On y retourne quand ?
C'est peu de dire que la famille Goguel, qui pourtant possède déjà quelques belles escapades nautiques à son actif, a apprécié son périple dans l'archipel nord-oriental de la Grèce… Dépaysement, tant en mer qu'à terre, mouillages pléthoriques, conditions de navigation idylliques. C'est simple, le second "épisode" est déjà planifié !
Texte et photos Franck Goguel
Le plus difficile lorsqu’on part en vacances en bateau, et en famille, c’est toujours le choix de la zone de navigation. Il faut éplucher les divers guides nautiques, anglais et français, afin de dénicher la perle rare. Une bonne zone de navigation doit être à la fois intéressante, pas trop surpeuplée, belle, et praticable quelle que soit la météo, enfants et parents n’appréciant guère d’être secoués. En Méditerranée, les problèmes se situent tant à l’ouest qu'à l’est : à l’ouest le Mistral et à l’est le Meltem, ces deux vents pouvant rapidement lever des mers très formées et dangereuses. En tenant compte de ces impératifs, notre choix s'est porté sur un petit archipel d’îles situé au nord est de la Grèce : les Sporades. En Grec, "Sporades" signifie "dispersées". Les Sporades du nord que nous allons découvrir se composent de trois îles principales : Skiatos, Skopelos et Alonissos. Ces îles sont orientées nord-ouest/sud-est, ce qui devrait nous abriter efficacement du Meltem. Les terres y ont l’air riches en végétation (terrain idéal pour le VTT) et les côtes y sont très découpées. Ces îles abritent manifestement de nombreuses criques et, cerise sur le gâteau, le nord de l’archipel est un parc marin protégé, où l’on peut avec un peu de chance croiser des dauphins. Seul bémol, le temps de trajet… Mais ce qui est rare se mérite : il faut compter trois jours depuis Paris, prendre deux ferries, un premier qui relie Ancone et Patra, puis un second entre le nord d’Athènes et les Sporades.
Cette année, nous allons profiter pleinement des capacités d’embarquement du semi-rigide, puisque nous emmenons avec nous les cousins et cousines des filles, ainsi que leurs parents, soit sept enfants et quatre adultes ! L’équipage sera donc composé de Pierre-Antoine, Charline, Armel, Morgane, Mathurin, Jeanne, Milena et leurs parents respectifs. En conséquence, dans une optique de confort, nous avons réservé plusieurs hôtels sur les îles, pour nous permettre de naviguer sans trop nous soucier de la logistique, ce qui avec sept enfants nous paraît indispensable.
Notre point de départ sera l’hôtel Delphi sur l’île de Skopelos, l’île du milieu, cet hôtel étant à proximité du petit port d’ Élios, bien abrité et équipé d’une belle cale de mise à l’eau. Nous arrivons à notre premier hôtel après 3 jours de voyage, sous des trombes d’eau, les enfants sont un peu fatigués, mais la grande piscine de l’hôtel leur fait vite oublier les affres du voyage. Quant à nous, les grands, après avoir rangé les chambres et mis "Froudennn" (le Sillinger) à l’eau, nous profitons d’un verre bien mérité au bord de la piscine en attendant avec impatience notre première navigation programmée dès le lendemain.
