Benjamin de la série Wide, le 520, affiche comme ses aînés une coque extra-large, agrémentée d'un cocktail d'élégance sportive et de design inventif. Agile et agréable à piloter avec un 40-chevaux, ce petit roadster aquatique mérite pourtant plus de chevaux.
Texte et photos Jacques Anglès
Pourquoi remarque-t-on ce petit bateau le long d'un ponton, même lorsqu'il est environné d'unités plus grandes ? D'abord parce son look très travaillé suscite irrésistiblement la curiosité, ensuite parce que l'on repère au premier coup d'œil une fabrication de qualité. Le chantier milanais, qui excelle depuis longtemps dans ses séries classiques (Coaster et Clubman), démontre aussi une belle inventivité dans le design depuis le lancement de sa série Wide. Comme son nom l'indique, le Wide 520 se caractérise en premier lieu par sa largeur hors normes, avec 15 à 35 cm de plus que la plupart des modèles de même catégorie. Cela procure une belle surface de pont, dont une bonne partie est allouée à deux bains de soleil fixes, l'un couvrant tout le cockpit avant, l'autre étant à l'arrière. Mais en donnant la priorité au farniente dans les criques et à la balade au soleil, cet agencement limite aussi la surface au sol et donc la capacité d'accueil du cockpit. Avec plus de quatre personnes à bord, on se marche vite sur les pieds… On peut en outre regretter l'impossibilité d'installer une table de pique-nique. En contrepartie, on peut louer les grands coffres, et en particulier la vaste soute arrière. Reste que le Wide 520 échappe à une évaluation objective, misant plutôt sur son look hors du commun et sa finition luxueuse pour provoquer le coup de cœur fatidique. Et sur ces deux points il faut bien reconnaître qu'il est assez craquant ! Voyez par exemple le dessin tout en courbes de la console surmontée d'un mini pare-brise, à laquelle répond l'arc vertical du mât de ski arrière, qualifié de "roll-bar monotube" au catalogue des options. Voyez aussi le flotteur, affiné sur l'avant, et son habillage chic (liston bleu marine sur fond blanc, surligné d'un filet rouge vif). On tombe sous le charme comme pour un joli cabriolet, en ignorant les petits travers de l'engin, tels que l'inefficacité du pare-brise, le dossier trop bas et trop étroit de l'unique banquette ou encore le manque de places assises en navigation (deux à trois dans le sens de la marche). Mais on apprécie la belle finition et le soin apporté aux détails : gel-coat impeccable, antidérapant efficace, selleries surpiquées, accastillage de bonne facture, plates-formes arrière garnies de teck, vérins de retenue sur les capots, valves inox siglées Joker... Bref, ce Wide correspond peut-être à un choix quelque peu égoïste, mais il donne furieusement envie de s'installer aux commandes !
Voyons ce qu'il en est, avec Evinrude 40 ch HO (la version sport, sensiblement boosté par rapport au 40-chevaux standard). À première vue légère au regard de la puissance maxi autorisée (130 ch) et des caractéristiques de ce semi-rigide, cette puissance permet tout juste de révéler le potentiel du bateau, mais pas d'en tirer la quintessence. Malgré ce déficit de puissance et de nervosité, le Wide 520 s'avère agile et plaisant à piloter. Il déjauge avec facilité, et adopte naturellement une assiette presque horizontale dès que l'on atteint les régimes de croisière. Bonne accroche en longues courbes rapides, avec très peu de gîte, celle-ci s'accentuant modérément en virages serrés, où la carène reste sur des rails. La ventilation survient tout de même quand on vire "à bloc". En ligne droite, la carène s'avère très stable et montre une bonne réactivité au trim. Le chrono maxi reste toutefois modeste avec le 40-chevaux, même pour un essai en eau douce peu favorable à la vitesse, et ne correspond que de loin aux évidentes capacités de ce modèle. Selon l'expérience du pilote nous conseillerons plutôt une puissance de 75 à 100 ch, voire 115 ch pour les adeptes du pilotage sportif. Quant à la puissance maxi autorisée (130 ch, disponible seulement en Evinrude), elle en fera une bombe à ne pas mettre entre toutes les mains, ce qui ne paraît pas être sa vocation.
On tombe sous le charme de ce joli spider des mers, dont le look audacieux et chic se démarque de la production ambiante. Avec ses grands bains de soleil fixes, il affiche sans ambages sa vocation méditerranéenne et son goût pour le farniente ou les jeux nautiques, ski ou wakeboard. Les coffres de rangements sont particulièrement généreux pour un 5,20 m, mais la surface allouée aux bains de soleil réduit d'autant l'espace au sol, sans possibilité d'installer une table de pique-nique. C'est un bateau dont on tirera un grand plaisir à condition de ne pas embarquer trop de monde. Très bien pour quatre passagers, il paraîtra vite encombré si l'on dépasse ce nombre. Il ne faut pas oublier qu'un 5,20 m reste un petit bateau !
Le 40-chevaux Evinrude, même dans sa version HO boostée, est à la peine pour faire valoir les qualités dynamiques de cette jolie coque qui, compte tenu de sa largeur exceptionnelle et de sa qualité de construction, est aussi plus lourde que nombre de modèles de même longueur. Malgré ce handicap, le Wide s'en tire bien et s'avère agréable à piloter, sinon très excitant. La carène fait preuve d'une excellente stabilité en ligne droite, avec une belle assiette et une franche réactivité au trim. Pas de fausse note non plus en virages longs et serrés, avec une gîte qui reste faible ou modérée. Loin d'être à son optimum avec si peu de chevaux, le Wide 520 laisse pourtant percevoir un tempérament très franc et mérite incontestablement plus de puissance. 90 ou 100 ch au tableau arrière devrait en faire un engin très fun.