Italien jusqu'au bout de l'étrave, avec un cockpit dédié sans équivoque à la balade en famille sous le soleil, ce joli semi-rigide se signale par sa présentation soignée. Et il révèle un sacré caractère dans la mer formée tout en restant facile à piloter. Nous avons aimé !
Texte et photos Jacques Anglès
Commençons par planter le décor, typiquement méditerranéen de cet essai : la rade du Brusc, prise ente le rivage de Sanary et l'archipel des Embiez, où un mistral de force 5-6 bon poids s'engouffre en poussant des crêtes blanches sous un ciel d'azur. Les habitués du coin savent ce que cela veut dire : vagues courtes avec creux de 1,5 m ou plus dans la partie la plus exposée de la rade, se réduisant à un gros clapot (0,5-0,7 m) sous l'abri, très relatif, de l'île des Embiez. Bref des conditions sportives pour un bateau de cette taille, plutôt destiné aux balades par beau temps et qui, pour le moment, m'offre un festival de pilotage. Le bruit du mistral laisse juste percevoir le ronronnement du très discret Suzuki 4-temps, à peine 80 décibels à 4 500 tr/mn, alors que le GPS oscille entre 25 et 27 nds. Quel, que soit l'angle d'attaque des vagues, la carène fait merveille, bien équilibrée en longitudinal comme en latéral avec une bonne sensibilité au trim. Réactive, elle permet d'ajuster instantanément les trajectoires pour trouver le meilleur compromis vitesse-confort et elle montre une belle rigidité structurelle, sans résonances dans la coque ni bruits parasites. Autre (très) bon point, compte tenu de l'état de la mer, aucun embrun n'a atteint le cockpit durant tout l'essai ! On en oublierait presque la dimension symbolique du pare-brise, réduit à un saute-vent d'aspect fragile. Si la position assise est assez confortable, avec volant et manettes au bon niveau, le pilotage debout est tout de même plus adapté aux conditions dures du moment, mais on constate alors que la position de la console, très près du boudin, ne permet pas d’écarter les pieds pour bien se caler. C’est la seule critique pour ce qui est du pilotage, ludique et toujours très sûr. Cela se confirme en poussant encore plus la manette des gaz, avec quelques sauts de vagues et reprises de contact sans déséquilibre, ainsi qu’en courbes où la carène se montre accrocheuse sans trop gîter, la direction étant toutefois très ferme en sortie de virage serré à droite (pas de problème à gauche, où le couple de l’hélice facilite le débraquage). Enfin, disons que le Suzuki 115 ch convient parfaitement à ce bateau, facile à prendre en main, procurant des performances amplement satisfaisantes pour un programme familial. Cela dit, compte tenu des qualités marines de ce modèle, on peut aussi opter sans crainte pour un 140 ch, notamment si l’on navigue souvent avec un équipage nombreux.
Côté construction et finition, c'est de la bonne qualité, tant pour la partie polyester, qui présente un gel-coat impeccable, que pour le flotteur à quatre compartiments, soigneusement réalisé en CR / CSM label Orca (type Néoprène-Hypalon) de Pennel & Flipo, et protégé par un double liston qui englobe les extrémités arrière. Le design, en formes arrondies est à la hauteur du reste, mariant élégance et discrétion, avec en touche finale une sellerie de qualité, intégralement déhoussable. Dans ce cockpit plus grand que sur bon nombre de modèles de même longueur, grâce à la position très reculée du moteur, le constructeur a privilégié un programme «balade et farniente», avec deux grands bains de soleil, à l'avant et à l'arrière. Celui de l'arrière s'installe en un tourne main, en basculant le dossier de la banquette. Avantage de ces solariums : ils ménagent, en dessous, de vastes volumes de rangements qui permettent de ranger le matériel de bord et tous les coussins quand on rentre au port. En revanche, seule la banquette arrière (trois places) est vraiment agréable en navigation, et les mains-courantes encadrant la partie avant sont trop courtes pour se tenir efficacement quand on s'assied sur le bain de soleil avant. Il suffirait de les prolonger sur toute la longueur pour pallier ce défaut en offrant la possibilité de s'asseoir sur le boudin, ce qui est souvent la meilleure position sur un pneumatique. à cette réserve près, le cockpit est agréable, avec un large passage facilitant la circulation de l'avant à l'arrière et un antidérapant efficace type pointe de diamant. Le massif de proue formant marche-pied et les plats-bords arrière sont pratiques pour embarquer et l'équipement standard est de bonne qualité, à l'exemple de l'échelle de bain télescopique en inox, des vérins pneumatiques sur les capots de coffres, ou des fermetures réglables. On relève en outre des idées originales et intéressantes : par exemple le double-fond du coffre avant donnant accès à un second coffre à fond de cale pour ranger les palmes et masques..
Conclusion
Voilà un bateau dont les qualités marines, combinant tenue de mer et plaisir de pilotage suffisent à emporter l’adhésion, notamment avec le 115 ch de cet essai, soit un peu plus que la puissance de 90 ch conseillée par le chantier, qui sera sans doute un peu juste avec une forte charge. La qualité de réalisation mérite des éloges, sans exclure quelques erreurs de détail faciles à rectifier, et l’équipement standard est bien pensé, incluant notamment un réservoir de carburant généreux et un réservoir d’eau de 45 litres.