Chez Joker Boat, l'esprit du semi-rigide reste intact et le nouveau Clubman 26 en fait une brillante démonstration. Il place au premier plan ses qualités marines et son cockpit fonctionnel, en y ajoutant une qualité de réalisation et une élégance raffinée qui ne peut que séduire les connaisseurs.
Texte et photos Jacques Anglès
Effectué en plein mois de février, cet essai se place sous le signe d'un froid polaire, mais heureusement le plaisir de pilotage fait oublier la rigueur de l'hiver. Qu'on en juge : à 35 nœuds au GPS (ce qui n'est pas rien !), votre pilote-essayeur, bien calé sur la banquette leaning-post, se régale aux commandes de ce gros semi-rigide qui efface le clapot sans avoir l'air d'y toucher. Les flotteurs, assez hauts, sont bien dégagés de l'eau, ce qui évite les "coups de raquette", et l'assiette longitudinale est parfaite. Si cette longue coque en V évolutif aime être légèrement trimée pour faire valoir son potentiel, elle se montre très tolérante sur le réglage et ne mouille pratiquement jamais ses passagers. Surtout, elle fait preuve d'une stabilité irréprochable en navigation, due à l'effet conjugué d'un dessin efficace et d'une répartition des poids soignée, avec les réservoirs situés pratiquement au centre de gravité. Et comme ces 35 nœuds sont atteints à un régime de père de famille (4300 tr/mn.), il y a de la puissance en réserve. En poussant la manette de gaz "au taquet", le Clubman 26 devient même franchement sportif, accrochant 44,6 nœuds au GPS sur une mer clapoteuse, avec juste ce qu'il faut de trim pour bien "aérer" la carène. Bref il y a lieu d'être satisfait et l'on peut même espérer mieux (46-47 nœuds) en optant pour un montage du moteur un cran plus haut que sur notre modèle d'essai, ce qui devrait en outre apporter encore plus de douceur de pilotage. Si la performance est digne d'éloges, cela ne doit pas faire oublier que cette carène, conçue d'abord pour un usage "familial", est assez large : il est donc logique qu'elle devienne un peu "dure" à haute vitesse sur du clapot (seuls les V très profonds échappent à cet inconvénient au-dessus de 40 nœuds, mais induisent des bateaux étroits). En revanche, le confort est parfait entre 30 et 35 nœuds, une vitesse de croisière qui équivaut au "maxi" de nombreux modèles. Bonne note donc pour les performances et le comportement en ligne droite, avec une confirmation en courbes large et en virages serrés, où le pilote est à la fête. L'accroche de la carène et sa capacité à virer très court sont en effet stupéfiantes. Jugez vous-même : à plus de trente nœuds, on peut la "balancer" sans ménagement, elle ne décroche jamais et se révèle capable de virer sur une quinzaine de mètres avec une inclinaison impressionnante. Si la sécurité est totale, l'exercice est toutefois déconseillé en présence de passagers néophytes... On apprécie d'autant mieux ces qualités que la banquette de pilotage est un modèle du genre : haute, avec la face avant arrondie, elle offre au choix, un excellent appui fessier en pilotage debout, ou une position assise confortable, avec un solide cale-pied placé à bonne hauteur sur la face arrière de la console. De plus, sa grande largeur (1,06 m) offre deux places spacieuses, avec une solide poignée de maintien pour le copilote. Il en va de même pour la banquette arrière (trois/quatre places) et la banquette frontale de la console (deux places), dotées elles aussi de véritables "rampes" d'inox. Ces détails pratiques donnent la mesure d'une qualité de conception et de fabrication qui s'applique à tout lebateau, à commencer par la partie pneumatique, réalisée en Néprène-Hypalon 1700 décitex, avec six compartiments dotés de belles valves en inox siglées Joker. Les collages sont nets et tous doublés par des bandes de renfort, et le pourtour du flotteur est efficacement protégé par un double liston en caoutchouc qui englobe les extrémités arrière. Côté polyester, c'est tout aussi sérieux, avec un gel-coat irréprochable, des anti-dérapants type "pointe de diamant" moulés dans la masse sur les surfaces horizontales (plancher, plats-bord, marchepied avant) et des capots de coffre en sandwich. L'ensemble cockpit-pont, moulé d'une seule pièce (sauf le haut de console, qui est démontable en cas de dépose des réservoirs), et la coque renforcée par de larges varangues et des longerons en oméga, assurant une excellente rigidité globale, sans résonances ni vibrations parasites en navigation.
La sellerie, soulignée par des surpiqûres et des passepoils rouges, est à l'image du reste, élégante mais sans effets de manche, tout comme le design, qui ne néglige jamais l'aspect pratique. Le massif de proue en polyester donne le ton : assez large pour fournir un marchepied commode, il est doté de deux gros taquets d'amarrage et d'un davier intégré qui déborde juste assez pour éviter le ragage de la chaîne sur le flotteur avant. Seuls deux détails dénotent dans ce concert de louanges : l'ouverture des coffres avant et du local de la console, qui nécessite une clé spéciale (peu pratique et avec risque de perte), et les mains courantes en cordage, qui ne courent pas tout le long du flotteur. .
Conclusion
Avec ses 8 mètres de long et ses boudins blanc et rouge de 63 cm de diamètre, ce grand semi-rigide attire tous les regards, ceux des connaisseurs comme ceux des badauds ! Mais malgré son indéniable élégance, le Clubman 26 n'est nullement frimeur et se distingue surtout par une réalisation de qualité, un comportement marin au-dessus de tout soupçon et un cockpit offrant un bon compromis entre le confort des places assises et l'espace au sol. L'importateur, HEP, le proposera dès juin en package, avec le tout nouveau Yamaha 250 4 temps. à défaut d'être à portée de toutes les bourses, cet attelage devrait être proche de la perfection...