Essai Pirelli (Tecnorib) 1900

Géant !

Armé de sa monumentale étrave en lame de couteau et de ses hélices de surface, le nouveau vaisseau-amiral de la lignée des semi-rigides Pirelli est une machine à déchirer la mer et à « bouffer des milles ». Ses performances dynamiques sont aussi au service d’un aménagement dont le confort incite à partir en croisière.

Texte et photos Philippe Leblond


 1 620 000 € avec 2 x MAN 800 ch diesel
 18.5 m
 4
 42,6 nds
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Essai paru le 06/06/2018

Fiche technique

Longueur 18,5 m
Largeur 5,3 m
Diam. maxi des flotteurs 0 cm
Nbre de compartiments 0
Puissance maxi 2 x 1 000 ch (1 472 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 2 x 800 ch
Poids sans moteur 16500 kg
Rapport poids/puissance 10,3 kg/ch (avec le moteur de l’essai)
Nombre de personnes 0
Couchage 4+1
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 2x1000 l
Catégorie CE B
Constructeur Tecnorib (Italie)
Importateur Rio France (06 – Juan-les-Pins)
Droits annuels sur la coque 886 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 4600 €



Le nouveau monstre, sorti du chantier milanais Tecnorib est à notre connaissance le deuxième plus grand semi-rigide de plaisance après le Heaven 80 (24 mètres) que nous vous avions présenté dans le n°75 de Pneumatique Magazine. Au même titre que le Heaven, le Pirelli 1900 n’est pas qu’un day-boat XXL, il est aussi un vrai yacht de croisière, avec ses emménagements confortables et conviviaux. En effet, malgré sa silhouette d’offshore bodybuildée, il s’avère accueillant et donne envie de naviguer en bonne compagnie. D’autant qu’avec ses performances, il est capable de multiplier les escales à un rythme élevé. Son programme, à même de se calquer sur l’agenda d’un businessman pressé, pourrait tenir dans cette formule : « en voir le plus possible en un minimum de temps. »



Au ponton



Amarré à son emplacement du Cannes Yachting Festival, le Pirelli 1900 laisse admirer sa ligne dynamique et superbe d’équilibre dessinée par le tandem Mannerfelt père et fils. Car, si Ocke s’est chargé de la carène, c’est au jeune Ted que l’on doit les superstructures, avec ce hard-top « full carbon » qui a permis d’économiser 700 kg dans les hauts. Nous embarquons par l’immense plate-forme de bain qui vient couvrir les transmissions de surface. Les robustes taquets rétractables sont secondés par des winches électriques. Un chemin central, partageant l’immense solarium de poupe en deux, mène jusque dans le cockpit qui offre une double dînette capable de recevoir, au bas mot, une douzaine de convives. La kitchenette est à portée de main, à bâbord pour le grill et un premier frigo et à tribord, au dos du siège de pilotage pour le plan de cuisson, l’évier et le second frigo. A tribord, toujours, on trouve le poste de pilotage avec sa banquette trois places faisant face à un tableau de bord très dépouillé. Et pour cause, il n’est constitué que d’écrans, si l’on excepte la barre, les commandes inverseurs/gaz et le joystick sur une console à droite du pilote. L’originalité réside dans l’écran multifonction tactile (technique et domotique) mis au point durant trois ans d’essais, avec Raymarine. Sur le pont avant, un second solarium de belles dimensions est encastré entre les passavants en teck qui mènent jusqu’au dispositif de mouillage.



Notre visite prend maintenant la direction du pont inférieur. Une fois la porte plexi franchie, nous « tombons » quatre marches plus bas dans le salon/cuisine (2,01 m sous barrots), avec sa dînette surmontée d’un téléviseur, et faisant face à la cuisine intérieure dont l’équipement est plus poussé que celle du cockpit. De part d’autre de la descente, les portes de la cabine VIP (1,87 m) à bâbord, avec lit double, et celle du marin (1,87 m), à tribord, avec lit simple et WC. En se rendant dans la cabine propriétaire située dans l’étrave (1,91 m), avec son grand lit et ses deux penderies, nous passons entre les deux sanitaires indépendants, lavabo et WC à bâbord, douche à tribord. L’ensemble bénéficie de l’air climatisé. Une précision : l’aménagement intérieur peut varier à la demande de l’acquéreur.



