Essai Pirelli (Tecnorib) Pzero 880 Sport

Une image forte

Ce qui frappe de prime abord, chez les Pirelli, c'est leur identité esthétique. L'image forte qui s'en dégage, suggère un alliage de technologie et de performance. Le 880, l'un des derniers modèles, est bien dans cette veine : son vaste plan de pont, sa puissante cavalerie et son design original en font un day-boat confortable, endurant et diablement séduisant.

Texte : Philippe Leblond - photos : Philippe Leblond & Jérôme Kélagopian


 97 800 € avec 300 ch (tarif 2016)
 9.02 m
 12
 44,9 nds avec 2 x Mercruiser 220 ch
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Paru dans le Pneumag n° 85 Septembre/Octobre 2011



Les deux Pirelli se tiennent côte à côte, en bordure de quai du port de Golfe-Juan. Le "petit" 880 Sport et son grand frère, le tout nouveau 1100 (dont nous publierons l'essai dans un prochain numéro). Les badauds, attirés irrésistiblement par les deux spectaculaires semi-rigides, font un stop pour commenter et dégainent leur téléphone portable pour photographier. Le port de Golfe-Juan n'est pourtant pas en manque d'unités spectaculaires, mais ce sont les Pirelli qui ont les faveurs du public ! Il est vrai que la carrure impressionnante des deux semi-rigides à motorisation in-board, leurs flotteurs gris deux tons, frappés du fameux sigle "P." et leurs selleries rouge vif, ne passent pas inaperçus. Le 880 en impose déjà, et les courbes inhabituelles de sa console aimantent le regard. Force est de reconnaître que Pirelli a su se créer un style, une identité qui tranche avec le reste de la production, et que le service marketing de Tecnorib (le constructeur) n'hésite pas à qualifier de "glamour, sexy et fashion"…
Plus prosaïquement, ce qui frappe l'observateur, c'est la surface de pont du 880, et la place réservée à la circulation, grâce notamment à une proue "carrée" et des espaces libres autour du poste de pilotage, les passavants étant cependant moins généreux en raison des mains courantes de console. Le nez du bateau, recouvert d'une structure rigide incorporant le dispositif de mouillage (puits à chaîne et guindeau électrique), permet d'embarquer facilement lorsque le bateau est amarré "avant à quai", et le pont recouvert de vrai teck (avec ses joints gris assortis aux flotteurs), de même que la vaste plate-forme de bain autorisent de se déplacer sans risque de glisser. Doté d'un cabriolet de belles dimensions, sortant d'un coffre situé sous l'assise de banquette arrière, et positionnable à loisir grâce à son montage sur rails inox, le 880, qui offre par ailleurs deux immenses solariums, s'impose d'emblée comme un bateau taillé sur mesure pour les sorties à la journée, à plusieurs. Dotés de nombreux coffre capables d'"ingérer" le matériel de sécurité et toutes les affaires de l'équipage, le 880 propose également un superbe carré de proue (option), doté d'une table à relevage électrique sortant directement du plancher. A l'heure des repas, on peut facilement s'y asseoir à six, et à deux de plus avec le concours de chaises d'appoint. Cette table sert, bien entendu, d'extension au bain de soleil… Le frigo intégré au leaning-post fait, lui, partie de l'équipement standard. En revanche, on ne trouve pas d'évier, de réchaud ou de planche à découper, même parmi les options… Pirelli s'est concentré sur d'autres raffinements, comme l'éclairage par LED du cockpit, la douchette avec un réservoir de 100 litres, la sono de grande qualité (Fusion CD/iPod), les couvercles de coffres tous assistés de vérins à gaz (électrique pour l'ouverture de la cale moteurs) et un accastillage de qualité : taquets bien dimensionnés, ancre à poste dans son écubier, mât de ski, bouée couronne dans son support moulé spécifique... Ce qui n'empêche pas certaines