Que ce soit en raison de son habitabilité ou de ses allures de croisière à la fois élevées et efficientes, le nouveau modèle amiral du chantier italien se présente comme un super semi-rigide très désirable. D’autant que sa construction sérieuse et sa finition soignée complètent ce tableau flatteur.
Texte et photos Philippe Leblond
Longueur | 12,05 m |
Largeur | 3,88 m |
Diam. maxi des flotteurs | 70 cm |
Nbre de compartiments | 7 |
Puissance maxi | 1 200 ch (883,2 kW) |
Puissance conseillée par Pneumag | 3 x 225 à 3 x 300 ch |
Poids sans moteur | 3600 kg |
Rapport poids/puissance | 4,9 kg/ch (avec le moteur de l’essai) |
Nombre de personnes | 16 |
Couchage | 2 |
Charge utile | 0 kg |
Matériau flotteurs | CR/CSM Orca 1670 décitex |
Capacité carburant | 820 l |
Catégorie CE | B |
Constructeur | Marlin Boat (Italie) |
Importateur | Sébastien Chevalier (83 – Les Issambres) |
Droits annuels sur la coque | 458 € |
Droits annuels sur le(s) moteur(s) | 2 772 € |
A sa large proue arrondie, son flotteur marqué d’une légère teugue (Marlin en est le pionnier !) signature habituelle de la marque, le chantier de Côme ajoute une étrave verticale très tendance. La superstructure intégrant une sellerie orange, façon Hermès, lui confère un aspect à la fois accueillant et qualitatif, d’autant que le teck massif (8 millimètres !) est omniprésent. Et si la vaste plateforme arrière et les deux carrés de pont annoncent de belles heures au mouillage, la cabine spacieuse et lumineuse apporte un supplément d’âme qu’on ne peut ignorer. Partons à la découverte de ce nouveau super-RIB !
Au ponton
Au premier regard, la séduction opère. Il y a d’abord cette immense plateforme de bain en teck, qui enserre un trio de V8 noirs distillant, bien qu’à l’arrêt, une sensation de puissance. Pour remonter du bain, deux échelles (intégrées) et des mains courantes pour faciliter le retour à bord. La douchette est à portée de main (tribord) pour se dessaler avant de s’allonger sur les très spacieux solariums (plus de 5 m2 au total), celui de la poupe, ou celui de la proue, au choix. Comme attendu, le premier cité peut se convertir en un carré convivial pour six, avec deux banquettes face à face autour d’une table en teck dont la hauteur se règle électriquement. Original : les dossiers à géométrie variable peuvent aussi composer deux banquettes l’une derrière l’autre ou dos-à-dos, ainsi que servir, en se rabattant à l’horizontale, d’extensions au bain de soleil. Tout cet espace peut être ombragé grâce à un taud de soleil tendu par des perches en carbone, à partir du hard top. Rare aussi, le fait de disposer d’une dînette sur le pont avant grâce au solarium avec dossier amovible et, en face, une seconde banquette adossée à la delphinière en polyester qui abrite le puits de mouillage et son guindeau électrique avec télécommande. Précisons que l’ancre n’est pas à poste sur un davier mais traverse l’étrave. Ainsi, la delphinière, recouverte de teck comme toutes les surfaces planes du bateau, est libérée pour débarquer ou embarquer par l’avant, hormis deux chaumards destinés à guider les amarres vers les taquets rétractables. Ajoutez à cela la largeur peu commune des passavants (44 cm !), et le plan de pont du Marlin 40 donne sans détour une impression de liberté de mouvement et d’esthétique, rehaussée par la présence d’une belle sellerie orange capitonnée. Le carré arrière, comme celui de l’avant, est accompagné sur les plats bords, de supports de verres et de lampes à leds escamotables du dernier chic. De quoi créer une belle ambiance au mouillage, surtout en allumant l’éclairage de courtoisie du cockpit (de série) ! La kitchenette bien agencée, mais privée d’un réchaud ou d’un grill, est composée d’un bel évier en inox, surmontant un grand placard avec tiroir à couverts, d’un plan de travail avec planche à découper amovible et d’un frigo-tiroir de 90 litres (un second de 42 litres est proposé, en option, pour la cabine).
