Avec sa déco haute en couleur et son design futuriste aux lignes acérées, le Kardis Tatanka ne passe pas inaperçu ! Mais il ne se contente pas de ce chatoyant plumage : marin, équilibré et sûr, il délivre de bonnes sensations de pilotage sans oublier le confort, en navigation comme au mouillage.
Texte et photos Jacques Anglès
En découvrant ce modèle, on perçoit tout de suite que l'héritage de Sacs n'est pas loin. Pas étonnant quand on sait que Kardis, nouvelle marque milanaise qui a tout juste trois printemps, a été créée par les fondateurs de la précédente. Ceux-ci continuent ainsi de tracer leur sillage avec un dynamisme intact (illustré par une gamme qui compte déjà 12 modèles de 5,40 à 12,80 m !) et une créativité toujours aussi débridée. Le "bison" de Kardis (Tatanka est le nom donné aux bisons par les sioux) présenté ici en fournit une belle illustration, ne serait-ce que par ses couleurs tranchées et son flotteur frappé d'un grand K (avec possibilité de choisir des tons plus discrets).
Outre son allure flashy, le K6.9 se distingue des productions “standard“ par son design aux arêtes vives, particulièrement réussi sur la console de pilotage. Étroite, celle-ci ménage deux larges passavants qui procurent une rare commodité de déplacement. On note aussi que le museau de proue quoique volumineux (conçu pour recevoir un guindeau), se fond bien dans la ligne générale. Côté bonnes idées, notez la grande banquette arrière “en accordéon“, très facile à déplier en vaste bain de soleil, ainsi que la table amovible du cockpit avant, qui fait aussi fonction de rallonge du bain de soleil. Avec ces deux surfaces, le K6.9 est donc fort bien pourvu pour le farniente dans les criques méditerranéennes. Pour le reste, le cockpit est classiquement disposé en trois zones, avec six à sept places assises dans le sens de la marche. Les aspects pratiques ne sont pas oubliés : par exemple avec un équipage nombreux et des enfants, on appréciera, la présence d'une seconde table arrière, rabattable au dos du leaning-post. Bons points aussi pour les grandes plates-formes arrière (malgré un accès peu commode) et pour le drainage efficace du cockpit.
Cette démarche “haut de gamme“ se reflète aussi dans les selleries, de belle facture, et la qualité de l'accastillage, qu'il soit standard ou en option : taquets, davier d'ancre, échelle de bain large et profonde. Pour ce qui est du flotteur, à six compartiments, c'est aussi du sérieux. La fabrication Néoprène/Hypalon de 1670 décitex est impeccable, avec un double liston extérieur et une série de poignées de maintien en périphérie du pont avant. Dommage que le chantier ne soit pas allé au bout de cette démarche . On regrette notamment de trouver en option beaucoup d'équipements indispensables, tels que les feux de navigation (obligatoires en catégorie B), l'échelle de bain, ou le guindeau, ce dernier étant pratiquement indispensable compte tenu de la conception du massif de proue. On aimerait aussi une douche, ainsi qu'un vérin de retenue sous le capot du pont avant.
Séduisant à l'arrêt, le K6.9, l'est-il autant en navigation ? Notons d'abord que cette coque assez large et solidement construite, avec un cloisonnement généreux et des fonds fortement structurés, affiche un poids plutôt au-dessus de la moyenne. La carène en V profond évolutif, soulignée par deux longues virures, montre une étrave fine et inclinée qui devrait favoriser la douceur de passage dans les vagues. Le 200 ch Mercury, qui bénéficie du meilleur rapport poids/puissance de sa catégorie devrait bien lui convenir.
Premier bon point, le poste de pilotage, irréprochable. Le leaning-post est bien dessiné, le volant trois branches inox et carbone est superbe, les commandes sont idéalement placées et le large tableau de bord est très lisible. De plus le socle de console légèrement rentrant évite de se cogner les genoux en navigation sportive. Le pare-brise semble un peu petit, mais il préserve l'esthétique du bateau, et comme aucun embrun ne viendra le mouiller en cours d'essai malgré un vent frais, on ne s'en plaint pas. La direction hydraulique, très douce, privilégie le confort, avec cinq tours de volant de butée à butée. Une poussée sur la poignée de gaz, et c'est parti pour un long essai, sur un plan d'eau agité par un gros clapot, avec une mer formée au large. Le 200 ch Verado assure un déjaugeage efficace, avec un léger “cabré“ avant reprise d'assiette et délivre une vitesse de croisière de 25 nœuds au régime de meilleur rendement (4 200 tr/min). Confort et stabilité sont au rendez-vous, et ceci se confirme au fil de la montée en régime, avec une bonne réponse au trim, sans incidence sur la stabilité latérale. À 5 000 tr/min. face aux vagues dans la mer formée du large, le K6.9 passe sans heurts et en sécurité, avec quelques décollages sur les crêtes, toujours bien en ligne. Même tranquillité par mer de travers, pratiquement sans coups de raquette sous les flotteurs, ainsi que par mer arrière à trois-quarts arrière à 5 000-6 000 tours, ou le bateau ne manifeste aucune tendance à enfourner. Cette carène semble avoir tant de potentiel en réserve que l'on a envie de la doter de la puissance maxi autorisée (250 ch). Autre bon point : le cockpit est resté sec tout au long de cet essai, y compris en évolutions rapides dans la mer formée. Le comportement en virages est tout aussi franc, que ce soit en longues courbes rapides ou en virages serrés. On mettra juste un bémol sur la direction très démultipliée, peu propice à un pilotage sportif. En revanche l'accroche en virages est bonne, avec une gîte modérée, le bateau venant s'appuyer sur son flotteur.
CONCLUSION
Un bateau à forte personnalité, reflet de l'audace inventive du chantier milanais, sur une construction sérieuse qui n'oublie pas les aspects pratiques. Le poste de pilotage est un must et le cockpit confortable en toutes circonstances. Dotée du Mercury 200 ch à compresseur, la carène exprime de belles qualités dynamiques en toute sécurité, avec un potentiel qui donne envie d'une puissance supérieure. Les pilotes chevronnés opteront pour un 250 ch, le 200 ch restant le bon choix pour la balade estivale, premier programme de ce modèle.