Que ce soit en hors-bord ou en in-board, grâce à sa cabine, ce confortable semi-rigide peut jouer les prolongations à l’escale.
Texte Philippe Leblond – Photos Philippe Leblond et DR
Le chantier piémontais cultive sa singularité. Dès le milieu des années 90 et ses premiers semi-rigides, Scanner nous a habitué à des exercices de design bien particuliers. Avec parfois des outrances, à l’image du One, du Galileo ou du Dillenium, qui ont pu dérouter les observateurs avertis de cette famille de bateaux… Faisant fi de tout jugement esthétique, Scanner trace sa route en faisant valoir, notamment, une qualité de construction et un soin dans les finitions qui mettent tout le monde d’accord. De ce double point de vue, le One 888, apparu il y a trois ans, ne fait pas exception avec son étonnant profil et sa facture soignée. En effet, en partant de la poupe, le regard suit une ligne ascendante (le mot n’est pas trop fort !), de la plate-forme de bain au ras de l’eau jusqu’à l’étrave altière, surmontée d’une gracieuse delphinière en inox et teck. Le flotteur présente un effet de teugue très marqué qui n’a pas d’équivalent sur le marché du semi-rigide. Nous allons voir, en embarquant, que cette proue surélevée se justifie par la présence d’une vraie cabine qui destine le One 888 à la petite croisière.
*Au ponton*
Né méditerranéen, le One 888 ne renie pas ses origines et propose deux grands solariums, à la poupe (182 x 210 cm) comme à la proue (165 x 212 cm). La circulation à bord se fera en empruntant les matelas et via deux hautes marches, correspondant au volume de la cabine. A cet égard, et malgré de larges passavants (35 cm), une seconde main courante, de part et d’autre du poste de pilotage, ne serait pas superflue pour sécuriser les déplacements de l’équipage. Sinon, ce plan de pont de type sundeck est agréable, offrant une belle surface « habitable », et si une kitchenette est prévue sous l’assise du siège pilote, on déplore l’absence de table, pour pique-niquer confortablement. Le cabriolet n’a pas été oublié, lui, qui se rabat autour du matelas de solarium… Autre accessoire déterminant pour ne pas décourager l’équipage de changer de mouillage fréquemment, le guindeau électrique avec sa télécommande. Et là, « carton rouge ! ». Couché sur la liste des options (2 760 €), il devrait être fourni en standard sur un semi-rigide déplaçant près de quatre tonnes à mi-charge. Idem pour la douchette extérieure qui, sur un bateau de cette classe, devrait faire partie de la dotation de série… En option aussi – mais là c’est normal – le teck massif pour l’habillage du pont, et un choix de couleurs différent pour personnaliser son Scanner.
Si la vie à l’extérieur, moyennant quelques extras, sera bien agréable, elle le sera également à l’intérieur. On en veut pour preuve la cabine assez volumineuse (1,75 m sous barrots), offrant une belle couchette de 191 x 180 cm, et son cabinet de toilette (hauteur 1,69 m) avec WC, lavabo et hublot d’aération (dommage qu’il n’y ait pas de douche). La décoration, très sobre, a le bon goût d’associer des tons clairs, à savoir le gris pale des tissus et du vaigrage (un caoutchouc grainé inauguré en son temps par le chantier Cranchi) avec le blanc crène du gel-coat brillant. Des installations qui incitent à passer au moins un week-end à bord, voire plus si affinité…
*En mer*
Concernant ce modèle en in-board, Scanner propose deux motorisations : l’une en essence avec deux Mercruiser 4.5 L Bravo One de 250 ch, qui remplace celle de notre bateau d’essai (2 x Mercruiser 5.0 L Bravo One de 260 ch), l’autre en diesel avec deux Mercury Diesel 3.0 L Bravo One de 260 ch. Quant à la version hors-bord, plus sportive, elle est disponible avec deux Mercury Verado 300 ch, pour une vitesse maxi qui devrait aisément dépasser les 45 nœuds.
Mais voyons ce qu’il donne avec les deux Mercruiser de 5 litres… Pour s’extraire du poste d’amarrage, on note d’emblée la facilité à manœuvrer à l’aide du boîtier DTS (commandes électriques) doux et précis. Une fois à l’extérieur des 300 mètres, je pousse franchement les petits leviers. La réponse n’est pas aussi vive qu’avec des hors-bord, mais les V8 yankee font le job (5’’5 pour déjauger) laissant apprécier leur signature sonore. Le couple est là, et la montée en régime semble se faire sans effort, en souplesse. Comme le comportement de la carène qui gomme efficacement le gros clapot de la baie d’Hyères (60 à 80 cm). A pleins gaz, nous décollons légèrement, sur quelques vagues plus creusées, avec des retombées bien en ligne, la tenue de cap n’étant pas prise en défaut. Un conseil cependant : il faut modérer la montée de trim car le One 888 semble un peu léger du nez, le poids des deux V8 in-board (433 kg pièce), collés au tableau arrière, n’y étant sans doute pas étranger. De ce point de vue les V6 nouvelle génération (des 4.5 litres de 250 ch), plus légers de 90 kg chacun, devrait améliorer l’équilibre longitudinal… Lorsqu’on redescend un peu en régime, on apprécie l’agrément des allures de croisière, accompagnées du ronronnement grave, caractéristique des V8. De fait, entre 3 200 et 4 000 tr/min, pour des vitesses allant de 25 à 34 nœuds, on goûte aux longues balades façon « limousine des mers ». Et le pilotage du One 888 s’avère des plus faciles, comme en virage où cette expression commune nous vient à l’esprit : « il se conduit comme un vélo » ! Ce semi-rigide corpulent est capable de virer court, grâce à une gîte intérieure marquée dans les virages serrés. Attention toutefois au grip musclé, qui oblige à rester vigilant et gérer comme il convient les 520 chevaux, car même avec les embases Bravo One (simple hélice) la motricité reste entière.