lundi 26 juin 2017 13:55
Le potentiel de découverte, en navigation ou à terre, est considérable. En y passant trois semaines, et avec des sorties en mer quotidiennes, la famille Goguel n’a pu que visiter une partie de cet archipel. Entre mer clémente et criques aux eaux cristallines, villages de pêcheurs, oliveraies et cyprès, nos lecteurs voyageurs ont été conquis par la beauté des lieux. La gentillesse des îliens en prime !
Texte et photos Franck Gogel
Après deux étés passés à voyager sans notre bateau, les enfants souhaitaient retrouver les plaisirs de la baignade dans une mer chaude, dans des lieux un peu préservés, avec le concours de notre fidèle Sillinger 765, baptisé « Froudenn »… la Grèce revenait sans cesse dans nos discussions. Donc, après une étude détaillée de nos cartes, nous avons décidé cette année de découvrir les Iles Ioniennes, à l’ouest d’Athènes, plus précisément l’archipel des îles de Lefkada et Ithaque, situés au sud de Corfou. Bien qu’ayant fait plusieurs navigations en Grèce, à bord de « Froudenn » (cf. les Pneumag précédents), nous n’avions pas encore navigué autours des îles rendues célèbres par l’Odyssée d’Homère. C’est donc chose faite depuis cette année, et avec grand plaisir ! Ce voyage nous aura permis de découvrir, à mon avis, l’un des plus beaux bassins de navigation en Méditerranée.
Lefkada est une presqu’île, ce qui rend son accès plus simple avec la voiture et la remorque. Nous avons donc fait le trajet habituel : Paris, tunnel du Mont-Blanc, Milan, Ancône par la route et ensuite avons pris le ferry à Ancône, direction Igoumenitsa (traversée de 21h). Une fois débarqués à Igoumenitsa, il ne nous restait plus que deux petites heures de route pour atteindre notre destination, le petit port de Sivota au sud de Lefkada, et mettre enfin Froudenn à l’eau. Cette année, comme nous faisions découvrir cette partie de la Grèce à un groupe d’amis et leurs enfants, nous avions choisi, pour des raisons de commodités, de renouveler l’expérience, assez confortable, de la location d’une maison proche du port. Celui de Sivota se situe à environ une dizaine de milles de sept ou huit îles différentes. Voilà qui nous garantissait de belles découvertes ! La région dans laquelle nous avons navigué se compose, au nord, de la presqu’île de Lefkada, au sud et à l’ouest des îles d’Ithaques et de Cefallonia. Côté est, elle est cernée par les montagnes continentales. A l’intérieur de cette zone de navigation, nous avons pu visiter de nombreuses petites îles désertes ou faiblement habitées. La configuration assez fermée de cette zone nous a garanti une mer clémente, même en cas de gros coup de vent imprévisible comme la Méditerranée en a le secret.
Petites stations balnéaires ou ambiance rurale
Cette partie de la Grèce est très différente de ce que l’on imagine des îles grecques… Ici, pas de reliefs pelés, écrasés de soleil et parsemés de petites maisons blanches, mais plutôt des îles assez vertes et ombragées, aux maisons couvertes de toits en tuiles romaines et cernées de champs de cyprès et d’oliviers.
On y trouve une ambiance typiquement méditerranéenne, mais sans l’afflux de touristes habituel dans ce genre d’endroit. Ces îles, contrairement à Corfou, possèdent peu de musés et de vestiges archéologiques, on y vient plus pour profiter des plages, de la douceur de vivre et des petites stations balnéaires à l’ambiance plutôt familiale, des restaurants les pieds dans l’eau…
Pour nos premières navigations, nous avons commencé par Lefkada, l’île sur laquelle nous avons loué notre maison. Lefkada est la quatrième des Iles Ioniennes par sa taille. Elle est montagneuse, son sommet culmine à 1 000 mètres, et elle est plantée de centaines d’oliveraies, de vignes et de cyprès. Cette île dispose, au nord, d’une grande marina d’une capacité de plus de 600 bateaux, toute récente, située à l’entrée de la capitale. Cette marina est bien pratique si l’on à besoin d’effectuer des réparations sur le bateau pendant le séjour. Dès que l’on quitte la ville principale, c’est une ambiance rurale qui prédomine, mais aussi balnéaire, avec deux stations principales, Nydri sur la côte Est et Vassiliki au sud, avec son immense baie assez ventée, très prisée des windsurfeurs. Les rivages de Lefkada se composent de deux parties assez distinctes. A l’ouest, la partie la plus exposée aux vents, c’est là que se trouvent les grandes plages de l’île, d’ailleurs parmi les plus belles d’Europe selon le magazine Géo, ce qui leur vaut d’être très fréquentées par les bateaux de touristes. Pour y faire une halte, l’idéal est de partir tôt le matin. Plus tard, le vent se lève et les mouillages deviennent vite très inconfortables. En début d’après-midi, quand la houle se creuse avec le vent, on rentre vers la partie abritée avec les vagues dans le dos, ce qui assure un retour confortable pour toute la famille, et permet de profiter des criques abritées pour finir la journée. La partie Est se trouve dans la zone abritée des vents, elle est très variée et facilement accessible à toute heure de la journée. Au nord de cette endroit, se trouve l’immense baie de Nydri, « la » station balnéaire de Lefkada, ou vous pourrez trouver toute sortes de loisirs : location de bateau, de bouées tractées, parachute ascensionnel, bars animés, etc. Mais, si l’on préfère le calme, il suffit de naviguer quelques milles pour trouver des petites criques désertes aux eaux transparentes. C’est aussi le point de départ idéal si l’on veut faire le tour de l’Ile de Skorpios, ancienne propriété privée des Onassis, appartenant aujourd’hui à un milliardaire russe. Il est interdit d’y débarquer, mais il y a quelques beaux mouillages où pique-niquer à bord du bateau. C’est aussi près de cette île que nous avons eu la chance de naviguer pendant plus d’une heure, escortés par quelques dauphins. L’un de nos enfants a même réussi à les approcher un peu en snorkeling.
