Essai Scanner Dillennuim 2999

Résolument hors du commun !

Dans l'univers du semi-rigide, le chantier piémontais explore le design nautique avec un art consommé de la différence. Illustrant cette démarche, le Dillenium 2999 compose un surprenant cocktail de luxe et de réelles qualités nautiques, se parant d'un design qui ne ressemble à aucun autre.

Texte et photos Jacques Anglès


 62 687 € sans moteur (tarif 2016)
 8.2 m
 20
 38,5 nds avec Mercruiser 320 ch (essence)
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Paru dans le Pneumag n° 100 Mars/Avril 2014



Amarrez votre Dillenium au quai de Saint-Trop', et vous constaterez aussitôt qu'il suscite tout sauf l'indifférence. Les uns s'emballent pour l'originalité de sa ligne et pour sa finition particulièrement luxueuse, les autres jugent son look exagérément "futuriste", prenant en exemple le large aileron circulaire qui encadre le solarium arrière... tout en le sécurisant. Respectons donc le vieux dicton "des goûts et des couleurs on ne discute pas" pour laisser à chacun la liberté d'apprécier cette esthétique particulière. Mais si vous recherchez un bateau qui sorte des sentiers battus en matière de style, le Dillenium peut devenir celui-ci.
Plus concrètement, c'est un canot automobile de luxe dédié aux sorties estivales, avec un caractère méditerranéen qu'affirment clairement les deux bains de soleil avant et arrière. Si le look peut se discuter, force est de reconnaître le travail hautement technique du design et la parfaite maîtrise des moules complexes que révèlent les formes galbées et la finition impeccable du polyester. Le flotteur utilise lui aussi les meilleurs produits, en l'occurrence du CR/CSM Orca 1 670 décitex à texture Shark Skin, le dernier cri des tissus Pennel & Flipo. Enfin, le plancher et les parements en teck massif (optionnels), ainsi que les inox et la sellerie de belle facture, classent définitivement ce modèle dans le très haut de gamme.
Le pont est agencé en trois zones bien distinctes, trop distinctes même vu la complexité de circulation sur le pont. C'est un des points faibles de ce modèle, ainsi que ses coffres de rangements, peu pratiques. Le cockpit avant est occupé par un solarium, qui peut se convertir, soit en coin repas convivial pour six personnes grâce au plateau central ovale qui forme table (avec pied amovible), soit en cockpit pour passagers en navigation. Si cette modularité est séduisante, les manipulations pour changer de configuration ne sont pas des plus commodes. La zone centrale est allouée au poste de pilotage et à une grande banquette offrant trois à quatre places. Le pilote appréciera le large tableau de bord bien lisible, encadré par une belle main-courante en inox, ainsi que le confort du leaning-post, strictement monoplace. La zone arrière est sans doute la plus originale, avec son grand bain de soleil surélevé qu'encercle un large aileron en forme de soucoupe volante. Ce généreux appendice, lui-même surmonté par une main-courante inox, sécurise fort bien le bain de soleil, qui ainsi peut être utilisé en navigation. En revanche, malgré le portillon ouvrant dans l'aileron, l'accès à la plate-forme arrière reste compliqué, avec une marche d'une bonne cinquantaine de centimètres, de même que le passage du cockpit au bain de soleil. Sous ce solarium, on trouve une vaste soute où le Mercruiser 377 Mag (un gros V8 essence de 6 litres de cylindrée) paraît presque petit, laissant assez de place à un coffre-étagère de bonne taille pour ranger le matériel de sécurité. La visite serait incomplète sans mentionner la superbe plage de bain arrière, un des atouts majeurs de ce pont, avec près de 3 m2 parés de teck (en option) et une échelle de bain intégrée. En résumé, voilà une unité qui fleure bon le luxe par sa haute qualité de réalisation et par le sérieux de son équipement (inox, selleries, volant, etc.) sans éviter quelques reproches (circulation compliquée, rangements). Compte tenu de l'importance de sa structure polyester, le Dillenium 2999 est assez lourd (probablement près de deux tonnes, la fiche technique étant muette sur ce point) et exige donc une bonne puissance, délivrée en l'occurrence par un moteur in-board V8 Mercruiser de 320 ch, avec embase Bravo 1 (simple hélice). Une puissance proche du maximum autorisé pour ce modèle (350 ch). Alliée au poids de cet engin, la carène en V profond est elle aussi un facteur de confort, ce que notre essai va confirmer. Contact ! Au ralenti, le V8 inboard s'avère très discret et le bateau montre une bonne manœuvrabilité, sans déraper lors des manœuvres de port. En appui sur le confortable leaning-post, la position de conduite est ergonomique, avec le volant et la poignée de gaz à bonne hauteur, mais l'absence de pare-brise surprend, semblant dire que naviguer avec des vagues et du vent n'est pas au programme de ce semi-rigide...
En poussant la manette de gaz, on ressent le poids de l'engin. Même avec le gros couple du V8, le déjaugeage ne décroche aucune palme, pas plus que l'accélération de 0 à 20 nœuds, à peine dans la norme. Côté positif, le bateau reste parfaitement en ligne et sa carène en V profond taille les sillages croisés en route pratiquement sans bouger, confirmant l'adage "poids + V profond = confort". À 30 nœuds, le Dillenium amortit parfaitement les vagues et donne la sensation d'une promenade tranquille. Malgré son poids, le bateau se montre réactif et répond précisément aux sollicitations du pilote, bien servi il est vrai par une direction assistée douce et directe (trois tours de volant seulement de butée à butée). La stabilité est sans reproche, en tenue de cap comme en équilibre latéral et longitudinal, avec une sensibilité au trim qui permet d'ajuster l'assiette au mieux. Si l'on trime à l'excès, la carène pardonne, signalant juste la faute par une perte de motricité (ventilation de l'hélice) sans perte de stabilité. Les pilotes débutants pourront ainsi se faire la main sans se faire peur. En virages, le Dillenium gîte assez franchement en restant parfaitement accroché à sa trajectoire. Il montre même une belle aptitude à virer serré sans décrocher (une douzaine de mètres), mais en raison de son gabarit, il consomme alors beaucoup de puissance et finit par déclencher la ventilation de l'hélice. Côté performances, les chronos se ressentent de son poids, avec un modeste 38,5 nœuds en pointe. Mieux vaut retenir la large plage de vitesses de croisière (20 à 28 nœuds entre 3 000 et 4 000 tr/min), procurant un confort optimal pour les longues balades. En bref, ce bateau est sûr et très agréable à piloter, mais manque un peu de punch.



photo Scanner Dillennuim 2999


photo Scanner Dillennuim 2999


photo Scanner Dillennuim 2999


photo Scanner Dillennuim 2999





Conclusion : Difficile de trouver bateau plus atypique que ce Dillenium, qui affiche sa différence comme un principe philosophique. C'est sans doute un atout du côté se Saint-Tropez, où l'originalité s'érige volontiers en vertu, mais il n'est pas sûr que cela prévale ailleurs… Pour : la qualité de construction, l'équipement luxueux, l'agrément de pilotage, les deux solariums, la super plate-forme de bain. Contre : la circulation sur le pont, les rangements peu pratiques, les performances en demi-teinte. À vous de voir !




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