Pour ces deux premiers jours de navigation, nous allons explorer tous les recoins de la côte sous le vent de Skopelos. Ce côté de l’île étant effectivement bien abrité du Meltem, la mer est calme avec juste un petit clapot mais rien de bien méchant pour notre robuste Sillinger 765. La première grande baie sur ce rivage est celle de Panormos. Cette baie assez profonde abrite la petite station balnéaire du même nom, l’endroit est réputé pour être un bon abri pour la nuit, nous y retrouvons donc quelques voiliers paisiblement amarrés au fond de la baie. Ce mouillage est un des plus beau des Sporades, nous en profitons pour déjeuner dans une petite taverne sur la plage, avant de repartir en direction du cap Kiourto qui marque la fin de la côte sous le vent. Cette partie de l’île alterne petite crique sauvage et minuscule plage coincée entre les pins, autant de mouillages paisibles où il est agréable de stopper Froudenn pour laisser aux enfants le soin de s’adonner à leur activité préférée, le concours de plongeon ! L’intérieur de Skopelos vaut vraiment le détour, les forêts sont magnifiques et il n’est pas rare de découvrir un minuscule monastère perdu au milieu des pins. Si on n’a pas peur de se lever tôt le matin, cette partie de l’île vaut la peine d’être arpentée à pied ou à vélo, et pour les moins courageux, il est possible d'aller en ville louer un quad (une demi-heure en voiture du port d’Elios).
Nous profitons d’une journée très calme pour prévoir une navigation le long de la côte au vent et pouvoir ainsi montrer aux enfants le spectaculaire promontoire rocheux où a été construit un monastère maintenant très célèbre, celui où se marient Meryl Streep et Pierce Brosmann à la fin du film "Mama mia", la célèbre comédie musicale sur fond sonore du groupe ABBA ; un grand moment d’émotion pour nos préadolescentes présentes à bord ! La journée se terminera par une visite/shopping dans la vieille ville de Skopélos, le tout ponctué d'une énorme glace sur le port…
Cela fait déjà presque cinq jours que nous sommes arrivés et nous allons consacrer les derniers jours que nous allons passer dans ce coin à la découverte des côtes de Skiatos et de ses îlots environnants, situés à six milles du port d’Elios. Skiatos est la seule île des Sporades à disposer d’ un aéroport. Donc, de plus grands hôtels et forcément plus de monde… L’ambiance à Skiatos ressemble assez à ce que nous connaissons dans le sud de la France, mais il faut reconnaître que certaines plages sont absolument magnifiques et méritent le détour. Et, comme souvent lorsqu’on s’éloigne juste un peu des centres touristiques, on parvient à trouver pas mal de coins oubliés par la foule. Le passage entre les grandes îles étant forcément moins abrité, lors de notre traversée, nous rencontrons une mer un peu plus hachée, mais les creux ne dépassent pas le mètre et les distances sont très courtes. Nous sommes donc un peu ballottés, mais dans des mesures très supportables. L’exploration des îlots avoisinants est davantage propice aux haltes plongeon qu'à de mémorables visites, car ils ne sont que caillouteux et difficiles de débarquement. Toutefois, pour les adeptes du snorkeling, il n’est pas rare de croiser quelques poulpes et autres murènes. Nous accordons aux enfants un après-midi de relâche dans la piscine de l’hôtel, car demain, c’est le départ pour Alonissos qui se trouve à environs deux heures de navigation du port d’Élios.
Le lendemain matin, après avoir garé la voiture et la remorque dans de grands terrains vagues attenants au port, une fois Froudenn chargé comme il se doit, avec deux familles et des adeptes de VTT, nous pouvons appareiller en direction de Votsi, notre port d’arrivée. Les porte-vélos installés par MATC et Bleu Rivage sont parfaits, et même dans le gros clapot rien ne bouge ! La traversée est à l’image de ce que nous connaissons depuis notre arrivée, assez calme, mais avec un peu de houle entre les îles. Après avoir dépassé le cap Kiourto et laissé derrière nous les extraordinaires senteurs de pin des forêts de Skiatos, nous sommes déjà en vue de la côte d’Alonissos !
Le port principal d’Alonissos s’appelle Patirri, mais nous allons accoster juste dans la baie voisine de Votsi. L’arrivée dans ce minuscule port étonne réellement tout le monde par sa beauté et ses couleurs. Une fois trouvée une place sur le quai, nous débarquons tout notre matériel, et commençons à gravir, à la queue leu leu, le grand escalier de pierre qui nous mène jusqu’à l’hôtel Yalis. Après ce gros effort, avec les jérémiades des enfants en écho, nous nous posons à nouveau au bord de la piscine (d’eau de mer !), et préparons les navigations des jours à venir.