carences ou imperfections, telles que les charnières de coffres saillantes, les saisines de flotteurs peu ergonomiques, l'absence de main courante sur la console pour le copilote, l'ouverture laborieuse du logement du cabriolet, l'accès peu aisé au coupe-batteries, l'agencement perfectible du tableau de bord (emplacement de la centrale de navigation masquée par le volant), et même quelques traces de colle en bordure du "patch" à motif de pneu Pirelli, servant d'antidérapant pour embarquer par le flotteur… Des petits détails, toutefois, en regard de la qualité générale, le 880 Sport ayant globalement très fière allure.
Les badauds sont encore présents pour observer l'appareillage de notre étonnant semi-rigide. La présence des deux hélices, entraînées par des embases Alpha One, facilite la manœuvre. Pas de fausse note donc, et pas de sourires ironiques sur les lèvres de nos spectateurs du jour. Le Pirelli quitte le port au ralenti, le temps de constater que les Mercruiser essence, de 220 ch chacun, se montrent presque aussi discrets que leurs cousins hors-bord, les Verado. Une fois passée la limite des 300 m, je pousse franchement les leviers de gaz. Fort d'une cylindrée cumulée de 8,6 litres, le 880 Sport s'arrache des flots en un temps record : 2"9 ! La poussée énergique des deux V6 d'origine General Motors ne faiblit guère jusqu'au régime maxi de 4 900 tr/min. Un coup d'œil à notre GPS : 43 nœuds. Encore un peu de trim positif, et nous butons sur les 45 noeuds. 44,9 nds, "c'est mon dernier mot Jean-Pierre" ! Très beau résultat toutefois lorsqu'on considère le gabarit de l'embarcation (pas loin de 3 tonnes en ordre de marche)… Le sourire de Daniel Scarani, nouveau distributeur Pirelli, à la tête de la célèbre société Rio France, "valide" la performance. Mais plus significatif encore que la vitesse de pointe, nous retiendrons le rendement de 0,59 mille par litre, correspondant à une vitesse de croisière de 24 nœuds, quasi idéale pour ce semi-rigide de loisir. Sobres les Mercruiser ! De quoi approcher les 200 nautiques d'autonomie, soit un aller-retour continent/Corse.
Pour donner un peu de relief (c'est le cas de le dire) à notre essai, nous partons chercher un peu de houle vers le large. L'occasion de constater que le Pirelli nécessite un réglage de trim optimisé pour contrer une légère propension à marsouiner. Par ailleurs, sa tenue de cap manque légèrement de rigueur au-delà de 4 500 tr/min (il faut dire que la barre était très molle), bien que le bateau ne subisse aucun roulis, même avec un trim très relevé. Question confort, on apprécie sa qualité de passage dans la vague, avec une étrave qui amorti bien les impacts. En revanche, on éprouve l'impression d'un certain manque de rigidité structurelle, lors des réceptions de sauts, peut-être due, en partie, à des flotteurs sous gonflés… En virage, rien à redire. Le 880 Sport est un vrai "vélo". Sa maniabilité n'a d'égale que sa docilité. L'inscription est vive, le grip régulier, et la motricité intacte, lors de la remise de gaz, permet de ressortir des virages serrés avec aisance.



photo Pirelli (Tecnorib) Pzero 880 Sport


photo Pirelli (Tecnorib) Pzero 880 Sport


photo Pirelli (Tecnorib) Pzero 880 Sport


photo Pirelli (Tecnorib) Pzero 880 Sport





L'esthétique du 880 Sport ne laisse personne indifférent et il convient de saluer, à cet égard, la créativité du chantier italien. De surcroît, ce Pirelli possède de solides atouts en termes d'habitabilité et de confort, que ce soit en navigation ou au mouillage. Son cockpit a été bien pensé et ses performances remarquables (consommation contenue, agrément de pilotage) sont en adéquation avec son programme de semi-rigide de grand tourisme.




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