Son cockpit invite à l’action : spacieux et fonctionnel, il devrait séduire les pêcheurs autant que les plongeurs. Par ailleurs, le sérieux de sa construction et sa forte personnalité au plan esthétique sont aussi des atouts. En revanche, son comportement pointu dans les hauts régimes réclame de l’attention.
Texte et photos Philippe Leblond
Longueur | 8,5 m |
Largeur | 3,18 m |
Diam. maxi des flotteurs | 62 cm |
Nbre de compartiments | 7 |
Puissance maxi | 2 x 250 ch (368 kW) |
Puissance conseillée par Pneumag | 2 x 150 à 2 x 200 ch |
Poids sans moteur | 1450 kg |
Rapport poids/puissance | 4,8 kg/ch (avec le moteur de l’essai) |
Nombre de personnes | 16 |
Couchage | 0 |
Charge utile | 0 kg |
Matériau flotteurs | CR/CSM Orca 1 670 décitex |
Capacité carburant | 420 l |
Catégorie CE | B |
Constructeur | Marlin Boat (Italie) |
Importateur | Sébastien Chevalier (83 – Les Issambres) |
Droits annuels sur la coque | 131 € |
Droits annuels sur le(s) moteur(s) | 500 € |
Pour son premier semi-rigide de type baroudeur, Marlin Boat a d’emblée attaqué avec du gros : 8,50 m. Découvert au salon de Gênes, dans sa version GT (avec un équipement plus développé), nous lui avions trouvé d’emblée une signature esthétique à part. Il est vrai qu’à l’instar des autres Marlin, il dispose des flotteurs à teugue (légère courbe ascensionnelle du tube vers l’avant) qui laisse entrevoir une étrave sensiblement plus haute que celle de ses concurrents. Il y ajoute un accastillage de type « pro » qui lui confère un air plus « actif » que ses frères de chantier, tous délibérément tournés vers le farniente. Cela dit, le chantier de Côme a prévu quelques options qui le rendent un peu moins spartiate, avec l’objectif avoué de séduire tous les membres d’une clientèle familiale. Les pêcheurs et plongeurs le préféreront, à coup sûr, dans sa définition la plus simple. Celle qu’il nous a été donné d’essayer dans le Var.
Au ponton
Tarifé à 57 120 € sans moteur, le dernier-né des Marlin se place dans les prix du marché, tout en offrant une qualité de réalisation soignée, en accord avec les bonnes habitudes du chantier. Les flotteurs de gros diamètre (62 cm), et sa carène au V prononcé lui donnent une belle présence sur l’eau. Et ce qui surprend le plus, c’est sans doute la surface libre dans son cockpit, de quoi séduire les utilisateurs sportifs que sont les pêcheurs et les plongeurs, clientèle à laquelle s’adresse en priorité le 850 HD Pro. Par rapport à l’exemplaire de Gênes, présenté avec un poste de pilotage planté à mi longueur en raison de la présence de la banquette arrière en U optionnelle, celui mis à notre disposition par Argonautic, revendeur de la Londe-les-Maures, présente une console et un leaning-post en position reculée, afin de ménager de l’espace pour installer un rack à bouteilles de plongée sur l’avant du pont. Avec ses 3,18 m de large, le 850 Pro offre de larges passavants, bien que le poste de pilotage soit un vrai biplace. La circulation à bord est donc aisée, grâce aussi à l’encoche pratiquée dans le « tableau arrière intérieur » facilitant l’accès à la plateforme de bain. Elle le sera sans doute moins dès lors qu’on opterait pour la banquette en U proposée en option, laquelle peut s’accompagnée d’une table pour former une dînette. Cette option fait partie d’une liste importante d’équipements destinés à « customiser » son plan de pont afin, notamment, de le rendre plus confortable : kit solarium avant, revêtement de cockpit en mousse EVA (ou teck massif 6 mm), roll-bar avec taud de soleil, hard top inox et polyester, douchette avec réservoir de 80 litres, échelle de bain, guindeau électrique… pour ne citer que les principales. Marlin va même jusqu’à proposer l’éclairage sous-marin à leds. Pour les utilisateurs les plus sportifs, le chantier italien propose même des sièges jockey. Notre bateau d’essai, lui, est équipé d’un leaning-post à deux places bien dessiné, avec socle d’assise en polyester sur montants en inox. A son dos, une longue main courante permettra à deux passagers de l’arrière de naviguer debout en mer formée. Dans ces conditions de navigation sportive, il sera aussi possible d’asseoir quatre passagers (deux sur chaque flotteur) qui pourront