Donc pour étrenner notre nouvelle monture, qui a une réputation de 4 x 4 des mers, il nous fallait découvrir une zone de navigation où les qualités marines de Froudenn 3, tellement mises en avant par Sabine et Christian, les concessionnaires de Bleu Rivage à la Trinité-sur-Mer, seraient largement mis à contribution. Au terme d'une brève réunion familiale, nous tombons d’accord et décidons de partir pour le nord de l’Ecosse, à l’occasion des vacances de Pâques, afin d’y découvrir les îles sauvages de l’Argyll et les lochs isolés, dans cette région spectaculaire et très sauvage qu’est le nord-ouest de l’Ecosse. Ce littoral réunit des paysages de montagnes, de landes recouvertes de bruyère, des châteaux et une multitude de petits ports. Dans ces eaux, il est fréquent, paraît-il, de croiser des dauphins, des baleines et des phoques. Bien que nous ne soyons pas dans la période idéale (plutôt estivale), nous gardons l'espoir de quelques belles rencontres…

 

Pour cette virée Écossaise, nous choisissons d’éviter le voyage itinérant. En effet, les températures extérieures excédent rarement les 6° à cette période de l’année, et il ne faudrait pas que ce voyage vire au calvaire pour les enfants… Nous décidons donc de louer un cottage, idéalement situé au fond du Loch Melfort, situé à une quinzaine de kilomètres au sud d’Oban. Nous serons quatre adultes et autant d'enfants de six à dix ans ; Charline, Milena, Armel et Jeanne, toutes bretonnes, habituées à naviguer, même dans des conditions très fraîches et agitées… Le bateau mouillera dans une petite marina privée, située à quelques mètres de la maison.

Nous partons de Paris le mercredi matin, direction la Belgique et Zeebruge où nous prendrons le ferry pour une traversée de 20 heures vers Rosyth, située juste en face d’Edimbourg. Le jeudi midi, nous débarquons et prenons la route pour 200 km en direction d'Oban et de la marina de Dunstaffnage, où nous mettrons Froudenn à l’eau et où il sera aisé de laisser en toute sécurité la remorque pendant la semaine.

 

Les routes écossaises sont plutôt sinueuses, mais en bon état, et une fois passée la période d’acclimatation à la conduite à gauche, le parcours se déroule sans encombre. Nous arrivons à la marina en fin de journée, nous laissons le bateau sur la remorque pour la soirée, afin de rejoindre l’hôtel à Oban qui héberge notre première nuit, et pour faire une pause bien méritée dans notre premier pub. Demain ce sera la mise à l’eau du bateau et une première navigation de 15 milles vers le loch Melfort, où se trouve notre cottage. En attendant, c’est thé pour les enfants et bière ou cidre à la pression pour les grands, avant de tester, non sans une certaine appréhension, notre premier restaurant anglo-saxon…

La mise à l’eau du bateau se passe sans problème, la cale étant large et bien protégée. Une fois tout le monde à bord, nous mettons le contact pour la première fois… A priori Arnaud, le mécanicien de Bleu Rivage, a bien bossé, et tout fonctionne impeccablement. Un des membres de la famille se dévoue pour convoyer la voiture et faire l’avitaillement de la semaine.  Rendez-vous est pris au cottage d’ici deux heures.

Premier tour d’hélice en Atlantique pour Froudenn 3, nous longeons la côte de Kerrara, juste en face d’Oban. C’est une île très découpée et censée abriter une colonie de phoques. Manifestement ils ne sont pas dans les parages ces temps-ci… La météo est splendide, la mer d’huile et la température caniculaire, presque 14° ! Ce n’est pas aujourd’hui que nous testerons les qualités marines de Froudenn, mais ce n’est pas plus mal, ça laisse un peu de temps aux enfants pour s'acclimater. Nous arrivons en milieu d’après-midi dans le loch Melfort, après une navigation calme et ensoleillée. J’amarre le bateau à l’unique ponton, qui se trouve à 100m de la maison, et où la voiture et les courses du matin nous attendent.

Après consultation de la météo, il est décidé que c’est le jour le plus favorable pour une grosse journée de navigation vers l’île d’Iona, 80 milles aller-retour. Mon beau-père, ancien prof d’histoire, tenait absolument à nous faire visiter ce haut lieu de la chrétienté et son abbaye, la plus célèbre d’Écosse. Départ vers 9 h le matin. Entre les îles, la mer est calme, mais le vent est-nord-ouest, plutôt froid… Tout le monde se réfugie derrière la grande console du sillinger et nous arrivons bien rafraîchis sur Iona pour le déjeuner. Pause dans le resto sur le port afin que tout le monde se réchauffe et départ à pied pour la visite de l’abbaye, effectivement magnifique. La visite est agrémentée des commentaires avertis de notre ancien professeur d’histoire, ajoutant un intérêt non négligeable à cette escale culturelle.

En milieu d’après-midi, le vent se lève, et je décide de presser un peu tout le monde pour rentrer. Effectivement, la mer s’est creusée, mais heureusement nous aurons la houle dans le dos pour rentrer. Le trajet de retour se fait dans des creux de 1,5 m à 2 m, mais nous tenons quand même une vitesse de 15/20 nœuds. Le bateau impressionne tout le monde par sa stabilité et son confort de navigation, même dans ces conditions.

