Par son design soigné, son cockpit spacieux et accueillant, ses deux solariums incitant au farniente et sa puissante motorisation, ce Kardis est un semi-rigide véritablement italien. Ses qualités nautiques, impressionnantes, et ses performances au diapason, ajoutent à son pouvoir de séduction
Texte et photos Philippe Leblond
Dans la production Kardis, dont le premier modèle est apparu il n'y a pas cinq ans, le Thunderbird ne se situe même pas en milieu de gamme ! En effet, le chantier milanais a réussi le tour de force de lancer 14 modèles dont les longueurs vont de 5,50 m à …15,80 m ! Le Thunderbird n'en reste pas moins une belle unité pour les sorties à la journée. Et, né près de Milan, c'est naturellement qu'il affiche les signes de l'école italienne. D'abord des flotteurs en tissu Orca, assemblés dans la longueur, ensuite un cockpit très habitable, deux solariums pour profiter du soleil méditerranéen, un carré pour la pause apéritive, quelques places assises confortables, de nombreux rangements et quelques effets de design, parce qu'un bateau italien sans design c'est comme Paris sans Tour Eiffel. Voilà pour les grandes lignes. Voyons maintenant plus en détail ce que nous réserve le Thunderbird… On note rapidement que la poupe n'est pas d'un accès facile, que ce soit de l'intérieur, ou à partir du quai. Le module en polyester qui encadre la banquette et supporte le roll-bar (option) ne forme pas de plats-bords propres à faciliter le passage par les côtés. Il faut donc enjamber le dossier de la banquette pour se rendre à l'échelle de bain (pas encore installée sur notre bateau d'essai). De fait, l'accès aux taquets de poupe n'est pas des plus commodes non plus...Heureusement, de la banquette du Kardis jusqu'à sa delphinière (pas trop massive malgré l'intégration du guindeau électrique optionnel), les déplacements sont vraiment faciles, notamment grâce à deux très larges passavants (40 cm !) et à l'absence de siège sur la face avant de la console. Les vraies places assises sont au nombre de six. Mais, il est possible d'asseoir quatre, voire six passagers supplémentaires en utilisant la partie centrale des flotteurs, de part et d'autre du poste de pilotage. A cet effet, il est dommage qu'aucune saisine ne soit prévue ici, alors que celles placées de chaque côté du solarium, ne servent pas à grand-chose.
L'un des points forts du plan de pont du Thunderbird tient dans sa belle surface de bronzage (cinq mètres carrés). Le constructeur n'a d'ailleurs pas manqué de donner une seconde fonction à ces deux solariums : celui de l'avant se transforme en dînette pour cinq personnes, tandis que celui de l'arrière se replie pour former le dossier de la banquette. Question rangements, le Kardis est également bien pourvu. Et, comment ne pas souligner l'effort apporté à la soute arrière ? Celle-ci est sans doute la plus propre et la mieux pensée qu'il nous ait été donné de voir dans la catégorie. Elle est pourvue d'un double-fond percé de quatre grandes trappes de visite pour l'inspection des fonds et entièrement enduite de gel-coat brillant. Ainsi, la batterie se trouve au sec, de même que tout le matériel qui y sera stocké. L'ouverture du grand capot est facilitée par deux vérins à gaz. A cette immense cale s'ajoute des rangements dans la base du leaning-post et dans la console (le tuyau de remplissage du réservoir ne gêne presque pas), ainsi que dans les trois coffres qui supportent le bain de soleil avant. Pas d'angoisse donc, toutes les affaires de l'équipage, et même davantage, trouveront place à bord !
Quant au poste de pilotage, il donne toute satisfaction. Son leaning-post biplace possède une assise mobile qui s'abaisse pour le pilotage assis, et debout, on peut caler ses pieds à la base de la console. Concernant l'emplacement des commandes, une petite critique toutefois : on aurait souhaité que la barre et le boîtier pupitre soit implantés plus à gauche, de manière à ne pas empiéter sur l'espace copilote. La planche de bord est assez spacieuse pour disposer à sa guise les instruments du Suzuki, une VHF fixe, ou un combiné GPS/sondeur à petit écran. Si désiré, l'emplacement du dessus permettra de fixer, sur étrier, un appareil plus volumineux. Un dernier mot sur la qualité de présentation. Celle-ci est plutôt flatteuse avec un gel-coat uniforme et brillant, des inox robustes, et une rigidité structurelle validée en navigation dans le clapot serré. En revanche, quelques petits détails de finition sont perfectibles, comme quelques bavures de colle à l'assemblage des flotteurs, ou un "sika" pas très soigneusement lissé, à la base de la console et du leaning-post. Au vrai, peu de chose, mais venant de Kardis on peut se montrer exigeant.
Quittons le quai du Port Tino Rossi pour voir de quel bois se chauffe le Thunderbird, dans une baie d'Ajaccio ridée par un clapot désordonné. Immédiatement, on se sent en confiance à ses commandes. Malgré les 300 chevaux et la forte cylindrée du V6 Suzuki, la prise en main est vraiment facile. Le comportement, même au régime maxi et bien trimé, sans histoire. Et n'allez pas croire que le Thunderbird est insipide à barrer ! La carène est vivante, elle réagit bien au réglage de trim et ne demande qu'à survoler les flots. La tenue de cap, sereine (pas de roulis, ni de coup de raquette à déplorer)...Le confort dans ce clapot de 60 cm est remarquable, à toutes les allures et dans toutes les directions de mer. Ce comportement très sain se vérifie aussi en virage o√π le Kardis fait un sans faute : inscription vive, guidage de quille précis, grip constant, motricité en sortie intacte, même gaz à fond. Un régal ! Pour ne rien gâter, les performances ne sont pas en reste. Jugez plutôt : 47 n≈ìuds de V-max, de belles allures de croisière (de 18,8 nds à 29,8 nds) aux régimes économiques, garants d'une autonomie longue distance (jusqu'à 205 milles), et des accélérations énergiques, que ce soit pour déjauger ou tirer un skieur.
CONCLUSION
On ne peut que se montrer satisfait des prestations dynamiques du Thunderbird, il est vrai avec la puissance maxi. Mais, ce beau semi-rigide montrerait encore un réel agrément avec 50 ou 100 chevaux de moins. La silhouette élégante et l'agencement de pont sont également séduisants, car il ne manque rien d'essentiel à ce bateau pour faire un excellent day-boat. A ce stade, on voudra bien fermer les yeux sur les petites lacunes de finition‚…