se tenir au robuste support du hard top. Pour plus de sécurité encore, deux saisines en cordelette Polyamide et plus sur l’avant des sangles avec bourrelets de confort peuvent offrir des prises supplémentaires. La proue est armée d’un balcon fixé sur une bitte de forte section suffisamment haute pour éviter le ragage des amarres sur les flotteurs. Les puristes de la pêche ou de la plongée regretteront sans doute la présence des deux coffres avant contremoulés qui réduisent la profondeur de cockpit. Ils auraient préféré un pont de plain-pied sur toute sa surface… Mais, ces volumes de rangement (le coffre de la pointe est surtout destiné au mouillage) sont tout de même les bienvenus sachant que la cale arrière est surtout limitée à abriter les deux batteries des moteurs (une de service peut être ajoutée comme le montre les trois coupe-batteries sur notre photo), le réservoir optionnel de la douche de pont (absente sur cet exemplaire) la pompe de cale automatique et les poires d’amorçage. L’intérieur de la console, plus sec, sera l’endroit où ranger les affaires craignant l’humidité.
Bien étudié le poste de pilotage est composé d’un leaning-post situé à bonne distance des commandes. Ces dernières tombent bien sous la main et un cale-pieds peut même servir à piloter semi-assis lors les longues navigations. Le copilote pourra se tenir à une main courante bien placée ou au montant du hard-top, si cette option est montée, comme sur notre bateau d’essai. Spacieux, le tableau de bord devrait contenter pêcheurs et plongeurs qui pourront monter sans problème toute l’électronique de navigation désirée, et même intégrer deux GPS-sondeurs à grand écran. Avec sa largeur, sa hauteur et son pare-brise, la console procure une protection qui sera fort appréciée lors des sorties hivernales.
En mer
Bien assis sur l’arrière de ses flotteurs, à l’arrêt, le Marlin fait preuve d’une bonne stabilité. Elle sera appréciée lors des parties de pêche à soutenir et même à la traîne. Par contre, elle fait largement défaut en navigation à haute vitesse. Il faut avouer que nous avons eu du mal à conserver le bateau en équilibre sur sa quille et à exploiter toute la puissance des deux Selva 200 chevaux pour relever 46,8 nœuds à 5 900 tr/min. En effet, dès 5 500 tr/min le 850 Pro s’est mis à rouler d’un bord sur l’autre, rendant l’obtention du régime maxi délicat. Quelle est la raison de cet équilibre précaire ? Difficile à dire… On ne peut pas incriminer le plan d’eau (mer calme et vent presque nul). Il y a le fait que le Marlin, une fois déjauger navigue sans l’appui de ses flotteurs. La carène, bien dégagée de l’élément liquide, après une phase de déjaugeage brève (quelle accélération !) ne cabre quasiment pas mais « monte » haut au-dessus de l’eau. Mais des semi-rigides qui naviguent flotteurs en l’air (notamment les « ribs » anglais) ne roulent pas toujours pour autant. Il arrive aussi que la présence d’un hard top puisse générer un mouvement pendulaire à haute vitesse… Que dire d’autre ? Il y a peut-être la position du poste de pilotage très reculée, mais doutons que cela constitue un problème dans le cas du 850 Pro, celui-ci naviguant bien à plat, conservant une bonne partie de sa carène au contact de l’eau. Le montage des moteurs ? Rien ne nous a semblé suspect dans ce domaine. Aux dires de Sébastien Chevalier, l’importateur et de Laurent, concessionnaire Selva Marine, le bateau retrouve toute sa stabilité lorsqu’il est chargé, avec plusieurs passagers, ce qui est souvent le cas pour des sorties plongée en club, mais moins le cas en pêche. Autre remarque, son comportement en virages serrés pris avec du gaz n’est pas des plus académiques. Surtout dans les courbes à gauche, et ce malgré les deux hélices en rotation, le Marlin a tendance à partir en contregîte ce qui désagréable, voire inquiétant si l’on n’a pas le réflexe de débraquer et de réduire les gaz… Pour le reste, le Marlin semble garantir un bon confort en navigation aux allures de croisière, chose que l’on a pu seulement évaluer en croisant quelques sillages. En tout cas, sa carène bien défendue, aiguisée et ses flotteurs larges devraient assurer un bon passage en mer formée, sans mouiller l’équipage.