Autre motif de satisfaction, le poste de pilotage… Composé de deux confortables fauteuils avec demi assise relevable et d’un repose-pieds télescopique en inox (afin de servir aussi le copilote qui se trouve face à la porte de cabine coulissante), il offre une position de pilotage ergonomique, tant assis que debout, avec pour le pilote un cale-pied en teck et une estrade escamotable pour améliorer le visibilité vers l’avant, le tableau de bord étant haut. Entre les deux sièges, le large accoudoir renferme un rangement pour les petits accessoires (smartphone, clés, paquet de cigarettes…). La petite console déportée qui supporte le joystick et le boîtier gaz/inverseurs, ainsi que le volant à inclinaison réglable permettent de peaufiner son installation. Face au pilote, la planche de bord, dont le design dépare un peu avec l’élégance du bateau, intègre un combiné Simrad à grand écran (16 pouces), la commande de l’Active Trim, la hi-fi Fusion, un support pour la télécommande de guindeau, les nombreux boutons électriques et deux supports de verres.
Last but not least, le moment est venu de découvrir la cabine… Premier constat : pour un plan de pont de type « walkaround », le volume est intéressant et lumineux avec une hauteur sous barrots (1,81 m) qui se prolonge au-dessus de la grande couchette double (210 x 145 cm), ce qui n’est pas toujours le cas, même sur des semi-rigides de cette longueur. L’absence de capot de pont est compensée ici par la présence de quatre hublots ouvrants dans le bandeau de roof (l’un des quatre est pour la salle d’eau). Cette dernière dispose d’un lavabo de verre sur plan de toilette en Corian, d’un WC marin électrique non coffré, et d’une douche (hauteur 1,75 m) avec caillebotis en bois. L’endroit, réchauffé par de belles cloisons en teck, est confortable et bien ventilé par le grand hublot. La capacité en eau douce peut être, à la demande, passer de 160 à 260 litres. Dans la première partie de la couchette, on trouve un élément central amovible qui génère deux banquettes face à face qui avec une petite table d’appoint pourrait faire un petit carré intérieur en cas d’intempéries. A l’entrée, sur tribord, un grand placard pour quelques effets personnels… mais il manque néanmoins une penderie. Il n’en reste pas moins que celui qui fera l’acquisition d’un Marlin 40 pour son aptitude à la petite croisière ne sera pas déçu.
En mer
Les aptitudes marines du Marlin 40 sont indéniables… C’est ce qui ressort de notre galop d’essai dans une baie de Cannes parcourue par une houle d’Est de près d’un mètre. De quoi, néanmoins, perturber l’exactitude de nos habituelles mesures de vitesses et consommations. Nous exploitons ici celles effectuées par le chantier dans des conditions optimales avec la même motorisation. Un chiffre interpelle au premier coup d’œil : celui de la V-max : 54 nœuds ! Sachant que les trois Mercury V8 de 300 chevaux en laissaient 300 de côté, considérant la puissance maxi autorisée sur ce bateau (1 200 ch !), la performance est assez colossale. Rappelons qu’en ordre de marche, le grand Marlin déplace environ 5,5 tonnes… Ce n’est pas rien, et cela explique cette homologation élevée en termes de puissance. Autre motif de satisfaction, l’efficience des trois V8 Mercury associés à cette carène à double redan. La vélocité de cette dernière permet, en association avec les excellents rendements énergétiques des V8 Mercury atmosphériques de 4,6 litres de cylindrée, d’obtenir des ratios distance parcourue/litre consommé que nous n’attendions pas si élevés. Rendez-vous compte que de 2 500 à 4 000 tr/min, soit à des vitesses allant de 16 à 33,5 nœuds, les rendements sont égaux ou supérieurs à 0,30 mille/litre ! C’est remarquable pour un tel niveau de puissance. Etonnant aussi l’écart constaté entre le régime le plus économique avec 0,31 m/l et le régime maxi avec 0,21 m/l. Le « gap » est généralement plus important, à l’exception des bateaux propulsés par des transmissions à hélices de surface, technologie très peu présente dans l’univers du semi-rigide, où l’amélioration du rendement est liée à l’augmentation du régime moteur… Certes, sur le Marlin, les rendements décroissent avec la montée en régime, mais lentement, ce qui fait qu’on peut profiter, tout en conservant une consommation « raisonnable », d’une vitesse de croisière très élevée, par exemple 41,5 nœuds à 5 000 tr/min. Grâce à un réservoir de bonne capacité, l’autonomie dépasse 200 milles pour les régimes compris entre 2 500 et 4 500 tr/min. Le pilote dispose donc d’une large plage d’exploitation pour ajuster sa vitesse de croisière en fonction des circonstances.