De bons spots pour les randonneurs et vététistes
Lors de nos sorties VTT, pour échapper à la chaleur nous étions obligés de partir très tôt le matin, et nous avons vu régulièrement, depuis les chemins de montagne, des groupes de dauphins nageant le long des côtes. Pour les adeptes des navigations matinales, il existe assurément de belles rencontres à faire ! Juste en face de la côte Est de Lefkada, à environ 5 milles, se trouve l’Ile de Meganissi.
Habitée par environ un millier de personnes sur 20 km2, on y découvre deux ports très sympas, dans lesquels nous avons toujours trouvé de la place pour accoster Froudenn : Vathy, le principal, et Spartohori le secondaire. C’est un plaisir d’accoster au pied des tavernes qui sont directement accessibles depuis le bateau. On passe ainsi la matinée à nager dans une crique déserte et le midi on se régale de vin blanc frais et de poulpe grillé en regardant le bateau amarré juste en face de nous. Un vrai paradis méditerranéen !
Au nord de cette île aux rivages très découpés, on découvre une zone de navigation assez incroyable… Vus du ciel, les rivages forment une espèce d’immense corail en forme d’étoile, où l’on peut découvrir des centaines de mouillages tous complètement abrités, très calmes, baignés d’eau cristalline. Un mois entier de vacances ne suffirait pas pour les explorer tous ! C’est aussi un bon endroit pour le snorkeling et pour apercevoir quelques très beaux yachts italiens et grecs au mouillage. En repartant de l’île, on peut visiter la grotte de Papanikoli, d’une longueur de 30 mètres, abritant une petite plage à l’intérieur. On la visite facilement avec le bateau, mais plutôt le matin quand la mer est d’huile. Selon la légende, elle aurait servi de cachette pour les sous-marins pendant la seconde guerre mondiale. Pour les plus sportifs, l’intérieur de l’île est très préservé et plutôt rural. C’est un bon spot pour les randonneurs et les vététistes.
En poussant encore un peu plus à l’est de Meganissi, on parvient sur deux îles totalement préservées, Kalamos et Kastos. On y trouve de petits ports aux ruelles pittoresques et les quelques caïques qui reposent ici contribuent à une vision de la Grèce traditionnelle. Kastos, qui ne compte qu’une cinquantaine d’habitants permanents, est composée de collines basses et de champs d’oliviers, les mouillages sont sûrs et, si vous avez de la chance, vous pourrez même y apercevoir des phoques de Méditerranée (nous n’avons pas eu cette opportunité) ! Il faut absolument se garder une ou deux journées pour visiter ces deux îles restées authentiques.
Villages de pêcheurs et tavernes accueillantes
Au sud de cet archipel, se trouve Ithaque, la patrie perdue d’Ulysse, où son épouse Pénélope attendit patiemment son retour. Ithaque regorge elle aussi de petites criques sauvages, certaines abritant de beaux villages de pécheurs aussi discrets que les quelques petites plages de galets. A l’intérieur de l’île, pour les marcheurs courageux, on trouve des dizaines de monastères et d’églises byzantines à visiter, avec, pour certaines, des vues spectaculaires sur la mer ionienne. L’arrivée sur Vathy, le port principal de l’île, vaut à lui seul le voyage. On s’enfonce entre deux collines d’oliviers avant d’arriver sur une baie magnifique, au fond de laquelle se cache le port. On éprouve comme l’impression d’arriver dans un ancien repaire de pirates. Entre ces îles principales, on a aussi la possibilité de pique-niquer ou de faire de belles excursions avec masque et tuba, sur quelques îlots déserts. C’est idéal pour les journées où les enfants on moins envie de naviguer.