Alonissos fait partie du parc marin protégé des Sporades. Ce dernier se compose de deux zones : la zone A, accessible sans restriction, et la zone B, où l’on doit théoriquement posséder une autorisation pour naviguer. Renseignements pris, on s’aperçoit que les bateaux naviguent en fait sans autorisation particulière… Mais cela suppose, bien entendu, de se montrer respectueux de la zone, et donc de naviguer à faible vitesse et sans s’approcher du petit îlot de Piperi. Ce dernier est en effet interdit, ses grottes marines abritant les rares phoques moines de Méditerranée. Cette zone de navigation est réputée pour ses nombreux dauphins, nous naviguons à petite vitesse en visitant les nombreuses petites îles qui composent le parc marin, ainsi que les quelques grottes alentour, y compris la grotte bleue, au nord de l’île, ou nous pouvons pénétrer avec le bateau. L’intérieur de l’île d’Alonissos est un peu moins spectaculaire que celui de Skopélos, mais la zone de navigation est absolument magique ! Il y a notamment toute une zone encaissée entre l’île principale et l’île de Péristera, un endroit où l'on a comme l’impression de naviguer sur un lac ! Les îles alentour n’étant pas recouvertes de pins, nous pouvons enfin tester notre petit barbecue à gaz et préparer un dîner de rêve pour les enfants le soir au mouillage : Fanta, lard grillé pour les hamburgers maison et des saucisses, bref, c'est "top chef" avant l’heure ! Le retour se fait au soleil couchant sur une mer d’huile, je cale le bateau à 6 nœuds pour pouvoir profiter pleinement de ce moment magique ! Sur le chemin du retour, nous croisons quelques dauphins, avec lesquels nous restons plusieurs minutes sans un bruit ; les enfants sont littéralement sous le charme.
La zone autour d’Alonissos est vraiment exceptionnelle, d’ailleurs nous croisons pas mal de beaux semi-rigides italiens qui naviguent dans les parages, mais il y a tellement de possibilité de mouillage, que nous sommes toujours seuls lorsque nous nous arrêtons. L’endroit le plus fréquenté reste Patiri, la capitale, tandis que les autres ports comme Steni Vala, Votsi et Kalamakia ont conservé leur caractère paisible et peu fréquenté, et il est très agréable de s’y arrêter le soir pour déguster sardines et poulpes grillés. Mais, nous devons déjà commencer à penser à notre retour sur Skopelos pour sortir Froudenn de l’eau et récupérer la voiture. Nous sommes complètement tombés sous le charme de cet archipel, qui permet de naviguer dans des conditions de vent idéales pour un mois d’août en Grèce. L’ambiance paisible, typiquement méditerranéenne, qui règne autour de ces îles ajoute au charme de l’endroit. Une impression de sérénité de plus en plus rare en Méditerranée à cette période de l’année. Reste que nous n’avons pas eu le temps de tout voir du parc marin et de la côte sauvage d’Alonissos… Au moins, pour l’été prochain notre destination est toute trouvée, et malgré la longueur du voyage, nous y retournerons sans hésiter.
Le bateau
Pas de gros changement sur Froudenn (Sillinger 765 Silverline-Suzuki 250 ch) pour son passage de la mer d’Ecosse à la Méditerranée, hormis un petit barbecue à gaz de chez Camping Gaz, deux grosses glacières souples et le taud de soleil qui est resté à poste toute la durée du séjour.
Lors de ce voyage d'une durée de trois semaines, nous aurons parcouru environ 450 milles, et constaté une consommation moyenne de 15 litres à l’heure.
