Essai Marlin 23’ FB

Un exemple de générosité

Voilà un semi-rigide qui prend soin de son équipage. Que ce soit en navigation avec un confort remarquable dans le clapot, ou au mouillage, où sa conception poussée du détail fait la différence...

Texte et photos Philippe Leblond


  45 448 € sans moteur (tarif 2013)
 8.0 m
 12
 41,2 nds 
avec Yamaha 300 ch (V6)
Banniere_axa

3_bannie_re-he_lice-540x145
Orca-logo_rvb

Paru dans le Pneumag n° 96 Juillet/Août 2013



Nos essais Marlin Boat se succèdent, et une évidence s'impose à nous : ces semi-rigides italiens sont généreux à main égards. C'est en faisant le tour du propriétaire que nous apparaît d'emblée la pertinence de leur conception et le soin du détail qui habite le chantier de Côme. Au-delà de leurs flotteurs à teugue, qui génèrent une étrave bien défendue et une profondeur de cockpit importante dans la partie avant (appréciée des parents possédant de jeunes enfants) – créant par là même ce profil ondoyant qui est leur signature esthétique – c'est un ensemble de cohérences dans les choix qui interpelle et séduit.
Cela commence par un plan de pont qui autorise des déplacements faciles et sûrs, de la poupe jusqu'à la proue. Que vous embarquiez par l'une ou par l'autre, vous bénéficiez d'un accès à bord facile, que ce soit grâce aux deux plates-formes de bain dépassantes et antidérapantes, ou à la delphinière recouverte de teck. Le choix de deux demis arceaux en polyester (feux de navigation, antennes…), laissant une large entrée par le centre, les passavants généreux bordant le poste de pilotage, sans oublier les marches en teck qui mènent jusqu'au mouillage, via le solarium, tout cela concourt à faciliter les mouvements de l'équipage. Autres signes de confort plus ostensibles, les solariums bénéficiant tous deux de modularité (rallonge à l'avant, dossiers rabattables à la poupe), pour atteindre une surface "farniente" cumulée de 6 mètres carrés ! Il y a aussi, et c'est incontournable pour un semi-rigide destiné à la navigation en famille, de nombreuses places assises : huit pour le bateau de notre essai, qui comportait le leaning-post/kitchenette optionnel, dix s'il était équipé du siège standard (quatre places dos-à-dos). On peut bien sûr y ajouter (par mer calme) quatre à six places supplémentaires, en s'asseyant aussi sur les flotteurs. Toujours dans le registre du confort, il faut bien sûr compter avec le bloc-cuisine adossé au siège de pilotage, avec son petit frigo (49 litres), son évier inox, son réchaud et sa tablette en teck escamotable, ainsi que le WC électrique et le lavabo situés dans la console (hauteur : 1,54 m). N'oublions pas la douchette (réservoir 77 litres), à portée de main lorsqu'on utilise l'échelle de bain à l'arrière…
Au plan pratique, posséder de bons rangements sur un bateau de ce type est essentiel. Le Marlin 23 se montre également généreux sur ce plan-là. Outre la volumineuse console qui peut au besoin accueillir du matériel encombrant, le coffre avant (très profond) et la soute arrière, dotée d'un opportun bac polyester isolant les affaires de l'humidité du fond de coque, suffisent amplement à "digérer" l'armement du navire et les effets de l'équipage, skis ou wake-board compris. Bonne idée aussi, le long coffre en bordure du bac moteur, parfait pour y ranger les amarres ou du petit matériel de pêche ou de plongée… Bien équipé pour le confort de l'équipage, comme nous venons de le voir, le Marlin 23 n'est pas en reste pour ce qui est de l'accastillage, moyennant quelques options, bien sûr. On apprécie déjà les deux mains courantes inox qui relient les plates-formes de bain aux hiloires de cockpit et celles qui ornent l'avant des flotteurs, de même que les taquets, robustes et bien dimensionnés (deux à l'arrière, deux à l'avant accompagnés de chaumards), ainsi que le guindeau électrique, justifié sur une unité de ce gabarit (2,5 tonnes en charge).
Dernier point, le poste de pilotage. Le seul bémol concerne l'implantation des commandes (volant et accélérateur), un peu basses pour un pilote de grande taille. Pour le reste, on n'est pas loin du sans faute : leaning-post biplace avec dossier, permettant d'officier debout ou assis (cale-pieds pour le barreur et le copilote qui dispose aussi d'une poignée inox), pare-brise enveloppant protégeant bien, planche de bord spacieuse, permettant d'intégrer de nombreux instruments, dont un combiné GPS-sondeur grand écran, commandes électriques bien placées… Un oubli quand même, l'absence de boîte à gants.
Le moment est venu de partir naviguer. Au menu : un aller et retour Nice/Iles de Lérins. L'occasion de croiser une belle brochette de superyachts, et de raser la surprenante étrave inversée du "A" (119 mètres), navire dessiné par Philippe Stark. Au large de cette "Riviera" privilégiée, la mer alterne des zones de calme et d'autres plus remuantes, avec sur la majeure partie de notre parcours des creux de 60 à 80 cm. Des vagues que ne craint pas la puissante carène du Marlin 23, qui montre une tenue de cap imperturbable, que l'on soit aux allures de croisière, ou à plein régime. L'assiette reste sereine, tant en longitudinal à l'occasion de petits sauts, réceptionnés en souplesse, qu'en latéral, sauf lorsqu'on abuse du trim, déclanchant alors un léger mouvement de roulis. Si les accélérations, sous la poussée du Yamaha F300, version V6, sont excellentes, la vitesse de pointe (41 nœuds) s'avère moyenne. Toutefois, elle est suffisante en regard de l'utilisation pour laquelle ce bateau a été conçu. Plus significatives sont les vitesses de croisière que le pilote peut choisir, entre 3 000 tr/min (25 nœuds) et 4 500 tr/min (31 nœuds). A 3 500, 4 000 tr/min, le gros Yam ronronne calmement, l'équipage pouvant tenir une conversation sans élever la voix, et les consommations restent assez raisonnables. Sans atteindre des sommets (le Marlin n'est pas de tempérament très sportif), l'agrément de pilotage est réel et d'autant plus appréciable que la prise en main est facile, la confiance s'installant rapidement entre la "monture et son cavalier". Accrochant bien en virage, accélérant énergiquement en sortie, grâce à la cylindrée copieuse du F300 (4,2 litres !), le Marlin dessine des courbes régulières. Toutefois, lorsqu'on attaque fort en entrée de virage, il a tendance à rester droit sur sa quille, ce qui n'est pas très rassurant. Pour autant, il ne part pas en contregîte, mais il faut lui faciliter les choses (ralentir et braquer franchement) pour l'inscrire dans la courbe. C'est bien là la seule réserve que nous ayons par rapport à son comportement.



photo Marlin 23’ FB


photo Marlin 23’ FB


photo Marlin 23’ FB


photo Marlin 23’ FB





Conclusion : Que dire à propos de ce semi-rigide de haut niveau, sinon qu'il ne réserve (presque) que des bonnes surprises ; jusqu'à son prix qui, si l'on considère tout ce qu'il offre, nous semble vraiment justifié. Ses tubes en Orca 1 670 décitex ne montrent aucun défaut d'assemblage, la coque, le pont et les accessoires, bien dessinés, révèlent un gel-coat brillant et uniforme, les inox de l'accastillage sont de qualité supérieure… Rien à redire donc sur la qualité de réalisation, ni sur sa conception attentionnée et intelligente. Et le confort qu'il apporte en navigation parachève sa réussite.




3
6
4 5 2
je suis la