Le sérieux de la marque italienne est encore à l'œuvre sur ce nouveau 6 m dédié à la balade en famille ou entre amis, avec un cockpit convivial et une super plate-forme de bain. Son excellente carène délivre un pilotage sportif et des performances surprenantes, même avec une puissance relativement modeste au tableau arrière.
Texte et photos Jacques Anglès
Fidèle à la tradition maison, le Coaster 600 cultive un luxe sans frime, tant au niveau du design qu'à celui des finitions. La présentation est impeccable et de bon goût, avec un flotteur blanc cassé que souligne un double liston gris et bordeaux, couleur reprise sur la décoration des selleries, le tout sur fond de polyester immaculé. Très classe !Chez Joker Boat, on soigne l'élégance dans un registre classique, mais celle-ci n'est conçue que comme la touche finale d'un travail qui vise d'abord une qualité de fond, y compris sur ce qui ne se voit pas.Le flotteur par exemple :il est bien sûr réalisé en CR/CSM Orca 1 670 décitex, soigneusement collé à la main, avec des renforts sur tous les assemblages. Mais il se distingue par deux détails : il comporte six compartiments étanches, là où presque tous ses concurrents n'en comptent que cinq, et il est doté de valves en inox (siglées Joker s'il vous plaît) au lieu des habituelles valves en plastique gris que l'on voit partout. La coupe du flotteur, en long, est étudiée pour réduire le nombre des collages : ainsi, aucune «couture» n'est visible sur la face extérieure et une seule sur la face intérieure. Une démarche tout aussi attentive s'applique à la partie polyester. Si la conception donne la priorité aux aspects fonctionnels (rangements nombreux, circulation facile), elle ne néglige pas l'esthétique, qui est à la fois moderne et sobre, sans risque de se démoder rapidement. Voyez par exemple le dessin de la console ou la façon astucieuse de traiter la «baignoire» moteur en large plate-forme de bain, avec sol antidérapant, et communication de plain-pied depuis le cockpit par un simple portillon (celui-ci paraissant par contre trop fragile). Seul regret : la table de pique-nique est oubliée, alors que le cockpit avant offre un emplacement idéal pour l’installer. à méditer… Pour augmenter la rigidité, le pont est moulé d’un seul tenant avec les coffres et les socles de la console et du leaning-post. Cette structure reste néanmoins relativement légère (peu de remontée sur les côtés, pas de grands plats-bords, un massif de proue simple, des capots en sandwich...) afin de réduire le poids. La carène est quant à elle structurée intérieurement par de gros longerons et des varangues et, extérieurement, par deux longues virures et un bouchain inversé. Et pour en terminer avec le polyester, son aspect ne souffre aucune critique : gel-coat brillant, antidérapant «pointe de diamant» efficace, aucune amorce de faïençage. Il en va de même des éléments d’inox, fonctionnels, dont trois exemples donnent le ton : l’échelle de bain encadrée par des rampes pratiques, la protection des feux fixés sur le roll-bar par un barreau formant main-courante, et les fermoirs de coffres, réglables et verrouillables. Enfin, les selleries sont d’excellente facture, avec passe-poils, doubles coutures type «sellier» et formes moulées. Elles sont toutefois un peu fermes. Bref, on est devant un produit convaincant, qui présente très bien, auquel il manque peut-être un brin de fantaisie côté design. Disons qu’il est plutôt Mercedes que Ferrari… à cette remarque près, le plumage est flatteur, mais qu'en est-il du ramage ? Voyons cela. Pour cet essai, notre Coaster 600 est équipé d'un 115 ch 4-temps Yamaha, une puissance qui semble à première vue assez légère au regard de la puissance maxi autorisée (160 ch) et de la longueur. C'est oublier que ce modèle se classe parmi les plus légers de sa catégorie et ne requiert donc pas de surpuissance pour s'exprimer. Il surprend même par la vivacité et les performances qu'il délivre avec seulement 115 ch. Le temps de déjaugeage parle de lui-même : 2,7 secondes, autant dire un chrono de grand sportif. Et la vitesse maxi, 38 nœuds «manette dans le coin», est tout aussi flatteuse. Certes, le F-115 à injection a du répondant, mais les qualités de glisse de la carène sont aussi pour beaucoup dans ces résultats. Le déjaugeage est marqué par un très léger cabré, avec reprise d'assiette quasiment immédiate. Le bateau reste bien en ligne dans cette phase et il suffit d'accompagner l'accélération par un suivi progressif au trim pour que le bateau reste imperturbable en cap. En outre, on ne relève aucune velléité de marsouinage ou de perte de stabilité latérale si l'on donne trop de trim. Le poste de pilotage biplace est confortable, avec une banquette assez haute qui forme leaning-post pour la conduite debout, celle-ci étant plus agréable que la conduite assise malgré le large cale-pied encastré dans la console. Le pare-brise, assez haut, assure une bonne protection et la main-courante qui l'entoure offre une prise sûre au copilote. Bien installé, le barreur profite à fond des sensations de pilotage dont cette carène n'est pas avare, avec une direction précise, une accroche sans faille en virage et un bon passage dans les vagues. Deux autres données viennent confirmer les qualités dynamiques de la coque : sa capacité à planer à basse vitesse et son allure en croisière (20-25 nœuds), élogieuse compte tenu de la puissance modérée du moteur. Très agréable avec le 115 ch, le Coaster 600 devrait faire le bonheur des pilotes sportifs avec 20 à 40 ch de plus. Toutefois, nous conseillons le 115 ch pour un usage de balade «normal», avec l'avantage d'une moindre consommation et d'un poids plus léger (beachage, mise à l'eau)..
CONCLUSION
Un semi-rigide de qualité, dont la grande plate-forme arrière, de plain-pied avec le cockpit, devrait plaire aux plongeurs et aux baigneurs, avec la balade au soleil comme programme de prédilection. Son tempérament marin bien trempé permet de sortir sans redouter un changement de météo imprévu. Facile à prendre en main, il offre aussi une vivacité de pilotage et des performances propres à séduire les pilotes confirmés. La construction et les finitions, de haut niveau, font honneur au chantier.