une prise de gîte intérieure franche et une légère glisse en fin de courbe, lorsqu'on remet toute la puissance. Pas de ventilation, mais une certaine sensation de mollesse se fait jour (il est vrai que pour un 140 ch, la cylindrée du Suzuki est plutôt modeste). Question confort dans la vague, nous ne pourrons pas porter de jugement, faute à l'absence totale de vagues dans la baie de Quiberon, sinon celles de notre propre sillage… Le pont aménagé de manière sommaire traduit le prix très serré du Falcon. Le moule de pont, doté d'un antidérapant en pointe de diamant, n'intègre que le bac moteur (dommage qu'il prenne autant de place !) formant une sorte de tableau arrière intérieur, ménageant une petite cale technique avec deux panneaux ouvrants. Deux vide-vite sont percés à sa base. Les autres éléments sont tous rapportés sur le pont, que ce soit le leaning-post (celui-ci provient d'un Valiant Patrol 850), la console avec son petit siège sur l'avant, ou les deux coffres avant latéraux et la baille à mouillage. Surprise ! Ceux-ci ferment à l'aide de trappes capitonnées (pour former une banquette en U), venant se poser sur des bandes Velcro… Le moteur est relié à la console par les câbles de la direction hydraulique (Bay Star) et des commandes (simple boîtier latéral) passant sous le plancher. Si ce dernier est de plain-pied, on notera l'étroitesse des passavants (la largeur intérieure n'est que d'1,50 m) pour atteindre le coffre de l'ancre, où les flotteurs sont prolongés par un étonnant nez rigide (polyester). Ici, pas de davier, ni de taquet. L'accastillage ne fait pas partie du "vocabulaire" de base de Falcon qui laisse le soin à ses clients d'équiper leur bateau comme bon leur semble. Une liberté que certains apprécient (plongeurs, pêcheurs), d'autres moins…
AU PONTON
Pas de fioritures à bord ! Le 700 RSR en oublie même quelques accessoires essentiels, comme le dispositif de mouillage (pas de davier, pas de guide, pas de taquet...). Difficile de lui en vouloir en regard de son prix vraiment "canon". Pour ceux qui voudraient "améliorer l'ordinaire", le chantier sud-africain propose un catalogue d'accessoires, donnant notamment le choix quant au type de sièges. Sur un tel bateau, pour notre part, nous verrions bien deux "jockeys" et une banquette/coffre à l'arrière...
Le 700 RSR fait partie des ces semi-rigides qui mettent le pilotage à l'honneur. D'abord par le niveau de performance atteint (même avec un 140 ch, encore bien éloigné des 225 ch autorisés), mais aussi par son "toucher de mer", où s'exprime une grande précision de comportement, que se soit en virage rapide où à la recherche de la vitesse maxi. A n'en pas douter, sa carène à l'anglaise est faite pour les hautes vitesses...A vous de jouer !