Inventeur des premiers "canots gonflables" populaires, Pirelli s'était absenté de la plaisance depuis quinze ans. Il y revient avec des semi-rigides de luxe, fabriqués par Tecnorib. à ceux qui cherchent un bateau à la pointe du design, le PZero 1000 offre un style audacieux marqué par un cockpit original et convivial.
Texte et photos Jacques Anglès
Il en va des pneus comme de tout, certains se distinguent au premier coup d'œil parmi la foule des anonymes. Indubitablement, le PZero 1000, siglé Pirelli, fait partie de ces rares élus. Si ses dimensions n'y sont pas pour rien (encore que l'on finisse par s'habituer à ces pneus superlatifs, qui fleurissent en nombre depuis quelques années), c'est surtout son design et sa présentation très "classe"' qui attirent l'œil. Avec, au premier plan, Le grand "P•" étiré qui se détache en rouge vif sur le gris du flotteur et un look très étudié. L'appellation Pzero est évidemment un clin d'œil à l'une des plus fameuses références de l'histoire automobile, le pneu de rallye Pirelli PZero qui équipa les Lancia Delta S4 et les Ferrari F40 dans les années 80. Rappelons aussi que le grand manufacturier italien fut le premier à produire des canots gonflables de plaisance dès 1949 (donc avant Zodiac, qui réservait son savoir-faire aux militaires) avec le Nautilus à boudin orange, puis avec la série des Laros jusqu'au début des années 90. Absente du secteur nautique depuis 1992, la bannière Pirelli flotte à nouveau sur les eaux grâce au chantier milanais Tecnorib, qui en a repris la licence en 2006. Une renaissance qui se place d'entrée sous le signe du luxe, avec un modèle amiral de 14 m, d'une beauté galactique, et une gamme complète, de 3,70 m à 14 m. à l'instar de son aîné, le PZero 1000 affiche un luxe branché, propre à assurer son succès de Saint-Trop' à Porto Cervo : le design à angles vif s'inscrit dans la tendance du moment, le polyester présente un fini impeccable, et les détails cultivent les symboles du chic sportif automobile, à l'exemple du volant sport à trois branches en alu brossé, ou du marchepied de flotteur en caoutchouc façon pneu de GT. Sans oublier les parements de teck massif, qui apportent l'ultime touche de classe à ce canot haut de gamme. La conception du cockpit annonce un programme méditerranéen, pour un équipage de six à huit personnes (la capacité autorisée de 20 personnes étant illusoire). Les deux grands bains de soleil avant et arrière ainsi que la super plate-forme de poupe mettent le farniente à l'honneur et le carré arrière, très convivial, peut accueillir confortablement six personnes, avec mini cuisine et réfrigérateur à portée de main. Du cockpit, un passage, marqué par une marche assez haute, donne accès au poste de pilotage triplace, surélevé et bien abrité derrière la haute console, elle-même coiffée d'un grand pare-brise. Le pilote y dispose d'une assise ajustable à commande électrique (en option) mais le cale-pied tubulaire est inconfortable (surtout pieds nus) et le volant un peu trop haut. Sous la console, on trouve une cabine double, spacieuse mais hélas sans coin toilette, et avec WC en option. Enfin, à l'avant, le rouf de la cabine forme un grand bain de soleil, sécurisé par des garde-fous latéraux. Globalement, ce cockpit mérite des éloges pour sa distribution fonctionnelle des espaces et sa circulation assez commode malgré les dénivellations. C'est plus inégal au niveau des détails, où les bonnes idées (assise de pilote ajustable par commande électrique, logement transparent pour cartes marines, astucieuse table de cockpit), n'excluent pas quelques critiques, par exemple la porte de cabine, compliquée et peu pratique, où l'accès aux moteurs. Notez que ce modèle se décline en deux versions : 1000 Cabin (notre essai) ou 1000 Sport, exclusivement motorisés en in-board, essence ou diesel. Notre exemplaire d'essai est doté de deux Volkswagen 265 TDI, version marinisée des 6 cylindres équipant les Audi A6 et Q7 ou le VW Touareg. Ces mécaniques éprouvées bénéficient d'un excellent rapport poids/puissance et les embases Bravo One de Mercruiser ont elles aussi fait leurs preuves. Les deux hélices délivrent une excellente précision aux manœuvres de port. Le déjaugeage est assez rapide (5,8 secondes) malgré le temps de mise en action des diesels, plus lents que des moteurs à essence, avec un net "coup de pied au cul" à l'enclenchement des turbos. La carène, large et assez porteuse, montre une bonne capacité à rester déjaugée à basse vitesse. En accélérant, on obtient de bonnes vitesses de croisière en régime économique (25 à 28 nœuds à 3 000-3 300 tr/min), avec un excellent confort pour les passagers (moteurs discrets, grande stabilité de la coque). On reste en revanche sur sa faim en ce qui concerne le plaisir de pilotage. La carène, adopte en effet une assiette très à plat et semble coller à l'eau, levant à peine le nez quand on joue du trim. On parvient tout de même à gagner deux à trois nœuds de cette manière au régime maxi, sans toutefois en retirer de sensations exaltantes, avec une direction un peu "floue". En virages, le PZéro 1000 gîte peu et tient bien sa trajectoire mais ventile assez facilement quand on resserre le rayon. Le GPS, juge impartial, confirme ces impressions en demi-teinte : moins de 42 nœuds de vitesse maxi, un résultat en dessous de nos attentes compte tenu d'un rapport poids/puissance favorable. Il y a sans doute des nœuds à gagner du côté de la transmission et les hélices (hélices de surface ?). Espérons que le chantier ne nous privera pas de cette mise au point. .
CONCLUSION
Certainement pas le bateau de "Monsieur tout le monde", avec deux atouts maîtres : un look personnel et un cockpit bien organisé, très agréable à vivre pour peu que l'on n'embarque pas trop de passagers. C'est parfait à six ou huit, pour des virées à la journée, ou à deux le temps d'un week-end, avec une cabine spacieuse où il faut prévoir un peu de confort optionnel. Les performances et les sensations de pilotage sont moins enthousiasmantes, et le budget est sélectif, mais vous connaissez le dicton : "quand on aime, on ne compte pas !"