Le charme très "old school" qui caractérise l’édition Vintage du 660, transparaît aussi sur le 560 Sportage, dont le cockpit aligne deux banquettes façon "automobile". Ce plan de pont, qui réserve de nombreuses places assises et deux solariums, fonctionne grâce à un cockpit très spacieux.
Texte et photos Philippe Leblond
Le 560 Sportage n'est autre que le petit frère du délicieux 660 Vintage qui avait fait sensation lors de sa première mondiale au Salon de Gênes. Même ligne, même facture (sans toutefois arborer les symboles faisant référence aux voitures américaines des fifties), même pont élargit dans sa partie avant… C'est grâce à cette forme de flotteurs en arc de cercle que Flyer confère à ses bateaux une augmentation de surface au profit, notamment, du solarium de proue. Autre point positif, la facilité de circulation autour du poste de pilotage, malgré la présence d'une console et d'un siège biplace. Un bémol toutefois, en raison du V profond de la carène, la stabilité à l'arrêt n'est pas exemplaire lors des déplacements d'un bord à l'autre. Voyons par le détail, ce que nous réserve ce cockpit qui n'est pas sans rappeler celui d'un canot automobile... Avec la présence des deux banquettes biplace (celle de l'arrière est plus large), ce sont quatre vraies places assises qui accueillent confortablement les passagers. Les dossiers, sur charnières inox de belle facture, se rabattent vers l'arrière (deux inclinaisons possibles) pour former le solarium de poupe dont les dimensions (206 x 116 cm !) n'ont que peu d'équivalent dans le segment des semi-rigides de moins de 6 mètres. Notez également la demi-assise relevable du siège pilote, permettant d'officier en position surélevée, et avec une meilleure visibilité que lorsqu'on est assis. Le rembourrage de ce coussin, qui abrite une glacière et une planche à découper, manque néanmoins d'un peu d'épaisseur… L'un des détails les plus remarquables réside dans le traitement du cabriolet, dont on peut louer les dimensions, mais surtout son rangement avec un coffre dédié, en périphérie de la banquette arrière. Une petite critique toutefois : en navigation, ses arceaux s'entrechoquent. Ce bruit "parasite" serait facile à supprimer en plaçant des silentblocs au bon endroit. Un détail que le constructeur ne devrait pas tarder à régler… Fidèle à son esprit créatif, le chantier italien, qui s'était illustré à la fin des années 90 par des solutions originales, fait encore apprécier quelques détails qu'on ne trouve pas chez ses concurrents. Outre ce coffre sur mesure pour taud de soleil, on note aussi la main courante, présente sur la plate-forme de bain bâbord, intégrant l'échelle télescopique (rare sur un bateau de cette taille), ainsi que les élégantes ferrures inox qui parcourent le sommet des cônes des flotteurs, coiffées d'un taquet "maison", ou celles qui ornent la proue, pour protéger l'étrave du ragage de la chaîne d'ancre. Du bel ouvrage qui situe bien l'exigence ayant présidé à la création de cette nouvelle gamme, comme le confirme le traitement des coffres, malgré l'absence de serrures sur ces derniers. Les couvercles sont montés avec des charnières inox "flush" (pas de risque pour les pieds !), et assistés par des vérins à gaz, le fond des coffres enduit de gel-coat brillant, et le montage des éléments techniques de la cale arrière, très méthodique.
Séduisant en diable, le 560 Sportage propose-t-il un comportement marin à la hauteur de son physique avantageux ? La réponse est plutôt positive. Mais, malgré toutes les qualités qu'on lui connaît, le Honda BF90 peine un peu à exploiter cette belle carène au V prononcé. D'autant que le Flyer est lourd… Cette puissance doit donc être considérée comme le seuil inférieur pour ce bateau, comme l'attestent nos chronos d'accélération, en demi-teinte. Le chiffre de vitesse maxi obtenu par nos soins est un peu inférieur à celui réalisé par Honda Marine Italie : 32,2 nds ( il est vrai avec 200 tr/min de moins) contre 34 nds. Cet écart réside sans doute dans la différence considérable de température ambiante entre les deux essais : 39° pour nous contre 16° pour Honda. Et l'on sait l'importance d'une température plus fraîche dans les performances d'un moteur… Reste que, même avec 34 nds, la vitesse de pointe est plutôt dans la moyenne basse. Difficile d'imaginer que l'on puisse gagner quelques nœuds avec un choix d'hélice différent puisque avec 6 000 tr/min (pour Honda) et 5 800 tr/min (pour nous), le régime maxi est "dans les clous". Mais il y a plus important que la V-Max pour un semi-rigide comme le Flyer, et il convient de souligner le bon rendement (1,43 m/l) obtenu à 4 000 tr/min, soit 21 nds. Une vitesse de croisière quasi idéale pour ce bateau à programme familial. En termes de comportement, le 560 Sportage est plus convaincant, notamment pour ce qui est du confort dans le clapot, réellement satisfaisant. En présence d'une mer seulement agitée par un petit clapot, nous sommes partis à la rencontre de sillages de grosses vedettes, et après de nombreux passages à toutes les allures (en croisière, ou à fond, avec décollage à la clé), on peut en déduire que cette carène passe bien. Il faut néanmoins affiner le réglage du trim, sous peine de générer du marsouinage. Si ce mouvement du nez, du haut vers le bas, n'est pas préjudiciable à la tenue de cap, il peut pénaliser le bon travail de l'étrave. Le Flyer possède une carène qui s'aère naturellement (avec une proue un peu légère quand même), et dès lors l'utilisation du trim positif n'a de raison d'être que dans la recherche de la vitesse maxi. En virage, l'inscription est franche, presque trop, le bateau ayant tendance à "tomber" sur son flotteur intérieur, ce qui peut engendrer des variations de gîte (intérieure), entraînant une légère glissade suivie d'une "reprise de carres" assez musclée. Ce phénomène n'intervient que lorsqu'on attaque les virages à fond et avec des remises de gaz brutales. En usage "normal", le Flyer se montre docile et précis.
CONCLUSION
Le 560 Sportage est un semi-rigide qui séduit autant par son esthétique personnelle (très réussie) que par son habitabilité et la qualité de ses finitions. Le bilan dynamique est plus contrasté, car le 90 ch est un peu juste pour l'obtention de performances élevées. Par ailleurs, tout en étant sûr et maniable, le Flyer réclame un peu de "métier" pour optimiser son pilotage. Enfin, son tarif est sensiblement supérieur à celui du marché…