À plus de trente nœuds en vitesse de croisière, le nouveau Joker Mainstream 33 est en parfait accord avec l'élément marin. Sûr, endurant et agréable à piloter avec les nouveaux et excellents diesels Hyundai-Marine, il est capable de dépasser largement 40 nœuds, et en toute facilité.
Texte et photos Jacques Anglès
Nouvel amiral de la flotte Joker Boat depuis sa présentation au dernier salon de Gênes, le 33 Mainstream peut faire la fierté du constructeur italien : avec 10 m de long et 3, 63 m de large, cette luxueuse unité en impose. En prenant les commandes de ce modèle vous pouvez être sûr d'une chose : arriver incognito dans un port ou un mouillage est un pari perdu d'avance ! Mais si l'on est loin du concept traditionnel du pneu léger et transportable, le 33 Mainstream est tout de même un authentique semi-rigide, avec les avantages de stabilité, de sécurité et de capacité en passagers propres à ce type de bateau. Joker Boat le décline en deux versions : hors-bord ou diesel in-board, en l'occurrence celle que nous essayons aujourd'hui. Avantages de celle-ci : solarium arrière beaucoup plus grand, vaste plage de bain arrière en teck, sobriété des diesels. Avantages de la version hors-bord : performances supérieures, soute arrière. Histoire de se mettre dans l'ambiance, commençons par un petit tour du propriétaire avant de lancer les Hyundai V6 250 ch qui dorment sous le pont arrière.
Outre l'impressionnante surface du cockpit, on aime le design contemporain et sobre de ce modèle, et sa classe sans ostentation. Le flotteur est, bien sûr, en néoprène-hypalon de 1 670 décitex (Orca de Pennel-Flipo), couleur ivoire, souligné par un double liston de protection sur toute la périphérie. Dans le cockpit, les selleries blanches et ocres et les éléments de teck massif sur fond de gel-coat blanc s'accordent parfaitement avec les tons du flotteur. Aucune faute de goût sur cet ensemble à la facture impeccable. On peut aussi louer l'équipement standard, complet et de haute qualité, avec deux douches (intérieur-extérieur), WC électrique, selleries et bains de soleil complets, guindeau électrique avec ancre inox, cuisine équipée (frigo, feux gaz, évier), etc. Les détails importants ne sont pas oubliés, à l'exemple des points de grutage avec sangles fournies. Le taud de soleil est pratiquement la seule option à ajouter.
Le pont révèle son orientation méditerranéenne, tendance farniente, avec deux vastes bains de soleil, à l'avant et à l'arrière, où une coursive latérale ménage un accès pratique à la superbe plate-forme de bain en teck. Au centre du cockpit la volumineuse console de pilotage abrite une grande salle d'eau (douche-lavabo-WC et 1,87 m de hauteur), bien aérée par deux hublots. Pas de cabine sur ce 10 m qui, tel quel, est plutôt un day-boat de luxe qu'un croiseur au long cours. La croisière est pourtant en ligne de mire, grâce à la cuisine intégrée à l'arrière du leaning-post, avec table de pique-nique dépliable. En ajoutant un taud de camping intégral (ou deux indépendants, sur l'avant et l'arrière), les bains de soleil se convertiront en deux lits/cabines confortables. Ainsi équipé, le 33 Mainstream pourra embarquer en croisière quatre adultes ou deux adultes et trois enfants.
En balade à la journée, il accueille volontiers un équipage plus nombreux. L'optimum est de six à huit passagers, compte tenu d'une conception qui favorise plutôt le confort exclusif en petit comité que le transport en groupe, même si la capacité maximale autorisée est de 20 personnes.
Assurément, c'est une superbe unité, dont on attend logiquement des qualités marines en rapport. Sur ce point, c'est avec optimisme que je m'installe aux commandes : le 33 Mainstream hérite en effet de l'excellente carène du Clubman 33, avec lequel j'avais enregistré 55 nœuds stabilisés sur du gros clapot, lors d'un essai mémorable avec deux V8 350 ch Yamaha (Pneu Mag n°69). J'aborde donc cet essai avec curiosité, sachant que les diesels de 250 ch, quelle que soit leur valeur, ne peuvent en donner autant. Avouons-le tout de suite, ce sera plutôt une bonne surprise, mais commençons par le commencement, à savoir le poste de pilotage, bien abrité derrière la haute console que surmonte un large pare-brise. Le leaning-post y procure un appui confortable, le volant et les commandes sont à la bonne hauteur et “tombent“ bien sous les mains, la direction hydraulique assistée est précise (3 tours et demi de butée à butée). Seul bémol, sous certains éclairages la console blanche se reflète sur l'intérieur du pare-brise, teinté et très incliné (on apprécierait un traitement anti-reflet du haut de console).
À l'arrière, les nouveaux diesels 6 cylindres Hyundai Marine (identiques à ceux qui équipent en automobile le plus gros 4x4 de la marque coréenne) font preuve d'une discrétion exceptionnelle, et ceci à tous les régimes (à peine 62 dB à pleins gaz, là où tous les hors-bords affichent 85 à 90 dB).Pas de grand frisson au déjaugeage (on serait surpris du contraire avec des diesels), mais le chrono de déjaugeage (4,8 secondes) n'a rien de poussif, même s'il reste loin des 3,2 secondes enregistrées avec des 350 ch Yamaha. Et les 5,8 secondes pour atteindre 20 nœuds sont plus qu'honorables. En poussant sur la manette des gaz, je retrouve les superbes impressions de pilotage de l'ex-Clubman 33, les diesels Hyundai s'avérant franchement plus punchy qu'attendu. Deux sensations dominent à tous les régimes : équilibre de la carène et sécurité absolue. On en apprécie d'autant plus la remarquable précision de la direction assistée qui délivre un pilotage très vivant, surprenant même au regard des 3,5 T de ce modèle. En ligne droite rapide la carène reste sur des rails quelle que soit la vitesse, avec un confort absolu. En courbe rapide, elle délivre une légère sensation de survirage sans faire craindre de dérapage. Et si l'on resserre franchement le rayon, elle vire facilement sur 20 m à 25-28 nœuds. Bref, le comportement ce bateau procure un pilotage particulièrement agréable et vivant, auquel vient s'ajouter l'atout maître de cette motorisation, son rendement exceptionnel en vitesse de croisière. À 25-30 nœuds, le rendement progresse de 10% à 70% par rapport à des modèles de même catégorie à motorisation essence (voir plus loin l'essai du moteur Hyundai). Donc l'autonomie en distance s'accroît dans les mêmes proportions, CQFD ! Et pour terminer, on n'a pas à se plaindre non plus des performances, avec plus de 43 nœuds à plein régime.
CONCLUSION
Une unité de luxe, sans doute pas à la portée de tout un chacun, mais particulièrement séduisante. Agrément du cockpit et de la grande plage de bain arrière, tenue de mer, sensations de pilotage, qualité de réalisation et d'équipement, le 33 Mainstream fait mouche sur tous les tableaux. Révélation de cet essai, les diesels Hyundai 250, puissants et nerveux (même s'ils ont parfois été jugés un peu “plats“ par nos confrères de l'automobile), conviennent parfaitement à ce modèle, tout en procurant une belle autonomie.