Equipé d’un Mercury 150 EFI, ce semi-rigide non « imposable » possède de beaux arguments, à commencer par une construction soignée et une esthétique séduisante. Mais, sa configuration « location » ne nous a pas permis d’évaluer tout son potentiel dynamique, au sujet duquel nous voulons cependant nous montrer optimistes.
Texte et photos Philippe Leblond
Longueur | 7,05 m |
Largeur | 2,67 m |
Diam. maxi des flotteurs | 56 cm |
Nbre de compartiments | 6 |
Puissance maxi | 200 ch (147,2 kW) |
Puissance conseillée par Pneumag | 150 à 200 ch |
Poids sans moteur | 750 kg |
Rapport poids/puissance | 6,4 kg/ch (avec le moteur de l’essai) |
Nombre de personnes | 16 |
Couchage | 0 |
Charge utile | 0 kg |
Matériau flotteurs | CR/CSM Orca 1 670 décitex |
Capacité carburant | 205 l |
Catégorie CE | C |
Constructeur | MV Marine (Italie) |
Importateur | AGP Boats (83 – Bormes-les-Mimosas) |
Droits annuels sur la coque | exonéré |
Droits annuels sur le(s) moteur(s) | exonéré |
Parmi les 16 modèles produits par le chantier napolitain, le 650 Comfort est avec le 620 Comfort, le semi-rigide le plus « stratégique » vis-à-vis du marché français. S’il n’est pas transportable flotteurs gonflés, à la différence de son petit frère, il est celui qui s’approche le plus de la longueur fatidique des 7 mètres, synonyme de paiement de droits de navigation, tant sur la coque que sur le moteur. Du fait de ses plateformes de bain amovibles, le 650 Comfort (7,05 m hors-tout) est homologué en dessous cette longueur taxable. Il évite ainsi à son propriétaire de verser chaque année 392 € aux affaires maritimes. Ce n’est pas, au regard du prix du bateau, une somme très significative, mais cela représente tout de même l’achat de plus de 200 litres de carburant, qui correspondent à une quinzaine d’heures moteur, soit environ un tiers de son utilisation annuelle si l’on se réfère aux statistiques moyennes du plaisancier français. Comme disait… je ne sais plus qui d’ailleurs, « c’est toujours ça de pris ! ».
Au ponton
Amarré au sein de la flotte de location d’AGP Boats, importateur de la marque italienne, basé à Bormes-les-Mimosas, le 650 Comfort qui nous attend pour l’essai arbore une sellerie pimpante, d’un orange vif qui tranche avec le gris soutenu des flotteurs. MV Marine (ex-Motonautica Vezuviana) est d’ailleurs coutumier de ces coloris vifs pour ce qui est de la coussinerie des cockpits. Il propose également sept couleurs, au choix, pour les tubes, issus du large nuancier de Pennel & Flipo, puisque ces derniers sont assemblés en Orca 1 670 décitex, montrant une finition soignée (coupe impeccable, absence de bavures aux collages). Au passage, pour ce qui est de la partie polyester (coque, pont, coffres), soulignons le mode de fabrication, encore peu courant dans le domaine du semi-rigide, utilisé par MV Marine, à savoir l’infusion. Ce procédé contrôlé par ordinateur permet de calibrer très précisément la quantité de résine qui va imprégner le tissu de verre, là où la méthode de stratification manuelle traditionnelle (contact) est plus empirique. En résulte une économie de poids, sans pour autant nuire à la rigidité de l’ensemble. Les 750 kilos répartis sur les 7,05 m du 650 Comfort en témoignent.
Pour ce qui est du plan de pont, un premier constat : la position du poste de pilotage, décalé sur tribord afin de laisser un large passavant à bâbord (70 cm !) plutôt que deux moyens. Une bonne idée, mais comme toute médaille a son revers, le pilote sera seul derrière une console et sur un leaning-post monoplaces. MV Marine a également accordé une belle importance à la surface de bain de soleil, avec deux solariums de bonnes dimensions : 173 cm x 133 cm à l’avant, 110 cm x 159 cm à l’arrière (avec le dossier basculé), ce dernier pouvant être abrité par le taud de soleil replié sur le roll-bar inox, équipé des feux de navigation et repliable pour le transport. Par contre, il a négligé de proposer une table pour les pique-niques, même en option… Il est vrai que la proximité du leaning-post avec la banquette arrière est telle qu’elle ne laisse pas assez de place pour cet équipement. Parmi les points forts, on peut aussi citer le rangement, avec une volumineuse soute arrière et un généreux coffre avant avec baille à mouillage indépendante, jouxtant la delphinière qui supporte le guindeau électrique optionnel. S’y ajoutent les (petits) volumes de la console et du leaning-post. Un bon point aussi pour la présence, sur les couvercles de coffres, de vérins à gaz et de joints de caoutchouc pour éviter les bruits parasites en navigation.
Si l’homologation en passagers est généreuse (16 personnes), le nombre de vraies places assises ne l’est pas pour autant : trois sur la banquette, une au pilotage, une sur l’avant de la console (grâce au solarium), auxquelles ont peut ajouter deux passagers « flotteurs » à bâbord, le tube de tribord étant condamné. Quant au poste de pilotage, monoplace faut-il le rappeler, il offre une position de conduite efficace avec des commandes à bonne distance, un volant presque vertical, une façade postérieure de console en retrait avec petit cale-pieds moulé et une assise bien dessinée. Simple mais fonctionnel, le tableau de bord, en l’absence de boîte à gants, propose sa partie haute bordée d’une fargue permettant d’y déposer les menus objets sans qu’il ne risquent de valser dans le cockpit. L’espace dévolu aux instruments est en rapport avec la catégorie du bateau, avec la possibilité d’intégrer deux écrans (contrôle moteur + GPS-traceur-sondeur) sans que le volant n’en gêne la lecture.