Au plan des performances, les chiffres parlent d’eux-mêmes… Avec les deux Selva 200 ch (les quatre cylindres), la poussée est plus qu’énergique : en 3’’7 on plane, et en 4’’ on franchit les 20 nœuds. Notons que nous n’étions que deux à bord, avec seulement 20% de carburant, une température atmosphérique de 14° et une eau à 15°, propices a de bonnes performances. Par ailleurs, la carène était propre et sans antifouling. En revanche, la présence du T-top, qui doit bien coûter deux nœuds, ne nous a pas empêchés de signer un beau 46,8 nœuds. La grande satisfaction vient surtout des rendements moteurs économiques. Avec 0,76 mille par litre à 3 000 tr/min et 0,73 m/l à 3 500 tr/min, on peut s’avouer très satisfaits, d’autant que cette efficience est assortie de vitesse de croisière très correctes : 22 et 27 nœuds. A 4 000 tr/min, le ratio est encore de 0,61 m/l pour 32 nœuds, ce qui est encore remarquable pour un bimoteur de 400 chevaux. Ainsi, au meilleur rendement, à 22 nœuds, le 850 Pro est en mesure de parcourir 290 milles sans ravitailler. Exceptionnel !
En conclusion, il est difficile de porter un jugement définitif sur le comportement dynamique du 850 Pro. Il n’y a peut-être pas lieu de penser que cette carène engendre seule ce roulis important. Il y a peut-être un élément qui fait interférence… Quoiqu’il en soit, la présence de 400 chevaux sur le tableau arrière nous semble limite, alors que penser de l’homologation à 500 chevaux ? Peut-être deux hors-bord de 150 ch conviendraient-ils mieux, tout en assurant un niveau de performance suffisant en vue d’un programme pêche/plongée pour lequel le nouveau Marlin possède de solides arguments, et en premier lieu sa qualité de construction et son habitabilité.
Qualité de réalisation
Comportement
Performances
Equipement
Adéquation programme
Rapport qualite/prix
Modéle | 28 Open | Patrol 860 | Smeralda 280 |
---|---|---|---|
Marque | BWA (Italie) | Highfield (Australie/France) | SeaWater (Italie) |
Imporlation | Réseau de revendeurs | Groupe YB (29- Guesnou) | Med Yacht (83 – Saint-Tropez) |
Longueur | 8,58 x 3,15 m | 8,60 x 3,10 m | 8,50 x 3,40 m |
Nb de personnes | 22 | 20 | 20 |
Matériau flotteur | CR/CSM | CR/CSM | CR/CSM |
Prix | 47 400 € (sans moteur) | 57 646 € (sans moteur) | 84 000 € (sans moteur) |
Vitesse maxi | 46,8 nds à 5 900 tr/min |
Vitesse de croisière rapide | 36,3 nds à 4 500 tr/min |
Vitesse de croisière economique | 26,8 nds à 3 500 tr/min |
Temps de jaugeage | 3,7 secondes |
Accélération de 0 a 20 nds | 4,0 secondes |
Vitesse minimale d’hydroplanage | 17,0 nds à 2 500 tr/min |
Consommation en usage courant (estimation) | 37 l/h |
Autonomie en usage courant (estimation) | 10 h 10 min |
Hélice de l'essai | 19’’ inox 3 pales |