Essai Pirelli (Tecnorib) 50

Walkaround superlatif

Encore plus grand que ses frères de 35 et 42 pieds, il adopte le même plan de pont, fonctionnel et sécurisant. Mais, du fait de ses dimensions hors du commun, ce maxi RIB préserve l’espace de vie intérieur afin de jouer la carte de la croisière en famille. Pour autant, il ne trahit pas son ADN de sprinter, grâce à une carène ciselée pour la performance.

Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR


 660 000 € sans moteur
 15.2 m
 14
 50,8 nds avec 2 x Mercury 600 ch 4T
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Essai paru le 06/05/2022

Fiche technique

Longueur 15,2 m
Largeur 4,7 m
Diam. maxi des flotteurs 60 cm
Nbre de compartiments 6
Puissance maxi 1 800 ch (1 037 kW)
Puissance conseillée par Pneumag 3 x 350 à 2 x 600 ch
Poids sans moteur 13500 kg
Rapport poids/puissance 11,3 kg/ch (avec les moteurs de l’essai)
Nombre de personnes 14
Couchage 4
Charge utile 0 kg
Matériau flotteurs CR/CSM Orca 1 670 décitex
Capacité carburant 1600 l
Catégorie CE B
Constructeur TecnoRib (Italie)
Importateur OMV (83 – Gimaud), Mercurio Yachting (83 – Saint-Tropez)
Droits annuels sur la coque 1 108 €
Droits annuels sur le(s) moteur(s) 2 356 €



Le tout nouveau Pirelli 50 vient dominer ce qu’il convient maintenant d’appeler la gamme « walkaround » du chantier milanais, se plaçant au-dessus de ses deux récents « petits » frères, les 35 et 42 (11,10 m et 13,10 m). Comme ces deux derniers, le 50 pieds est aussi l’œuvre du studio Mannerfelt Design Team, avec à sa tête Ocke Mannerfelt, le père et Ted, le fils. Le premier est l’auteur des carènes, le second du design général et de l’aménagement intérieur, avec la participation du bureau d’études du chantier TecnoRib. La présentation à la presse a donc eu lieu à Gênes ces jours derniers, en présence du PDG de la nouvelle entité Sacs TecnoRib, Gianni De Bonis, puisque ces marques spécialistes du maxi RIB - les deux disposent d’un modèle amiral de 19 mètres ! - ont récemment fusionné. Découvrons le 50 pieds qui est le premier Pirelli à recevoir l’imposants Mercury Verado V12 600 ch, en double exemplaire !



 



Au ponton



Pirelli tire sa forte identité visuelle de la collaboration avec les Mannerfelt, initiée il y a 15 ans avec le lancement, du PZero 1400. Depuis, tous les grands modèles de Tecnorib reprennent l’essentiel de ses caractéristiques qui font le style bien particulier des Pirelli, comme me le confirme Ted Mannerfelt : « Mon objectif en tant que designer est de conserver l’ADN esthétique de la marque. Le lien avec le sport reste évident mais sans oublier la sécurité - rappelons que les Mannerfelt ont longtemps courus en championnat du monde Offshore Classe III sur leurs propres bateaux. Notre style s’est vraiment ancré avec le 1400, et notamment ce pare-brise profilé qui se prolonge en hard top… D’ailleurs, nous avions été récompensés par le Red Hot Design Award, une distinction très recherchée par les designers de tous domaines. C’était la première fois qu’un bateau était primé, et nous avons obtenu la même récompense pour le Pirelli 35 ! »



 



Lorsqu’on observe le 50, la filiation est évidente, comme elle l’est aussi pour les 35 et 42 lancés ces deux dernières années. Bien que les superstructures – programme de croisière oblige – soient plus développées que sur le 1400 d’architecture open, ce grand walkaround (circulation encaissée autour de la cabine) reprend ce même profil dynamique, évocateur de performance. Et, nous allons le voir plus loin, le Pirelli 50 ne traîne pas en route ! Quelques éléments de design (lignes, reliefs) animent les superstructures afin de les affiner, de même que les mains courantes, insérées dans une réserve du moule des pavois et les taquets rétractables, afin de préserver l’élégance de la ligne.



 



La spacieuse plateforme de bain sert de chaise aux moteurs, allongeant la ligne de flottaison. Elle se poursuit par de larges passages (52 cm) de part et d’autre du grand solarium, traité en îlot (235 x 222 cm) et utilisant les dossiers mobiles de la banquette arrière comme appui-tête. Le pont, de plain-pied sur toute la longueur, et bordé par de hauts pavois, garantit des déplacements aisés et sûrs, le teck massif apportant sa touche chaleureuse et sa qualité d’antidérapant. L’accastillage est à la fois beau, fonctionnel et bien distribué avec, notamment, un marche-pied sur chaque bord pour faciliter l’embarquement à partir du quai ou d’un bateau à couple, un taquet à mi longueur pour amarrer les gardes et la longue main courante de la kitchenette après laquelle quatre passagers peuvent se tenir debout en navigation lorsque la mer est vraiment agitée, comme ce fut le cas lors de cet essai. A ce sujet deux meubles cuisine/bar, en vis-à-vis, sont situés à proximité immédiate du grand carré qui, avec ses deux banquettes face-à-face, peut accueillir huit convives pour une collation avec vu mer imprenable. Les deux plans de travail en Corian noir recouvrent le mobilier qui intègre trois frigos et un icemaker, un évier plus un bac autovideur, une plaque de cuisson deux feux et des placards… Bref de quoi s’assurer des pauses épicuriennes au mouillage !  