Vous l’aurez compris, cette région nous a franchement emballés ! Bien protégée, elle est idéale pour nos semi-rigides qui peuvent naviguer tous les jours, et ce, quelle que soit la force ou la direction du vent. Chaque jour, on peut visiter selon l’humeur du jour, soit une île, soit un village de pêcheur, soit partir à la plage ou se poser dans l’une des nombreuses tavernes. Les îliens sont particulièrement accueillants, toujours gentils et prêts à rendre service. Les adeptes de kitesurf, windsurf, randonnée ou VTT y trouveront aussi une multitude de terrains aussi riches que variés. La fréquentation, très raisonnable, même en pleine saison estivale rend les navigations agréables et paisibles et, même nombreux comme nous l’étions, nous avons toujours été reçus avec le sourire par les restaurateurs. Les Iles Ioniennes sont réputées pour leur douceur de vivre et les habitants pour leur amabilité, ce que nous avons pu effectivement vérifier chaque jour. Et pour ne rien gâter, les différentes tavernes que nous avons pu fréquenter offrent toutes une cuisine de qualité, avec des produits frais et pour des prix tout à fait raisonnables.
Nous y sommes restés trois semaines, et en naviguant pratiquement tous les jours, avons à peine visité la moitié de l’archipel. Ithaque et sa voisine Cephalonia pourraient à elles seules occuper les trois semaines de vacances, alors que nous n’avons pu y passer que deux journées… Bref, nous avons déjà réservé pour l’année prochaine !
Le vent dominant à cette période de l’année est orienté ouest / nord-ouest. Sauf coup de vent annoncé, il se lève tous les jours à partir de 14h00, pour complètement retomber à partir de 18h00. Il faut en tenir compte si on veut caboter sur la côte ouest de Lefkada.
Conditions de mer
Les îles abritent du vent de façon très efficace, donc on croise peu de houle. Entre Lefkada et Ithaque les vagues peuvent grossir un peu, quand le vent se lève dans l’après midi, mais les plus hautes que nous ayons vues ne dépassaient pas un mètre, et retombent vite en fin d’après midi. La température de la mer varie entre 26 et 28°.
En règle générale, il y a toujours de la place dans les ports pour accoster le long d’un quai, et le soir nous laissions Froudenn au mouillage dans la baie de Sivota, complètement abritée des vents. Il faut prévoir une annexe ou un maillot de bain pour rejoindre le quai.
Divers
Pour la mise à l’eau, la cale de Sivota est parfaite, large et bien abritée, par contre prévoir les manœuvres le matin tôt ou le soir tard, car à partir de 10h00 le parking se remplit pas mal et la circulation devient vite compliquée.
Pour faire le plein d’essence, il suffit d’aller à la station-service à la sortie de Sivota et de leur demander de venir jusqu’au port avec leur petit camion, étudié exprès pour ça, et chose assez rare en Grèce, on peut payer avec la carte bleue.
Nous avions réservé notre maison sur le site www.villathalassa.com. Le site répertorie une petite dizaine de villas dans le coin, toutes récentes et parfaitement entretenues.
C’est Jérôme qui s’occupe de toute l’intendance, il est français, ce qui est très pratique quand on cherche quelque chose sur l’île. Il est installé là bas depuis plusieurs années et est capable de trouver à peu près tout ce dont on peut avoir besoin, bonnes adresses ou sports nautiques. Vous pouvez aussi consulter le site lefkada-travel.com
Pour les réservations de ferry, nous sommes passés par l’agence Mer et Voyage, à Paris, qui nous à réserver les billets pour le trajet entre Ancône et Igouménitsa (superfast.com).
Avant de prendre le ferry, si vous arrivez à Ancône dans la soirée, il y a un hôtel très sympa et proche du port, ou l’on peut garer facilement la remorque et dont le parking est surveillé, c’est le Pineta Hôtel, à Ancône même. www.pinetahotel.net
Pour les marcheurs et cyclistes, il existe des cartes type IGN pour Lefkada et Ithaque. On peut les acheter sur le site www.anavasi.gr
Concernant les documents nautiques, nous avions juste la carte électronique, ça n’est pas une zone très compliquée et les fonds sont parfaitement clairs.
Pas de changement sur « Froudenn » : le Suzuki 250 ch totalise aujourd’hui 400 heures et notre Sillinger 765 attaque sa sixième saison. Il est comme neuf et toujours parfaitement entretenu par Arnaud, de Bleu Rivage, à la Trinité-sur-Mer.
Lors de ce voyage, nous aurons parcouru environ 500 milles en trois semaines, avec une consommation moyenne de 15 litres à l’heure.