À travers sa marque Beluga, le groupe italien Lomac veut combiner une construction "qualité nordique" avec le goût du beau design cher à la culture transalpine. Illustration de cette démarche avec le Beluga 22, un modèle aussi élégant que bien construit.
Texte et photos Jacques Anglès
Au premier contact, le Beluga 22 adresse à l'œil du connaisseur des signaux de qualité. On remarque d'abord son élégance sans effets de manche, son design moderne et sa finition soignée. Et il y a détails qui ne trompent pas. Voyez par exemple la coupe “en long“ du flotteur, typique de l'école italienne, avec des extrémités hémisphériques et un diamètre qui s'affine de la poupe à la proue, ce qui allège indéniablement la silhouette. Pas le moindre raccord ou collage disgracieux d'un bout à l'autre ! Voyez aussi le double liston extra-large qui ceinture le flotteur, le beau davier à bascule en inox poli ou encore les impeccables selleries aux coutures soulignées de passepoil. Voyez enfin le traitement impeccable du polyester : formes douces sans arrêtes agressives et gel-coat au brillant immaculé.
L'ensemble fleure bon la qualité, et cela se confirme quand on plonge dans les fonds pour examiner la construction, pourvue de renforts structurels généreux, afin d'assurer une rigidité optimale du “châssis".
Le cockpit "trois- zones" est à première vue des plus classiques pour une unité de cette taille, mais il fait la différence par son organisation bien pensée, par une profondeur propre à rassurer ceux qui embarquent des enfants, ainsi que par le nombre de places assises (9 à 10, sans compter le pont avant). On apprécie aussi la commodité de circulation, grâce aux deux larges passages qui courent de part et d'autre de la console et de l'assise de pilotage (il est vrai que la largeur de 2,88 m dégage de l'espace !). L'avant offre un vaste solarium et un siège frontal de console, avec de grands coffres sous l'un et l'autre. À propos de coffres, le 22 Open offre de généreux volumes pour ranger tout le matériel facilement. Bon point aussi pour le cockpit arrière en U. Avec la table amovible optionnelle, cet agréable carré accueillera confortablement six convives, voire sept à huit en se serrant, et il peut se convertir en second solarium, de belle surface. Et si le soleil tape trop, le grand bimini double, intégré à l'arceau arrière, s'installe en deux temps trois mouvements, mais ce confort est en option. Ce qui nous amène à l'équipement.
Rien à redire sur la qualité, qu'il s'agisse de l'accastillage inox (taquets avant et arrière, davier à bascule, mains courantes robustes, fermoirs de coffres réglables, échelle de bain télescopique avec logement encastré, etc.), de l'habillage arrière en teck massif, ou des seize poignées en sangle sur le flotteur. Autres équipements standard (pas toujours fournis d'origine par les chantiers) : la direction hydraulique, les feux de navigation, la corne de brume et le tableau électrique. Cette dotation n'est pourtant pas exempte de critiques. Notamment le guindeau électrique, proposé en option alors qu'il est pratiquement indispensable (l'installation n'est pas conçue pour un mouillage manuel). Plus marginalement, on regrette l'absence de poignées de maintien pour le siège frontal de console et l'absence de verrouillage des coffres (sauf pour le vide-poche et la soute arrière).
Après ce tour du propriétaire qui mérite une bonne note, voyons si ce Beluga se comporte en mer aussi bien que le grand dauphin blanc de l'arctique (Delphinapterus leucas) auquel il se réfère, avec au tableau arrière un Suzuki 225 ch, à défaut d'un 200 disponible (puissance maxi autorisée), ce qui fera pondérer les performances d'environ 5%. Cap au large pour en juger, sous une météo placide. Notez qu'avec ses 950 kg, le 22 Open se situe parmi les poids lourds de sa catégorie (à égalité avec le Blackfin 680. Je m'attends donc à un comportement plutôt typé grande routière que coupé sport, tout en appréciant le confort du poste de pilotage (volant et manette de gaz bien placés, leaning-post bien dessiné et ferme, tableau de bord très lisible). On est toutefois un peu près du volant et, en position assise, le cale-pied (moulé dans le socle de console) est à bonne hauteur mais un peu étroit. Un cale-pied rabattable, plus large, procurerait un meilleur appui, que ce soit debout ou assis.
Une poussée sur les gaz et le B.22 déjauge rapidement (3,6 s), avec un léger cabré, en restant bien en ligne. À la suite de quoi, il adopte en vitesse de croisière une assiette presque horizontale, étrave aérée, vague à mi-longueur de la carène et flotteur bien dégagé de l'eau. La stabilité est excellente, tant en longitudinal (aucune tendance à marsouiner) qu'en latéral (pas de roulis). La carène est tolérante sur le réglage de trim (pas de risque d'erreur grave) mais pas insensible pour autant : on gagne facilement deux à trois nœuds en vitesse de croisière rapide (30-35 nœuds) avec un réglage approprié, tout en épargnant de la consommation. Point fort : le confort, avec un bon passage dans les vagues (il nous a fallu rechercher quelques sillages pour l'éprouver) et une stabilité qui ne se dément jamais. On peut aussi se féliciter de l'excellente plage de vitesse de croisière économique que délivre le V6 Suzuki : 23 à 30 nœuds de 3 400 à 4 300 tr/min. La direction hydraulique (4,7 tours de butée à butée) est douce et assez précise, et la carène répond franchement à chaque sollicitation, sans pour autant malmener les passagers. Bref, un comportement très sain, en accord avec le programme du bateau (balade estivale rapide, en famille ou entre amis). En virages, le bateau s'inscrit avec précision dans les trajectoires, mais la gîte est limitée, le tube s'appuyant vite sur l'eau, vu la largeur de coque. Certes le grip reste toujours bon et il faut pousser la carène dans ses retranchements pour provoquer la ventilation de l'hélice, mais cette gîte limitée ne donne pas envie de “jouer aux virages serrés“, d'autant plus que la direction s'affermit en sortie de virage. Enfin, la vitesse de pointe de 42 nœuds au GPS, s'avère pleinement satisfaisante en regard du poids de ce modèle.
CONCLUSION
Un modèle séduisant pour embarquer famille et amis vers les criques ensoleillées, avec en point fort un cockpit particulièrement spacieux et bien organisé, capable d'accueillir huit personnes sans que l'on se marche sur les pieds, voire occasionnellement dix à douze. Côté qualités marines, la facilité de prise en main, le comportement très sûr et la stabilité sont ses atouts maîtres.