Ce Clubman 32, premier exemplaire, a touché l’eau pour rejoindre son stand du Cannes Yachting Festival et il a, à peu de chose près, parcouru ses premiers milles entre nos mains. Ce tout nouveau modèle de la gamme phare du chantier milanais prend place entre le 35, qui demeure le modèle amiral, et le 30 qui, à la différence des deux plus grands, ne comporte pas de cabine. Suivez-nous pour la visite détaillée…

Au ponton

A peu de chose près, le Clubman 32 reprend le plan de pont de son aîné, le Clubman 35, avec un solarium arrière spacieux (163 x 191 cm), un grand carré en U, un poste de pilotage biplace et un pont avant de type sundeck en grande partie recouvert par un vaste matelas de bain de soleil (293 x 176 cm) sécurisé par un demi-pavois se poursuivant par une delphinière intégrant le guindeau électrique. Par rapport à ses frères, de 35 et 30 pieds, le 32 marque un effort en termes d’ergonomie avec un siège de pilotage biplace à demi-assise relevable (dommage qu’elle ne soit pas individualisée), permettant de bien ajuster sa position de conduite aux conditions de navigation, et une banquette en U avec un dossier rehaussé pour offrir davantage de confort, tant en marche qu’au mouillage. Au cœur de cette banquette se trouve la grande table qui permet à six convives, confortablement installés, de partager une collation à l’abri du soleil grâce au cabriolet fixé sur l’arceau polyester. La « zone baignade », dont l’accès est facilité par un portillon de cockpit, présente deux plateformes dépassant des flotteurs et communicant par un passage en avant du bac moteurs. Ce dernier est bien dégagé et propre, grâce à la direction électro-hydraulique intégrée des deux V8 Yamaha XTO. La douchette (alimentée par un réservoir d’eau de 140 litres) et la prise de quai sont bien sûr de la partie. Pour ce qui est des eaux noires, elles sont recueillies dans un réservoir de 60 litres.

Conçu pour passer de belles au mouillage, voire en croisière, le Clubman 32 dispose d’une kitchenette connectée avec la dînette. Située au dos du poste de pilotage, elle intègre un joli plan de travail, un évier, un frigo-tiroir et un placard. Un réchaud à gaz est disponible en option. Autre élément de confort, et même le principal : la cabine ! Celle-ci dispose d’une hauteur appréciable (1,73 m), pour une unité de ce gabarit, et d’une couchette double de grandes dimensions (196 x 138 cm). Habillée de tons clairs (gel-coat blanc, vaigrages gris pâle, bois au naturel), la cabine est largement abreuvée de lumière extérieure grâce à deux grands hublots ouvrants, un capot de pont et deux vitrages de coque. Mais, le détail qui a vraiment retenu notre attention, c’est le cabinet de toilette en espace ouvert. Un WC marin coffré tient compagnie à un lavabo et ses placards, en face desquels on trouve d’autres placards. Et le « plus » signé Joker Boat, c’est la possibilité d’opter (à la commande) pour un cabinet de toilette cloisonné, avec à la clé une douche. Au choix donc : une sensation d’espace plus importante, ou un supplément de confort ?

N’oublions pas de nous installer au poste de pilotage. On appréciera la demi-assise relevable procurant un appui lombaire lorsqu’on pilote debout, et le repose-pieds moulé lorsqu’on barre assis, prolongé par un tube inox escamotable à l’attention des pieds du copilote qui se trouve face à la porte de cabine coulissante. Le tableau de bord s’avère spacieux pouvant intégrer un combiné Raymarine à grand écran, ainsi que la Hi-Fi JL Audio (avec deux caissons de basses), un vide-poches ouvert et, surtout, l’afficheur et les commandes du Helm Master dernier cri de Yamaha avec son pilote automatique et son joystick de manœuvres connectable au propulseur d’étrave. Côté accastillage, on notera les nombreuses mains courantes en bonnes places et les six gros taquets inox, dont deux de garde, placés à mi longueur des plats bords afin de garantir un amarrage sérieux.

La tarification des options se fait au détail, ou par packs s’échelonnant de 7 500 € à 23 500 €. Ces derniers embrassent un équipement très complet, allant de l’indispensable aux accessoires plus cosmétiques. A ce titre, le chantier milanais propose un choix impressionnant de coloris concernant les flotteurs, le gel-coat et la sellerie, de quoi s’offrir une personnalisation très… personnelle. D’évidence, le prix du Clubman 32 est élevé, mais la qualité de construction et les finitions soignées sont là pour rappeler que Joker Boat fait partie des marques premium.

En mer

A l’heure de « rendre les clés » du Joker, difficile de faire ressortir un point négatif dans la prestation que nous avons pu constater lors de notre galop d’essai. Les conditions étaient il est vrai plutôt favorables (clapot de 50 cm sur légère houle résiduelle, vent faible, trois personnes à bord, demi-plein de carburant, plein d’eau, température extérieure 23°). Pourtant, en raison du potentiel vitesse du Clubman 32, les petits reliefs marins ont suffi à faire apprécier le bon équilibre de sa carène. Quelques petits sauts au régime maxi avec une hélice quasi sortie de l’eau, nous ont montré qu’à 60 nœuds (pardon 59,9 – nous avons vraiment essayé !) le Clubman 32 avec ses deux V8 Yamaha de 400 chevaux n’était pas en situation de surmotorisation. Toutefois, à cette allure, le pilotage d’un tel bateau requiert quelques repères et un peu d’expérience pour préserver la sécurité de tous. Avoir possédé au préalable, un semi-rigide performant nous semble nécessaire afin de bien exploiter les étonnantes ressources du Clubman 32 ainsi motorisé. De toute façon, il nous apparaît assez cohérent d’opter pour une puissance inférieure (par exemple 2 x 300 ch) avec laquelle ce Joker dépassera largement les 40 nœuds, une vitesse en adéquation avec son programme de semi-rigide familial à grand rayon d’action.

Confortable dans les réceptions de sauts et au passage des sillages (même pleins gaz), le Clubman 32 avec ses 800 chevaux se signale par une vitesse de croisière déjà très élevée à 3 500 tr/min : 31,6 nœuds et avec une consommation « raisonnable » de 82 litres/heure assortie d’un ratio de 0,39 mille par litre consommé. De quoi relier le continent à la Corse en moins de 3h30 et pour un budget attractif, dès lors qu’il peut être partagé entre quelques passagers… Maniable, précis et accrocheur en virage, réactif à l’accélération, rigoureux en tenue de cap, même avec un trim largement positif (ce dont il a besoin pour signer son impressionnante V-max), le Clubman 32 délivre de belles sensations à son pilote et son équipage… Un « familial express » en quelque sorte !