Pour ce qui est du comportement, contrairement au 850 HD Pro dont l’instabilité latérale à haute vitesse nous avait quelque peu décontenancés, pas de souci avec le 40 qui a fait preuve d’une stabilité impeccable à tous les régimes et dans toutes les directions de mer (face, arrière, trois-quarts, travers), sur une houle d’environ un mètre. La masse des trois V8 Mercury de 300 chevaux, placée très en arrière, la plateforme de bain faisant office de chaise-moteurs, n’engendre pas de légèreté du nez, et à plein régime, avec 4/10e de trim positif, la stabilité latérale et la tenue de cap demeurent rigoureuses. Ce qui nous fait dire que ce puissant Marlin peut être mis entre toutes les mains avec un peu d’accoutumance au niveau de performance, car une telle masse lancée à 50 nœuds réclame une bonne perception du plan d’eau et des qualités d’anticipation. En tout cas, le plus grand des Marlin supporte bien les 900 chevaux de cette trimotorisation. Néanmoins, nous sommes convaincus qu’avec moins de puissance (selon nous 3 x 225 ch ou peut-être 2 x 350), ce 40 pieds devrait rester performant, tant en vitesse qu’en rendement, à budget plus avantageux.
Un bon point aussi pour le passage dans la vague, en souplesse et avec confort, ainsi qu’en maniabilité ayant la capacité à virer court malgré sa longueur, avec une gîte modérée et un grip progressif, tout en conservant une pleine motricité pour se relancer en sortie de virage (nous n’avons pas réussi à déclencher la ventilation des hélices, même avec une remise de gaz brutale). Au final, ce Marlin 40 nous a bien plu, tant par sa capacité à évoluer confortablement et en sécurité sur une mer qui n’était pas lisse que par son efficience énergétique et le plaisir éprouvé à ses commandes. Et, en l’absence de propulseur d’étrave (proposé en option), le système Joystick Piloting des Mercury est là pour donner un coup de main au port, en cas de manœuvre délicate.
Qualité de réalisation
Comportement
Performances
Equipement
Adéquation programme
Rapport qualite/prix
Modéle | Tempest 40 | GranTurismo 12.5 | Mito 40 |
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Marque | Capelli (Italie) | Lomac (Italie) | MV Marine (Italie) |
Imporlation | Yamaha Motor France (95 – Saint-Ouen l’Aumône) | Stélie Nautic + revendeurs | AGP Boats (83 – Bormes-les-Mimosas) |
Longueur | 12,18 x 3,54 m | 11,75 x 3,51 m | 12,14 x 3,86 m |
Nb de personnes | 18 | 18 | 16 |
Matériau flotteur | CR/CSM | CR/CSM | CR/CSM |
Prix | 373 480 € avec 2 x 375 ch | à partir de 284 500 € (sans moteur) | 245 880 € (sans moteur) |
Vitesse maxi | 54 nds à 6 100 tr/min |
Vitesse de croisière rapide | 41,5 nds à 5 000 tr/min |
Vitesse de croisière economique | 33,5 nds à 4 000 tr/min |
Temps de jaugeage | non mesuré |
Accélération de 0 a 20 nds | non mesurée |
Vitesse minimale d’hydroplanage | 16 nds à 2 500 tr/min |
Consommation en usage courant (estimation) | 106,9 l/h à 4 000 tr/min |
Autonomie en usage courant (estimation) | 231 milles à 33,5 nds |
Hélice de l'essai | Enertia 3 pales inox |