GUIDE PRATIQUE
Météo
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Le vent dominant à cette période de l’année est le Meltem qui souffle de Nord est à Nord ouest, il peut y avoir de temps en temps de gros orages, mais ils sont rares et ne durent pas longtemps. Nous n'en avons connu que deux pendant les trois semaines de notre séjour. La température de la mer varie entre 26 et 28°. On a connu pire !
Conditions de mer
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Les îles abritent bien du vent, donc peu de houle. Entre les îles, les vagues peuvent grossir un peu, mais les plus hautes que nous ayons vues ne dépassaient pas 1,50 m, et les distances entre îles sont très courtes.
Parc Marin
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Pour avoir toutes les informations possibles sur le parc marin (et le reste aussi) : www.alonissos.gr (c’est le site officiel de l’île).
Mouillage
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Il n’y a pas de pendille dans les ports, on s’amarre par l’avant et on lance un grappin par l’arrière pour tenir le bateau en ligne. L’idéal est donc de prévoir une ligne plombée avec son grappin, en plus du mouillage principal.
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Si le vent forcit beaucoup il faut penser à rentrer tôt dans les ports pour se trouver une place bien amarrée, car la nuit, ça peut bouger un peu. Autour d'Alonissos pas de problème les mouillages, les mouillages forains sont très sûrs.
Divers
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Le port idéal pour mettre à l’eau est Elios sur l'île de Skopélos, la cale est facilement accessible, il y a plein de place pour voitures et remorque. Comme il n’y a pas trop de monde, les manœuvres sont simples. Ne laissez pas la voiture juste sur le port, parfois les habitants organisent des fêtes pour les estivants… L’idéal est de la parquer sur les grands terrains vagues aux alentours.
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Pour le plein d’essence, il suffit d’aller à une station-service et de leur demander de venir vous ravitailler au port, avec leur petit camion étudié exprès pour ça. La quasi totalité des stations essence disposent de ce type de véhicules. Le port le plus simple d’accès (moins peuplé et une station à proximité) est celui de Votsi. Attention, on paye toujours en cash
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Il y a beaucoup de guêpes sur les îles, mais elles ne sont pas agressives, les enfants ont du mal les deux premiers jours, mais ils finissent par s’y habituer. Prévoir quand même un aspi venin, très efficace pour retirer les dards et soulager les piqûres qui en général se produisent lorsqu’on s’assoit sur une guêpe par mégarde.
Hébergement - Restauration
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L’hôtel Delphi (www.delphi-resort.gr) sur Skopélos est familial, agréable et la piscine est magnifique pour les enfants, avec deux bassins séparés pour les grands et les petits. Les chambres sont en duplex avec terrasses et coin cuisine. Sur le trajet entre l’hôtel et le port d’Élios (environ 500m) il y a un restaurant de fruit de mer qui ne paye pas de mine mais doté d'une superbe terrasse sous les platanes, et la cuisine est excellente. Toujours sur Skopélos, l’Hôtel Yalis (www.yalishotel.gr) est un peu plus chic et avec une vue à couper le souffle. Les restaurants les plus agréables sont autours de Votsi, dont un très réputé sur le port de Kalamaquia.
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Pour dormir sur le bateau (ou à proximité), Votsi ou Steni Vala sont des abris très sûrs.
Voyage
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Pour les réservations de ferry, nous sommes passés par "Superfast ferries" pour le trajet entre Ancone et Patra (superfast.com).
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Pour le ferry entre Agios Konstantinos et les Sporades, c’est Hellenicseaways.gr. Attention, pour les navires qui embarquent des véhicules, les réservations ouvrent beaucoup plus tard que pour les express ne prennant que des passagers. Nous avons donc réservé notre billet en juin.
Documents
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Pour les marcheurs et cyclistes, il existe des cartes type IGN pour Alonissos et Skopelos. Concernant les documents nautiques, nous avions juste la carte électronique, ça n’est pas une zone très compliquée et les fonds sont vraiment très clairs.