 



En poursuivant vers la proue, on passe le long du second solarium, lui aussi de belles dimensions (203 x 142 cm), auquel fait face une banquette pour trois personnes, dos à la marche. Quant à la pointe avant, dont le capot est orné du fameux motif Pirelli imitant les sculptures d’un pneu, elle abrite le mouillage et son guideau électrique, l’ancre étant à poste dans un écubier d’étrave. Mais revenons sur nos pas pour nous installer au poste de pilotage… Ce dernier comporte trois sièges individuels avec une assise mobile pour barrer à sa guise, assis ou debout. Le pilote, placé au centre, bénéficie d’une confortable position de conduite grâce au cale-pied en teck et dispose d’une bonne visibilité bien que le pare-brise soit très incliné. Les commandes tombent pile sous la main, y compris celles du propulseur d’étrave et du Joystick Piloting de Mercury. Par contre, le copilote bâbord se voit privé de main courante et de cale-pied… Quant au tableau de bord, l’espace qu’il offre lui autorise un agencement fonctionnel, notamment pour l’intégration des deux combinés Simrad GPS-traceur-sondeur à écran de 16 pouces justifiant l’absence d’afficheur SmartCraft Mercury Marine. L’explication, tout simple, est induite dans cette explication de Robert Sesenna, directeur des ventes Navico Italie : « Notre collaboration avec Mercury a débuté il y a 10 ans. A bord du Pirelli, nos combinés Simrad présentent l’avantage de répercuter les informations en provenance du système SmartCraft (donc toutes les données des moteurs. NDLR) traduits par de grands graphismes nettement plus confortables à lire, mais pas seulement. Notre système permet également de les gérer. Et parallèlement au système « touch », tactile, l’écran propose aussi des boutons, plus pratiques lorsque la mer est agitée… »



 



Autre point remarquable : le volume de stockage et la diversité des rangements. Il y a surtout les deux généreux coffres arrière, gel-coatés, sous le solarium, la cale encore plus impressionnante, située en dessous et qui abrite un générateur de 6,5 kW, mais aussi, ceux sous les banquettes du carré, les placards de la cuisine ou ceux de la cabine, sans oublier le coffre dans la pointe avant, avec sa barre inox horizontale qui sert à frapper les défenses, les nombreux supports de cannettes…



 



Le Pirelli 50 se veut apte à la croisière et à ce titre il offre un espace couchage confortable (2,06 m à l’entrée), doté de l’air conditionné. Il y a bien sûr la couchette double principale, située à l’avant, avec équipets latéraux ouverts et éclairage de lecture, mais aussi les lits jumeaux situés sous le cockpit, un endroit spacieux mais limité en hauteur, forcément. Entre ces deux espaces, la salle d’eau d’une hauteur de 1,98 m, avec sa douche, son WC marin avec réservoir d’eaux usées et son lavabo. Cinq hublots ouvrants permettent d’assurer une bonne ventilation de cet espace de vie à la décoration plutôt neutre (cloisons blanches, mobilier gris, teck au sol) où l’éclairage direct et indirect donne un joli modelé aux surfaces. Des aménagements qui suscitent la tentation de partir en famille pour de belles échappées le long du littoral à la recherche de mouillages de rêve ou, pourquoi pas, pour des traversées vers les îles… Le nouveau Pirelli en a largement la capacité. Toutefois, le tableau n’est pas totalement parfait : la finition reste perfectible au niveau des joints des cloisons et le miroir de la aft-cabin est de piètre qualité. Il faut cependant tenir compte du fait que cet exemplaire est le numéro un et qu’il a été achevé dans l’urgence pour cette présentation à la presse…



 