Après la grosse journée de navigation de la veille, les enfants nous réclament un programme plus cool. Nous leur proposons donc de rejoindre gentiment la marina de Craobh Haven, située à une dizaine de milles au sud. La propriétaire du restaurant de Melfort Harbour, nous ayant indiqué qu’il y a un club hippique à proximité, nous pourrons nous y rendre en bateau et organiser une ballade à cheval au bord du loch.

La promenade équestre, sur les bords du loch, est tout simplement superbe, le soleil étant toujours de la partie. Les enfants sont ravis et souhaitent recommencer dès le lendemain. Nous leur rappelons, toutefois, qu'il nous faut essayer d'apercevoir des baleines, ou au moins des dauphins et des phoques.

Après consultation des différents livres achetés à la grande librairie d’Oban, nous décidons de faire route vers Tobermory, au nord de l’île de Mull, qui est un passage réputé pour les dauphins. À mi-chemin se trouve Duart Castle. Nous faisons une halte dans cette baie pour une séance de photos, inévitable, ce château étant de toute beauté, et notre professeur attitré étant intarissable sur cette bâtisse Médiévale. 

Après deux heures de navigation, vent de face, et sans avoir vu le moindre animal marin, nous décidons de faire demi-tour avant que les enfants ne finissent congelés. Du coup, nous ne verrons pas Tobermory qui est pourtant, paraît-il, une très jolie escale. Retour à notre cottage pour mettre tous les enfants dans un bain chaud et devant un bol de chocolat. Ce soir, pour les remercier de leur complaisance, nous les invitons au restaurant avec glace à volonté pour tout le monde.

Ce matin la météo n’est pas favorable, avec du soleil, certes, mais un fort vent de nord ouest… Nous allons donc naviguer entre le loch Melfort et l’île de Scarba, cette zone étant très bien abritée du vent de nord. N’ayant toujours pas vu d’animaux marins, nous décidons de faire le tour de tous les petits îlots un par un et au ralenti, afin de voir, au moins, quelques  phoques. Nous sommes vite récompensés de nos efforts en surprenant des phoques se prélassant sur les rochers. Les enfants adorent ce safari-photo et chaque approche d’îlot suscite toujours la même excitation. Au moins, nous ne rentrerons pas bredouilles de notre semaine ! Pour le retour à la maison, le loch est complètement calme et lisse, les enfants me demandent d’essayer d’aller à fond pour voir, ce que je fais juste pour leur faire plaisir, bien sûr, et nous accrochons fièrement les 42 nœuds, avec les réservoirs à moitié plein et huit personnes à bord.

Aujourd'hui, nous partons naviguer vers l’île de Seil, à environ 15 milles au sud ouest. J’en profite pour mettre en place mon VTT sur le porte-vélo que m’a fait spécialement, et sur mesure, la société MATC. Le semi-rigide offre de découvrir la côte et ses moindres petits recoins, tandis que le VTT permet, lui, de s’enfoncer dans les collines environnantes. La combinaison des deux fonctionne très bien pour qui veut découvrir une région sous tous ses aspects, mais en Ecosse, mollets affûtés obligatoires… Ca monte dur et tout de suite. Cela dit, l’effort en vaut vraiment la peine, les vues sur les lochs sont splendides ! Les autres membres de la famille partent pour une promenade, et nous convenons de nous retrouver d’ici 2 heures, au… pub.

Dernier jour de navigation, sous la pluie. Sur une semaine, il fallait bien que ça nous arrive au moins une fois ! Nous déroulons le taud de "soleil" en guise de parapluie, pour que les enfants puissent se mettre à l’abri. 

Nous partons pour une dernière excursion, en espérant voir quelques dauphins, mais une fois de plus nous revenons bredouilles. Par contre, nous zigzaguons entre les îles de Luing et de Scarba, entourés de dizaines de petits îlots bien verts et peuplés de vaches ou de moutons. Ces paysages sont magnifiques, et tout le monde se console très vite de n’avoir vu ni dauphins, ni baleines… L’humidité et le froid commençant à avoir raison de nos équipements, nous décidons de mettre le cap sur notre cottage : un dernier chocolat chaud pour les enfants, un excellent cidre pour les uns et une Guiness bien fraîche pour les autres.

Il est temps de sortir Froudenn de l’eau, de le rincer et de le préparer à nouveau pour la route. Naviguer dans cette zone complètement sauvage de l’Écosse, procure une sensation très forte, la nature prend une autre dimension, la météo semble se dérouler en accélérée tout au long de la journée : déconnection totale garantie. Et, en plus, les Ecossais sont adorables…

Finalement, les enfants ne sont pas sentis frustrés de ne pas voir de baleines ou de dauphins, ils sont encore à l’âge où ils s’émerveillent de tout et, malgré le froid, ils se sont régalés ! Nous y reviendrons sûrement en été, et pour au minimum 15 jours afin de pouvoir remonter le Caledonian, canal qui mène jusqu’au Loch Ness tout proche. Il faudra aussi faire le tour de l’île de Mull, où passe la route de migration des baleines, visiter les distilleries de whisky et les nombreux châteaux, etc. Car, les sites à visiter dans cette région sont infinis et très variés et, ce qui ne gâte rien, il y a des activités possibles pour tout le monde : pêche, équitation, golf, VTT…