En mer



Pour relier les escales ou les mouillages en mode accéléré, le Pirelli est bien outillé. D’abord avec sa carène signée Ocke Mannerfelt, architecte naval suédois qui a fait sa réputation dans la course offshore, notamment avec B-24 et B-28, surnommés les « Bat-boats ». Longue et effilée, la carène en V profond du Pirelli 1900 est barrée, dans sa moitié arrière, de deux redans de vitesse bien marqués. L’étrave, superbe par sa courbe et ses entrées d’eau fines, est percé d’un propulseur pour faciliter les manœuvres. Du tableau arrière partent les deux transmissions de surface Top System T65, directrices et trimables, équipées d’hélices « couteaux » à six pales. Le réglage des correcteurs d’assiette est contrôlé électroniquement selon trois modes : sport, croisière, mer formée. Cet asservissement qui permet d’optimiser l’assiette du bateau en navigation « passe la main », pour les manœuvres de port, au système « Easy Docking » par joystick qui agit sur les arbres de transmission et le propulseur d’étrave, tout en profitant d’une trolling valve qui évite les arrivées de couple massives lorsque le bateau manœuvre à proximité du quai. Ainsi guidé, le bateau est capable de se déplacer « en crabe ».



Prenons le large pour voir ce que le plus grand des Pirelli a dans le ventre. En l’occurrence, notre bateau d’essai était équipé de deux Man de 800 chevaux chacun, la motorisation maxi proposée étant une paire de Caterpillar 1 000 ch. Une fois au large du Vieux-Port de Cannes, nous poussons les gaz. Les transmissions triment en positif pour permettre aux hélices de surface de ventiler et de commencer à passer la puissance des 1 600 chevaux. Le temps de déjaugeage, on le sait, n’est pas le fort des bateaux à hélices de surface, mais progressivement les hélices « vissent » dans l’eau et le Pirelli accélère, se mettant à planer tandis que les trims se rebaissent légèrement pour conserver l’assiette bien horizontale. Nous sommes maintenant au-delà des 20 nœuds. Une poussée franche sur les accélérateurs, et le couple monstrueux des 6 cylindres en ligne MAN (12,8 litres de cylindrée chacun !) fait défiler les chiffres sur le GPS du bord : 33 nœuds, 37, 40, 42, encore une petite montée de trim et nous atteignons 42,6 nœuds. Ce sera notre dernier mot. Les 45 nœuds annoncés par le chantier sont réservés aux Caterpillar… A cette allure, le hard-top atténue considérablement la sensation de vitesse, mais il suffit de tourner la tête et de regarder le sillage avec l’énorme gerbe d’écume arrachée par les hélices de 80 cm de diamètre, pour comprendre que le 1 900 ne traîne pas en route… La côte s’éloigne rapidement et les bateaux croisés prennent un sacré courant d’air ! La houle résiduelle de près d’un mètre est complètement pulvérisée, et les sillages croisés n’impactent que très faiblement la structure hyper rigide de ce long cigare qui vire en traçant ses trajectoires au scalpel, sans pour autant pouvoir braquer serrer, car avec les hélices de surface, il convient de rester déjaugé.



photo Pirelli (Tecnorib) 1900


photo Pirelli (Tecnorib) 1900


photo Pirelli (Tecnorib) 1900


photo Pirelli (Tecnorib) 1900


photo Pirelli (Tecnorib) 1900


photo Pirelli (Tecnorib) 1900


photo Pirelli (Tecnorib) 1900


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Qualité de réalisation        

Comportement          

Performances        

Equipement        

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix      

La ligne superbe
Les performances exceptionnelles
Le confort en navigation
Les espaces de vie extérieurs
Le plan des cabines adaptable
Le déjaugeage laborieux
Les passavants étroits
L’espace cabine peu lumineux
Le design du tableau de bord peu inspiré

PERFORMANCES
Vitesse maxi 42,6 nds à 2 350 tr/min
Vitesse de croisière rapide 37,4 nds à 2 000 tr/min
Vitesse de croisière economique 33,8 nds à 1 750 tr/min
Temps de jaugeage n.c
Accélération de 0 a 20 nds n.c
Vitesse minimale d’hydroplanage 20,4 nds à 1 500 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 290 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 210 milles
Hélice de l'essai 80 cm bronze 6