En mer



Pas clémente, la mer de Gênes pour cet essai du Pirelli 50 ! Avec environ deux mètres cinquante de houle agrémentée d’un gros clapot de force 4, nous n’avons pas pu procéder dans de bonnes conditions à nos mesures habituelles (vitesse + consos). Les chiffres que nous vous donnons sont donc ceux relevés par les techniciens de Pirelli et Mercury, par une météo favorable, deux personnes à bord, 800 litres de carburant, 400 litres d’eau et sous ActiveTrim. Et ceux-ci sont pour le moins valorisants avec une pointe de vitesse à plus de 50 nœuds (50,8) à 6 400 tr/min et des allures de croisière allant de 28,5 à 38 nœuds aux meilleurs rendements. A ces régimes, de 4 000 à 5 000 tr/min, le Pirelli 50 est capable de parcourir 0,17 milles par litre consommé (conso instantanée : de 172 à 223 litres/heure). Une consommation, certes impressionnante mais qui, rapporté à la puissance et aux vitesses obtenues, est plutôt efficiente (de 14 à 19 litres/heure pour 100 chevaux). Assez logique vu la philosophie des Verado V12 de 600 chevaux qui ne recherchent pas la performance absolue mais se destinent à pousser des bateaux à fort déplacement et équipages nombreux à des allures consistantes, grâce notamment à leur couple qu’on suppose phénoménal au regard de leur cylindrée : 7 600 cm2 (chacun) ! Précisons que le Pirelli 50 est homologué pour 1 800 chevaux maxi, ce qui laisse la place pour un troisième Verado 600. Cette réserve de puissance devrait lui permettre de viser les 60 nœuds, à condition de s’alléger de 100 000 euros supplémentaires !



 



Malgré son V profond (23° au tableau arrière), mais grâce à ses deux redans qui créent deux poches de décrochage du fluide en mouvement en contact avec la carène, le Pirelli 50 plane assez facilement, à partir de 3 200 tr/min et environ 15 nœuds. Si l’état de la mer ne permet pas d’adopter un rythme élevé sans dégrader le confort (c’était le cas lors de notre essai), il est possible de naviguer à 3 500 tr/min, soit 22,8 nœuds, avec un ratio de 0,16 m/l. Comme nous avions pu le constater lors de deux autres essais avec leV12 Mercury, la mise en action est assez lente, considérant les 1 200 chevaux sollicités. Peut-être l’effet de l’embase à double rapport de réduction : la première vitesse pour déjauger, la seconde pour prendre le relai jusqu’à la V-max ? L’effet de progressivité est étonnant, loin de la sensation de punch qu’on éprouve habituellement avec les hors-bord. Arrivé vers 4 000-4 500 tr/min par contre, on sent clairement le déferlement de puissance. Mais toujours avec une certaine souplesse qui gomme un peu les sensations. Pour être clair, le V12 Mercury n’est pas le moteur le plus communicatif du marché et le pilote a du mal à installer un feeling avec les accélérateurs. En revanche, le duo de V12 fait apprécier sa quasi-absence de vibrations et sa discrétion sonore, quel que soit le régime. Une excellente mécanique pour croiser calmement sur de longues distances et à vitesse élevée, ce qui convient aussi au Pirelli 50, même si sa carène affûtée semble destinée à des mécaniques plus sportives.



 



Dans les conditions d’essai difficiles que nous avons rencontrées, nous avons pu apprécier sa rigidité structurelle qui atteste le sérieux de la construction. Avec cinq personnes, 1 000 litres de carburant et 200 litres d’eau, nous avons apprécié sa capacité de franchissement avec un confort acceptable à 20-25 nœuds mer de face, 30 nœuds mer d’arrière. Un bon point également pour son étrave qui assure une déflexion efficace des embruns.



 



photo Pirelli (Tecnorib) 50


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Qualité de réalisation      

Comportement        

Performances        

Equipement        

Adéquation programme        

Rapport qualite/prix      

Les qualités dynamiques et les performances
Le design à l’identité forte
Le cockpit convivial
Les déplacements sur le pont faciles et sûrs
Le confort pour la croisière
La motorisation peu communicative
L’absence d’intimité entre les deux cabines
Quelques détails de finition perfectibles
L’absence de commande locale du guindeau

Face a la concurrence…

Modéle Tempest 50 Prince 50 Strider 15
Marque Capelli (Italie) Nuova Jolly (Italie) Sacs (Italie)
Imporlation Yamaha Motor France (95 – Saint-Ouen l’Aumône) FBM (06 – Mandelieu-la-Napoule) Réseau de revendeurs
Longueur 14,80 x 4,30 m 14,99 x 4,54 m 15,03 x 4,50 m
Nb de personnes 18 20 16
Matériau flotteur CR/CSM CR/CSM CR/CSM
Prix 788 540 € avec 4 x 425 ch 958 589 € avec 3 x 350 ch 936 000 € avec 4 x 600 ch
PERFORMANCES
Vitesse maxi 50,8 nds à 6 400 tr/min
Vitesse de croisière rapide 38,0 nds à 5 000 tr/min
Vitesse de croisière economique 28,5 nds à 4 000 tr/min
Temps de jaugeage non mesuré
Accélération de 0 a 20 nds non mesuré
Vitesse minimale d’hydroplanage 15 nds à 3 200 tr/min
Consommation en usage courant (estimation) 120 l/h
Autonomie en usage courant (estimation) 12 heures
Hélice de l'essai double hélice 4 et 3 pales inox de 27’’5 x 16’’5