En mer
Si l’on se réfère aux excellents chronos réalisés lors de nos essais effectués avec le Mercury 150 EFI, on ne peut cacher une légère déception quant aux mesures relevées à bord du MV 650. Avec 3’’2 pour déjauger et 5’’3 pour franchir les 20 noeuds, c’est honnête mais en net retrait de ce que l’on a pu relever sur d’autres montures. Et ce n’est pas la vitesse maxi, 33,4 nœuds à notre GPS, qui a sauvé la mise… Oui, mais cela mérite quelques explications… Le Mercury n’y est pour rien. Et ce n’est pas de la faute du bateau non plus. Il faut plutôt regarder du côté des conditions d’essai. Deux personnes à bord, c’est quasiment toujours le cas. Par contre, les pleins de carburant et d’eau c’est peu fréquent. Plus rares encore sont la carène sale (notre bateau d’essai arborait une barbe verte de huit semaines) et une hélice à pas court (15’’) et gros diamètre (15’’). Voilà qui peut expliquer bien des choses... Passons sur le chargement qui dans cette mesure n’a pas une grosse influence. Par contre la carène « chargée » et l’hélice typée « poussée » sont un réel handicap pour viser des performances optimales. Et l’incidence d’une température atmosphérique de 35°, n’est pas neutre par rapport à l’admission. Plusieurs nœuds se sont évaporés en raison du frein que représente les algues scotchées aux œuvres vives et du manque d’allonge de l’hélice. Une hélice choisie dans le cadre de la location, ce bateau étant destiné à naviguer très chargé… Sans verser dans un optimisme béat, on peut projeter, avec des conditions d’essai adéquates, une V-Max proche de 40 nœuds et des accélérations sensiblement plus musclées. Reste aussi à considérer que nous sommes 50 chevaux en-dessous de la puissance maxi autorisée. Avec un Mercury V6 de 200 ch (bloc 3,4 litres) et un rapport poids/puissance qui passe de 6,4 kg/ch à 4,8 kg/ch, les prestations et les sensations de pilotage seront sensiblement revues à la hausse ! Les 45 nœuds en pointe sont envisageables… Dans l’état actuel des choses, on devra se contenter d’allures de croisières en demi-teinte avec 26 nœuds à 4 500 tr/min et 18,4 nœuds à 3 500 tr/min, et des rendements perfectibles (0,80 m/l et 1,03 m/l), le second étant tout de même économique, mais assorti d’une vitesse modeste. Ce qui permet à 3 500 tr/min de couvrir 190 milles sans ravitailler, une belle endurance pour un semi-rigide de cette catégorie.
La « configuration » location du MV 650 Comfort, même si elle impacte négativement ses performances, ne l’empêche pas de faire apprécier son comportement sûr et homogène. Un seul accroc, son attitude en virage serré à gauche, avec beaucoup de gaz : la gîte intérieure est excessive (peut-être en partie à cause de l’effet de couple de l’hélice à fort diamiètre) qui incite à débraquer un peu afin de retrouver un équilibre plus serein. Cette gîte est moins sensible dans les virages à droite. Le vent étant absent et la mer calme le jour de notre essai, nous sommes allés chercher quelques sillages. En croisant à l’arrière des bateaux de passage profitant de cette belle journée pour filer du Lavandou vers Port-Cros, nous avons apprécié le bon franchissement, avec une assiette bien équilibrée et un bon amorti dans les retombées. En virage, la motricité intacte permet de sortir énergiquement des courbes. A la vitesse maxi, avec un réglage de trim positif en limite de ventilation, nous n’avons pas noté de signes avant-coureurs de roulis, mais il est vrai qu’à seulement 34 nœuds, le contraire eut été inquiétant ! Difficile de porter un jugement définitif sur les qualités marines et dynamiques de ce MV au positionnement commercial stratégique (non assujetti aux taxes), à l’issu de cet essai. Il nous semble que ce Mercury 150 ch, dont on a souvent souligné toutes les qualités, devrait bien lui convenir dans des conditions plus favorables, c’est-à-dire avec une carène propre et une hélice de plus petit diamètre et au pas plus long. Toutefois, dans l’optique d’une utilisation avec équipage nombreux, un 175 ou un 200 ch nous semble un choix pertinent.
Qualité de réalisation
Comportement
Performances
Equipement
Adéquation programme
Rapport qualite/prix
Modéle | Sport 22 GTO | 226 FB | N-Zo 680 |
---|---|---|---|
Marque | BWA (Italie | Marlin Boat (Italie) | Zodiac (France) |
Imporlation | Réseau de revendeurs | Sébastien Chevalier (83 – Les Issambres) | Réseau de concessionnaires |
Longueur | 6,65 x 2,75 m | 6,90 x 2,58 m | 6,80 x 2,54 m |
Nb de personnes | 14 | 10 | 14 |
Matériau flotteur | CR/CSM | CR/CSM | CR/CSM |
Prix | 40 068 € (sans moteur) | 42 528 € (sans moteur) | 37 000 € (sans moteur) |
Vitesse maxi | 33,4 nds à 5 900 tr/min |
Vitesse de croisière rapide | 26,0 nds à 4 500 tr/min |
Vitesse de croisière economique | 18,4 nds à 3 500 tr/min |
Temps de jaugeage | 3,2 secondes |
Accélération de 0 a 20 nds | 5,3 secondes |
Vitesse minimale d’hydroplanage | 13,6 nds à 2 500 tr/min |
Consommation en usage courant (estimation) | 14 l/h |
Autonomie en usage courant (estimation) | 13 h 10 min |
Hélice de l'essai | Enertia 15’’ x 15’’ inox 3 pales |